Matrice Lecko 2020 : 35 applications collaboratives à la loupe

Matrice Lecko 2020 : 35 applications collaboratives à la loupe Le cabinet de conseil français publie son traditionnel benchmark annuel des usages digitaux et des solutions collaboratives d'entreprise. Le point sur les grandes tendances.

A l'occasion de la 12e édition de son étude sur la transformation digitale ("Etat de l'art de la transformation interne des organisation"), Lecko passe au crible comme chaque année plus d'une trentaine d'applications de travail collaboratif : des outils de communication transverse et réseaux sociaux d'entreprise aux suites de productivité en passant par les solutions d'orchestration des processus métier. Le cabinet de conseils parisien regroupe les produits analysés au sein d'une matrice de synthèse (voir ci-dessous). Une infographie qu'il avait inaugurée pour la première fois dans son benchmark en 2019. Principale différence cette année : Lecko a limité les solutions présentes dans sa matrice à celles qu'il a analysées en 2019.

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Au centre du cercle figurent les applications les plus généralistes, et à la périphérie les plus spécialisées. © Lecko

En tête des offres les plus populaires référencées trônent évidemment comme l'année précédente les suites de productivité G Suite et Office 365. "A la différence de la première, la seconde s'articule à la fois autour du cloud et de la bureautique traditionnelle. Un choix hybride assumé permettant de travailler en mode logiciel ou web, au choix, tout en ayant la possibilité dans les deux cas de stocker les fichiers en ligne", rappelle l'étude.

LumApps, roi des intranets sociaux

Sur le front des intranets sociaux, Lecko salut les performances de LumApps. L'éditeur français qui vient de lever 70 millions de dollars est classé par le cabinet parmi les leaders à la fois dans les catégories "Communication interne", "Gestion des connaissances", "Pouvoir transformant" et "Productivité". Sa principale valeur ajoutée : proposer une digital workplace, articulée autour d'espaces communautaires, collaboratifs et de gestion de contenus, s'adossant à Office 365 et G Suite. "Dans le cas d'Office 365, LumApps va jusqu'à remonter des informations de toutes les briques de la suite (Teams, Yammer, OneDrive, Outlook, etc.) et les rassembler dans un environnement fluide et facile à prendre en main, favorisant ainsi le travail en équipe", analyse Lecko.

Au chapitre des réseaux sociaux d'entreprise, Workplace by Facebook se démarque. "Workplace reste la meilleure solution de media social interne pour connecter tous les collaborateurs d'une organisation. Sur ce plan, il tient désormais toutes ses promesses, jusqu'à l'embarquement des salariés sans poste de travail", commente Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko (lire le retour d'expérience : Dans Facebook Workplace, il y a tout Danone). Désormais taillée pour intégrer des applications tierces, la plateforme de Facebook se décale légèrement vers le centre de l'infographie et les plateformes transversales plus ouvertes et plus généralistes.

Slack se défend face à Teams

Autres évolutions de la matrice Lecko, Slack glisse d'une année sur l'autre de la zone ocre-rouge regroupant les applications de productivité à la zone verte des orchestrateurs de processus. "Au-delà d'un environnement de productivité avec une bonne qualité d'usage, Slack devient un hub d'applications", argue-t-on chez Lecko. La messagerie compte désormais 1800 logiciels ou bots dans sa galerie et pas moins de 500 000 programmes développés maison par ses clients. Des briques avec lesquelles les utilisateurs peuvent interagir directement depuis leurs canaux conversationnels, y compris sous forme de workflows (lire l'article Octobre 2019, Slack devient vraiment une plateforme d'applications). Fort de cet outillage, Slack peaufine ses passerelles avec Trello ou G Docs.  Au jeu de l'intégration, il distance Microsoft qui ne propose pas de connexions aussi efficaces avec ses propres solutions Planer et Word.

"En accélérant les échanges transverses dans une logique d'écosystème logiciel, Slack accompagne les équipes métier dans la mise en œuvre des méthodes agiles", insiste Arnaud Rayrole.

