Quels enjeux pour poursuivre la féminisation des DSI ?

À l'heure de l'accélération de la transition numérique, les entreprises doivent s'engager à proposer des environnements de travail plus inclusifs afin d'attirer plus de femmes dans la sphère de l'IT.

Longtemps associé à une fonction technique au sens strict, le poste de directeur du système d’information (DSI) a été pendant des décennies un repoussoir pour une majorité de femmes en entreprise, du fait de l’absence de figures d’identification et d’un environnement de travail dans l’IT perçu comme insuffisamment inclusif. Une réalité qui est en train de changer avec l’accélération de la transition numérique.

Si les idées reçues ont la peau dure, reste que les perceptions de la fonction de DSI ont évolué à la faveur des dernières années, au profit d’une féminisation progressive des postes de direction dans les métiers du numérique, qui s’avèrent plus progressistes que par le passé. En effet, loin des clichés du geek confiné aux problématiques informatiques, le périmètre des DSI s’est fortement élargi. Il englobe aujourd’hui la transformation digitale et l’innovation, ce qui en fait avant tout un poste de coordination, de pilotage d’équipes et de gestion de projets, essentiel pour l’orchestration de la stratégie de l’entreprise. Qui plus est dans un contexte où les questions de technologies et de conduite du changement sont au cœur des préoccupations des Comex.

À ce titre, l’attractivité de la fonction de DSI s’est considérablement accrue pour les femmes, ingénieures ou non, qui l’occupent désormais dans plusieurs grandes entreprises. Pour autant, de nombreux défis demeurent pour accélérer la parité sur ce poste, notamment en termes de recrutement, développement et fidélisation des talents, qui sont souvent des questions négligées par les entreprises qui s’abstiennent de les appréhender dans leur complexité.

Recruter les bons profils au-delà des sentiers battus

Si le poste de DSI nécessite aujourd’hui des compétences qui dépassent largement la sphère technique, les profils expérimentés pouvant correspondre aux missions restent encore difficiles à trouver. Les exigences en termes de connaissance des besoins transversaux de l’entreprise, de pilotage de projets de grande envergure, de compréhension des logiques d’innovations technologiques et surtout de softs skills (écoute, empathie, esprit d’équipe...) rendent aujourd’hui nécessaire le fait de se tourner le plus souvent vers des candidats issus du conseil en stratégie.

Pour autant, il ne s’agit pas d’un réflexe systématique car les contours du poste et le cahier des charges qui s’y attache varient d’une entreprise à l’autre. L’essentiel est donc de savoir faire preuve d’ouverture, en allant recruter au-delà des métiers et des cursus scientifiques traditionnels. Plus que jamais, le poste de DSI nécessite un profil sur-mesure en fonction des attributions, qui peuvent aller du simple pilotage du système d’information, à la stratégie digitale, voire au e-commerce. Des missions sur lesquelles les arguments du vivier disponible ne tiennent pas pour justifier le recrutement de profils exclusivement masculins.

Des environnements de travail plus inclusifs

Pour accélérer le processus de féminisation, il est également important, au-delà du recrutement, que les organisations évoluent afin de proposer un environnement de travail plus inclusif, en particulier dans les services dédiés au numérique touchés par le phénomène de la grande démission. Cela passe par de nouveaux modèles managériaux, plus horizontaux, fondés sur la responsabilisation, l’autonomie et l’exemplarité des équipes. C’est à cette condition seulement que pourra émerger un vrai sentiment d’équité dans l’accessibilité aux postes à responsabilité, susceptible de fidéliser les collaborateurs et d’accélérer l’émergence d’une nouvelle génération de leaders aux profils et horizons plus diversifiés.

Cet aspect est loin d’être anecdotique à l’heure où seulement 7% de femmes envisagent en début de carrière de s’orienter vers les métiers du numérique et où moins de 20% des postes du secteur sont occupés par des professionnelles. Et ce, alors que plusieurs dizaines de milliers d’offres de ne sont pas pourvues dans le digital chaque année. La faute aux stéréotypes qui persistent, à l’auto-censure qu’ils alimentent, mais également à la rareté des figures référentes auxquelles les femmes peuvent s’identifier au moment où se forgent leurs ambitions. Autant de signaux qui montrent l’importance aujourd’hui d’initier un changement de méthode et de mentalité permettant de favoriser l’attractivité de cette sphère professionnelle auprès du plus grand nombre.