Avec le rachat de Bull, Atos reste dans la course face à Capgemini

Avec le rachat de Bull, Atos reste dans la course face à Capgemini Suite à l'annonce de la fusion Sopra-Steria, la SSII dirigée par Thierry Breton se devait de réagir. C'est chose faite. Elle en profite pour se poser en leader européen du cloud.

L'OPA amicale d'Atos sur Bull, annoncée lundi matin, est une nouvelle étape dans le processus de consolidation du marché français du service informatique. Le nouvel ensemble représente un chiffre d'affaires cumulé de 9,9 milliards d'euros, dont 1,3 milliard provenant de Bull. L'opération permet sur le papier à l'effectif d'Atos de progresser de plus de 9 000 collaborateurs, pour atteindre 85 500 salariés dans plus de 50 pays.

Atos à la lutte contre Capgemini, et contre Steria-Sopra en France

Ce mariage rapproche Atos de son grand concurrent Capgemini (toujours première SSII française). Le groupe dirigé par Paul Hermelin a enregistré un chiffre d'affaires de 10,1 milliards d'euros en 2013. Le 7 mai 2014, il a aussi conclu l'acquisition d'Euriware, filiale informatique d'Areva. Une opération qui lui permettra d'enrichir encore son chiffre d'affaires de 300 millions d'euros... Atos se devait par conséquent de répondre rapidement pour ne pas se retrouver hors course.

Atos fait jeu égal avec l'américain CSC

La fusion de Sopra et Steria annoncée fin avril, pour l'heure en bonne voie de se réaliser, n'est sans doute pas non plus complètement étrangère à la décision de Thierry Breton. Car ce nouveau groupe représente lui aussi un danger pour Atos, tout du moins sur le marché français. Les chiffres d'affaires cumulés de Sopra et Steria, dans l'Hexagone, flirtent en effet avec celui d'Atos... et la barre symbolique des 1,5 milliard d'euros (cf. le classement ci-dessous, et notre article, publié avec notre partenaire Xerfi : Le Top 20 des Entreprises de services du numérique en France). D'ailleurs, Atos avait cherché à faire capoter le projet par une contre-offre d'achat faite à Steria - offre qui a depuis été rejetée.

 

Commencer à faire jeu égal avec certains géants américains

Reste qu'Atos, comme Capgemini d'ailleurs, demeurent encore en deçà des niveaux d'activité affichés par les géants américains des services IT. Sans parler d'IBM, qui totalise 56 milliards de dollars en prestations en 2013, CGI a enregistré un chiffre d'affaires de 18,7 milliards de dollars l'année dernière. Grâce à l'acquisition de Bull, Atos passe néanmoins devant CSC (et ses 13,2 milliards de dollars, ou 9,6 milliards d'euros)

Classement Xerfi des Entreprises de services du numérique en France

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Classement issu du dernier Top 20 de Xerfi des Entreprises de services du numérique en France, sur la base des chiffres d'affaires de 2012. © Xerfi

A l'occasion d'une conférence de presse extraordinaire, le 26 mai dernier, le PDG d'Atos a mis en avant la force du nouvel ensemble. La cybersécurité a été largement évoquée, avec une équipe consolidée qui atteint 2000 experts (pour un chiffre d'affaires multiplié par deux, de 290 millions d'euros). Mais aussi et surtout le Big Data. Un domaine dans lequel Atos souhaite combiner ses offres de prestation, sur le terrain de l'intégration et de la data science, avec les solutions d'infrastructure de traitement de Bull, notamment autour des supercalculateurs (HPC). Là, le chiffre d'affaires global du nouveau groupe atteindrait 200 millions d'euros.

Se positionner en leader européen du cloud... derrière AWS

Mais ce n'est pas tout. Car en matière de cloud, Atos entend taper un grand coup. Il compte se poser désormais en numéro 2 européen des opérations de cloud computing, juste derrière Amazon Web Services. Pour étayer son argumentation, Atos fait référence à la dernière étude d'IDC sur le segment européen du cloud (Top 10 European Cloud Professional Services Vendor). Objectif : bien monter que le nouvel ensemble se hisse bien à la deuxième place sur ce marché, et passe devant IBM et même Microsoft en Europe.

Atos reprend les 20% de la participation de Bull dans Numergy

Les arguments sont là : Bull apporte à Atos les data centers issus du rachat d'Agarik, situés en Ile-de-France, à Grenoble et dans l'agglomération d'Angers. En 2013, Bull a aussi inauguré un centre de données de toute dernière génération, de 1600 mètres carrés sur son site de Clayes-sous-Bois (78). Au total, ses data centers totalisent 12 000 mètres carrés d'espace informatique utile, avec à la clé une offre d'hébergement et d'infogérance de cloud privé. A cela s'ajoute pour Atos la reprise de la participation de 20% de Bull dans le cloud souverain Numergy, créé en lien avec SFR (qui dispose de 47% du capital) et la Caisse des dépôts et consignations (33 %).

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Graphique issu de la présentation d'Atos projetée lors de la conférence de presse sur le rachat de Bull lundi 26 mai. © Capture JDN