"Toute la problématique de Microsoft est d'accompagner ses clients vers plus d'agilité tout en ne les décevant pas"

Face à Slack, Teams n'est pas en reste. En trois ans, la messagerie collaborative de Microsoft s'est hissée à 20 millions d'utilisateurs actifs quotidiens quand Slack en revendique 12 millions au dernier pointage. Teams doit notamment sa réussite à ses tarifs, nettement moins élevés que ceux de son compétiteur. Son abonnement d'entrée de gamme qui n'est autre qu'Office 365 Business Essentials (et qui donne également accès à Outlook, Word, Excel…) s'élève à 4,20 euros HT par utilisateur et par mois. Contre 6,25 euros HT par utilisateur et par mois pour la version standard de Slack. A l'instar de ce dernier, Microsoft propose lui-aussi une déclinaison gratuite de Teams pour capter des prospects. Mais à la différence de la version freemium de son concurrent, elle n'est pas limitée en termes de messages. Autre levier de croissance pour Microsoft, l'intégration de Skype for Business à Teams, finalisée en 2019, a contribué mécaniquement à accélérer la migration des utilisateurs d'Office 365 vers son application de team messaging.

Par ailleurs, Teams offrait depuis presque un an déjà la possibilité de stocker les données de ses utilisateurs en France. Un dispositif que Slack propose seulement depuis quelques jours.

"Toute la problématique de Microsoft est de capitaliser sur Teams pour accompagner ses clients vers plus d'agilité tout en ne les décevant pas", estime Arnaud Rayrole. Une équation délicate qui conduit courant 2019 le groupe américain à introduire dans sa messagerie la possibilité de modérer des canaux et de créer des canaux privés, des fonctions que demandaient ses utilisateurs… or, ces espaces cloisonnés et potentiellement modérés ne favorisent évidemment pas la communication ouverte et spontanée prônée par les démarches agiles. De même, Teams permet désormais de créer des groupes allant jusqu'à 5000 utilisateurs. "Il est fortement déconseillé d'aller jusqu'à cette limite hormis pour certains cas d'usage spécifiques. La collaboration en cercles de confiance dans Teams, dans le cadre d'une logique agile, aura du mal à être opérée au-delà de 20 utilisateurs dans un groupe", souligne Arnaud Rayrole.

Eviter la réunionité et le chaos documentaire

Qu'en est-il de la réalité de ces technologies digitales sur le terrain ? Pour répondre à cette question, Lecko a mené en partenariat avec YouGov une étude auprès de 1000 collaborateurs d'entreprises de plus de 5000 employés basées en France. Résultat : l'adoption reste timide. Seuls 5% des salariés et 15% des managers ont régulièrement recours aux nouveaux outils de collaboration type messagerie d'équipe ou réseau social d'entreprise. Pire, 31% des personnes consultées n'ont tout simplement jamais eu recours à ces solutions. "Mais la culture numérique commence à imprégner les organisations", pondère Arnaud Rayrole. "91% des répondants se sentent à l'aise avec le digital. 76% affirme qu'il facilite la recherche d'informations, 70% la coordination d'activités, 62% le travail en mobilité, et 55% les réunions." Des chiffres qui tendent à prouver que la fracture générationnelle qui caractérisait jusqu'ici les usages numériques en entreprise semble bel et bien révolue.

Le directeur général de Lecko met néanmoins en garde face au risque de chao organisationnel que peuvent engendrer les solutions digitales si elles sont mal mises en œuvre. "Compte tenu de leur facilité d'utilisation, ces applications incitent à multiplier les réunions à distance au point de saturer les agendas, et entasser les versions de fichiers et dossiers partagés jusqu'à masquer les informations de référence par des copies concurrentes", prévient Arnaud Rayrole. Et de même dans les messageries d'équipe. Trop d'équipes, trop de canaux conduira tôt ou tard à ne plus savoir dans lequel contribuer ou lequel suivre.

Synthèse des positionnements analysés
Transversalité "Dans la lignée de 2019, 2020 marque une raréfaction progressive des acteurs spécialisés sur ce sujet. Afin de proposer des usages plus clairs et des résultats plus directs, les DSI et les métiers cherchent surtout des outils de productivité. Les surcouches aux suites de productivité que sont Office 365 et G Suite permettent quant à elles de développer cet axe tout en s'appuyant sur des outils modernisés."
Productivité "Dans la lignée de 2019, 2020 marque une raréfaction progressive des acteurs spécialisés sur ce sujet. Afin de proposer des usages plus clairs et des résultats plus directs, les DSI et les métiers cherchent surtout des outils de productivité. Les surcouches aux suites de productivité que sont Office 365 et G Suite permettent quant à elles de développer cet axe tout en s'appuyant sur des outils modernisés."
Processus "La transformation des processus métier est un domaine ardu qui cible des populations prêtes à se transformer en profondeur. Ainsi, les acteurs de ce segment peinent à se spécialiser vraiment. Le marché est tiré par les ChatOps (Slack, Teams) qui intègrent de nombreuses applications métier"