Entre développeurs et conseils d'administration, un problème de langage ?

Le langage des conseils d'administration est bien différent de celui des développeurs, qui n'ont pas toujours les bonnes habitudes pour faire valoir leurs compétences métiers au CA.

Principaux moteurs de l'économie numérique contemporaine, les applications sont au cœur des expériences qui séduisent, fidélisent, et accompagnent les clients et les employés. Pour les implémenter, les dirigeants essaient inlassablement de recruter les développeurs les plus talentueux. D’après une récente étude, un bond de 38% de ces profils a eu lieu à travers l’Europe entre les premiers trimestres de 2021 et de 2022. Pour déployer des applications de qualité, les profils recherchés sont hautement techniques et spécialisés. Or, les conseils d’administration ne comportent généralement pas de tels profils. Leur langage est bien différent de celui utilisé par les développeurs, qui n’ont pas toujours les bonnes habitudes pour faire valoir leurs compétences métiers au CA.

Malgré ce constat, les entreprises ont plutôt tendance à embaucher des développeurs ayant les compétences techniques requises, quitte à ce que la communication soit moins fluide. Ainsi, dans toute la région EMEA, à peine plus d’un quart (26%) des principales qualifications mentionnées dans les annonces sont des compétences métiers. Pire : la moitié (49%) n’incluent aucune compétence métier dans les 10 principales exigences.

Des lacunes qui risquent de coûter cher

Ces compétences et les connaissances liées sont essentielles pour éveiller l’intérêt des décideurs et proposer des arguments convaincants en faveur des applications. Pourtant, elles figurent rarement parmi les exigences des employeurs : seuls 5% des annonces requièrent des connaissances en finance, 6% des aptitudes en gestion des parties prenantes, et 7% des compétences en gestion de projet.

Résultat : un fossé se creuse entre les profils techniques et les autres, entre équipes métiers et développeurs. Elles sont capables de communiquer leur vision dans les grandes lignes, mais certaines nuances se perdent inévitablement. Les applications développées dans de ce contexte ne sont donc pas en mesure d’exprimer pleinement tout leur potentiel. In fine, elles sont susceptibles de ne pas répondre précisément aux besoins des utilisateurs, de ne pas susciter leur engagement, de ne pas être déployées suffisamment vite, ou de ne pas offrir l’expérience nécessaire pour capitaliser sur de nouvelles opportunités.

Faire de ce décalage une opportunité

Pour transformer ce défi en opportunité, plusieurs conditions doivent être réunies. 
Pour commencer, les entreprises doivent revoir leur recrutement. Il va sans dire que le niveau de compétitivité actuel du marché atteint du jamais vu : dans certaines parties d’Europe, la demande pour certains profils de développeurs a progressé de plus de 300% ! Les employeurs adaptent donc leur proposition, cherchent de nouvelles méthodes de travail, et créent de meilleurs programmes d’avantages sociaux, tout en offrant des salaires plus élevés. Tout cela pour attirer les meilleurs talents.

Mais quel est l’intérêt d’investir autant d’efforts si c’est pour sous-estimer l’importance de certains éléments essentiels ? Les employeurs doivent privilégier les profils capables de satisfaire les attentes de différentes parties prenantes. Ces talents doivent être capables de s’adresser à leurs responsables et aux hauts dirigeants dans le langage auxquels ceux-ci sont habitués.

Les développeurs doivent chercher à rendre leurs profils plus attrayants, et acquérir eux-mêmes les compétences les plus demandées. Bien que le marché leur soit favorable et la demande élevée, leur technicité ne suffit plus : il leur faut des qualifications supplémentaires pour se rendre indispensables à une organisation. En effet, entre un candidat extrêmement qualifié techniquement, et un autre combinant connaissances techniques approfondies et capacité à se faire comprendre des métiers, les entreprises devraient bien entendu toujours choisir le second.

Réussir le tournant du digital

Leurs CA réclamant toujours plus d’applications, le risque pour les entreprises serait d’investir leur temps, leur énergie et leur argent pour recruter des talents disposant d’une solide expérience en matière de développement, mais incapables de les aider à tirer parti de l’économie numérique.

Si les organisations doivent revoir leurs attentes, tous les candidats doivent faire le développement de compétences métiers comme une véritable opportunité, gage de visibilité auprès des dirigeants pour faire valoir leur parole et leurs idées dans les stratégies de modernisation des applications.

La cohésion entre équipes métiers de développement et de production doit être renforcée. Pour pouvoir placer les applications au centre d’une stratégie réellement tournée vers le digital, les entreprises doivent absolument privilégier les développeurs dotés de compétences métiers en plus de leur savoir-faire en programmation.