La blockchain va-t-elle transformer les fonctions support au-delà de l’automatisation ?

La chaîne de bloc transforme la manière dont les données sont qualifiées, vérifiées, sécurisées, échangées et stockées. Cependant, les spécificités et la jeunesse de cette technologie sont à analyser avant de se jeter dans l’aventure.

Ce n’est pas un secret : l’impact mondial de la blockchain sera majeur au cours des 5 à 10 prochaines années. Doté d’une architecture qui tolère les acteurs malveillants sans pour autant compromettre la sécurité de l’ensemble, qui permet un certain niveau de résilience et le développement des smart contracts, la blockchain porte une promesse de nouveaux types d’interactions avec les données, ouvrant la porte à des innovations dans des secteurs jusque-là handicapés par des contraintes technologiques difficilement surmontables.

L’écosystème de la blockchain : l’EcoStack

Le niveau 1 de la blockchain est désormais bien connu : il s’agit principalement de l’utilisation de nœuds distribués pour la validation de transactions via leur enregistrement et un chiffrement des échanges et des données. Bitcoin a popularisé le niveau 2, à savoir la mise en place d’une technologie blockchain comme cryptomonnaie. Le niveau 3 a d’ores et déjà commencé à se structurer : il se situe au niveau des applications. Les cryptomonnaies sont bien connues mais les applications liées à la gestion des smart contrats, de la propriété intellectuelle, ou encore à la transparence de la chaîne logistique n’en sont qu’à leur tendre enfance…

Une décennie d’évolutions

Ces deux dernières années, les technologies blockchain ont en effet servi de système "back end” et les applications ont été conçues sur la base de modèles de données. Nous entrons désormais dans l’ère des systèmes de données fiables. Les processus qui vont être créés intégreront nativement les blockchains en tant que plateforme technologique commune. Les nouveaux systèmes fourniront ainsi une traçabilité des services au travers d’un mode distribué et sans autorité de contrôle. Ils hébergeront du contenu destiné à des écosystèmes précis (fournisseurs de service, partenaires etc). Ils garantiront la qualité et la non-compromission des codes sources des logiciels, renforçant ainsi la sécurité informatique de l’ensemble de la plateforme et des acteurs qui l’utilisent.

L’étape suivante devrait être cruciale. Certaines plateformes métiers quitteront le giron des entreprises où elles résidaient jusque-là pour prendre une nouvelle forme. Elles seront alors décentralisées et conçues pour alimenter des systèmes de grande ampleur à destination du grand public ou des professionnels.

Tandis que la blockchain occupera une place de plus en plus critique pour l’activité des entreprises en matière de gestion des données, la distribution des données applicatives éliminera les risques de pertes ou de détournement de données, grâce aux principes technologiques de la blockchain (Merkle Tree, cryptographie).

L’impact sur les métiers des fonctions support

  • Dans le secteur de la finance et de la comptabilité, les données peuvent maintenant être extraites des systèmes ERP et chargées dans des applications de blockchain spécialisées et personnalisées qui sont superposées aux anciens ERP. Elles créent une plateforme d’un type nouveau et évitent de passer des années à mettre à niveau ou à remplacer leur ERP existant. De plus, cette utilisation émergente de la technologie de la blockchain - en mode PaaS ou iPaaS - est à l'origine de nouveaux business models, de cas d'usages innovants et confère un avantage concurrentiel structurant, puisqu’elle permet aux entreprises de se libérer des contraintes des ERP traditionnels.
  • En ce qui concerne la RPA (automatisation robotique des processus), les transactions vérifiées au sein de la blockchain évitent le recours à des résolutions de réconciliations complexes et chronophages. Ainsi le processus de clôture financière peut être réduit de quelques jours habituellement à seulement quelques heures.
  • Dans le domaine de la gestion des ressources humaines, les avantages de la blockchain sont nombreux. Elle permet ainsi un accès sécurisé aux données de carrière (embauche, bilans de carrière), un suivi du temps efficace, notamment dans les organisations internationales distribuées. Elle permet par ailleurs de tracer et de vérifier les compétences et les certifications des équipes. Elle simplifie le paiement des salaires, notamment dans les contextes d’expatriation ou de détachement. Elle offre également une méthode d’amélioration pour le règlement des taxes d’expatriation lors des déménagements à l’international. Enfin, elle permet d’optimiser la gestion des frais de déplacement et des dépenses dans des environnements internationaux grâce à des smart contracts qui automatisent les processus d’approbation.

Faut-il pour autant se précipiter vers la blockchain ?

Au-delà de ces promesses et du débat médiatique, il faut cependant prendre un peu de recul et se demander si la blockchain se prête à tous besoins de votre entreprise. La réponse est clairement non.

Le seul fait de travailler avec une base de données ne justifie pas d’investir dans une démarche blockchain. Encore faut-il que de nombreuses personnes doivent y accéder et la renseigner, que ces personnes ne soient pas liées par un lien de confiance et qu’elles n’aient pas recours à un tiers de confiance externe et centralisé. Si toutes ces conditions sont réunies, alors, oui, la blockchain est une technologie susceptible de vous rendre de grands services.