Les solutions de green IT endiguent la pollution informatique

A l'ère du numérique, la surconsommation des technologies entraîne une pollution numérique, alors que leurs détenteurs pourraient tirer parti d'alternatives moins néfastes pour l'environnement.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un nouveau rapport intitulé Changements climatiques 2021 : les éléments scientifiques. Ce dernier fournit les connaissances les plus avancées sur la science du climat et vient confirmer l’influence de l’Homme sur le climat. La technologie peut s’avérer très polluante… Il serait alors nécessaire que les utilisateurs d’infrastructure informatique se penchent sur les avantages de la maintenance, du recyclage et du reconditionnement de leur matériel. A l’ère du numérique, la surconsommation de ces technologies entraîne une lourde pollution numérique, alors que leurs détenteurs pourraient tirer parti d’autres alternatives moins néfastes pour l’environnement et tout aussi efficaces et fonctionnelles.

Etat des lieux de la pollution numérique

Tout d’abord, il convient de faire un état des lieux de la pollution numérique. Les datacenters et infrastructures informatiques professionnelles sont très gourmands en énergie et entraînent une pollution numérique considérable, dont les volumes vont augmenter exponentiellement en parallèle à leur utilisation. Les datacenters doivent être constamment alimentés en électricité : pour fonctionner tout d’abord, mais également pour être refroidis. Ainsi, l’empreinte carbone du numérique est majoritairement liée aux terminaux, qui pèsent pour 79% de l’empreinte, suivis par les centres de données (plus de 16%) puis les réseaux (autour de 5%).

La consommation du secteur du numérique entraîne des conséquences : en 2020, le domaine des TIC était responsable de 3 à 4% des émissions mondiales de CO2 et consommait jusqu'à 9% de l'électricité totale dans le monde. De nombreux acteurs, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé, utilisent désormais cette technologie tant le volume des données des individus et des organisations augmente. Les technologies concernées sont celles du cloud, de l’Internet des objets (IoT), du big data, de l’e-commerce, ou encore des plateformes sociales.

Ainsi, une estimation réalisée montre que près des ¾ des utilisateurs de datacenters cherchent des moyens de réduire les coûts d’exploitation de leurs centres de données sans avoir à subir une perte de qualité des opérations informatiques. De plus, la data economy est très coûteuse et son entretien nécessite une expertise de pointe, pour l’instant rare : 53% des entreprises déclarent ne pas disposer de celle requise pour la mise en œuvre de l'informatique durable.

Quid des solutions green IT ?

Si les datacenters sont désormais de nouvelles sources de pollution massive, il n’en demeure pas moins que des solutions dites de green IT existent. La maintenance opérée par une tierce partie (third-party maintenance ou TPM) est un bon moyen de réparer son matériel, et d’allonger au maximum sa durée de vie, d’autant plus que son coût est jusqu'à 70% inférieur à celui du fabricant de l'équipement d'origine. Cette option est une telle source d’espoir que l’association des centres de données à des fournisseurs de TPM permet de réaliser des efforts considérables contribuant à la neutralité carbone dans une perspective à moyen-long terme. D’autres solutions existent comme l’utilisation de matériel reconditionné et le recyclage des pièces et matières premières réutilisables. Ces innovations permettent de s’aligner sur les objectifs de la COP26, qui a posé des bases simples sur l'économie du recyclage selon les trois R : réparer, réutiliser, recycler. Il est de ce fait regrettable de faire le constat que 89% des organisations recyclent moins de 10% de leur équipements (IT hardware). Il est également pertinent d’évoquer que, la plupart du temps, les serveurs ne sont utilisés qu’à seulement 10% ou 20% de leurs capacités, d’où l’intérêt de massifier le recours à des solutions de green IT de recyclage informatique parmi les professionnels.

Or, comment expliquer qu’elles ne soient pas massivement utilisées ? Les professionnels peuvent en effet avoir des réticences à utiliser du reconditionné. Il faut contrer les idées reçues : le matériel est remis à neuf et efficace. Pourtant, les acteurs étatiques se mobilisent : la législation sur le green IT émerge dans le droit international et régional. Au niveau européen, on peut citer le Right to Repair et la gestion des Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DEEE ou D3E). Cette volonté de légiférer et de réglementer témoigne d’un réel intérêt pour la data et suggère sa pérennisation, d’où l’intérêt de la recycler et de la préserver ! Les entreprises aussi se mobilisent et devront de plus en plus intégrer à l’avenir les coûts et conséquences de la data qu’elles utilisent. Ces préoccupations tendent à prendre une place importante dans la RSE du secteur privé.

Comme cela a pu être constaté précédemment, les industries de composants informatiques font face à des pénuries aggravées par la crise sanitaire. Les puces et semi-conducteurs ont été victimes de leur succès et de nombreux secteurs, comme l’automobile par exemple, ont dû retarder leur production au niveau mondial. A ces désagréments doit être rajoutée la flambée durable des prix (composants, acier, terres rares et minerais etc.), résultat de l’inflation provoquée par l’excès de la demande sur l’offre et nos dépendances aux pays producteurs. De plus, il faut aussi noter que la phase de fabrication des terminaux est la principale source d’impact environnemental du numérique (plus de 75% des GES), suivi de la phase d’utilisation.

Tous ces éléments constituent de bonnes raisons d’allonger la durée de vie des équipements en place, de les réparer, en remplaçant les pièces défectueuses par de la seconde-main, et enfin de recycler ceux qui ne peuvent plus être réparés. Les appareils bénéficieraient d’une durée de vie prolongée au-delà de celle conseillée par le fabricant (la durée de vie utile estimable). Les dépenses évitées peuvent ainsi libérer du budget permettant aux acteurs de faire plus de profit, d’optimiser leurs processus et d’innover. A l’ère de la transformation digitale, il est à évoquer que miser sur l’innovation via la R&D est primordial pour rester compétitif et performant. Tous ces avantages très prometteurs pour l’avenir nous permettent donc de repenser la consommation dans le milieu de l’IT d’une manière plus efficiente et durable.