Cybersécurité : la carte n'est plus le territoire
Et si le Service National Universel était un lieu d'éducation des populations pour contrer les cyberattaques ? Dans cette période de télétravail généralisé, nous avons besoin de gagner en maturité pour protéger notre territoire numérique.
Alors que l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information publie un nouveau guide sur les bonnes pratiques en termes de cyber sécurité, rappelons que le télétravail a vu augmenter un nombre considérable de failles de sécurité et de cyberattaques ces derniers mois en Europe et dans le monde. La question de la cybersécurité est un problème encore sous-estimé.
Le préjudice est important : violation de données, destruction de système d’information, ralentissement de l’activité. Pour la première fois en septembre dernier, un ransomware a provoqué indirectement le décès d’une patiente dans un hôpital. Bien que les hackers aient stoppé leur attaque lorsqu’ils ont compris que l’hôpital universitaire de Düsseldorf était touché, ce dernier a été dans l’incapacité de sauver cette femme à cause de cette cyberattaque.
C’est symbolique, certes, mais la frontière entre la vie réelle et la vie numérique disparait sous l’influence de l’informatisation du monde.
Dans la cybersécurité, comme dans la vraie vie, il existe plusieurs types de délinquances : du petit hacker du coin de la rue qui vous vole votre numéro de carte bancaire aux réseaux en bande organisée qui influencent l’opinion publique, des délinquants de droits communs aux organisations de grande ampleur. À chaque type d’attaque et de délinquant, nous devons apporter une réponse adaptée.
En France, ou en Europe, nous admettons tous que nous vivons dans une relative sécurité physique. Nos frontières sont définies, les règles admises, les polices coordonnées. Notre arsenal juridique est connu de tous et il ne viendra à personne l’idée de prendre des risques démesurés pour sa sécurité.
Gagner en maturité numérique
Dans le meilleur des mondes numériques, le paradigme change : les entreprises sont plus puissantes que les états et nous sommes pilotés par la simplicité d’usage et le désir marketing. Nous ne possédons aucun référentiel commun, la gestion de nos mails, de nos déchets numériques et le nombre d’arnaques à la carte bleue en sont une preuve manifeste. Nous pouvons chaque jour constater une très grande immaturité sur les usages.
Nous avons donc besoin de comprendre ces nouvelles règles sur ce territoire étendu, sans limites. Comme nous éduquons les citoyens à la vie en société, il nous faut éduquer à la vie numérique. Cette instruction existe déjà l’école, parfois au sein du cercle familial. Au sein des entreprises, c’est également le cas, progressivement. Cependant cette formation est très lente alors que le problème est urgent.
Puisque les attaques informatiques et les pirates qui en sont à l’origine mènent une guerre à notre encontre, prenons le problème à bras le corps et augmentons significativement notre maturité numérique. Formons chaque tranche d’âge aux bonnes pratiques. Le Service National Universel pourrait être cet espace unique pour éduquer nos compatriotes à cette guerre. A l’image de la question écologique, la sécurité informatique est aujourd’hui l’affaire de tous et nécessite une prise de conscience individuelle.