Protéger la propriété intellectuelle dans l'industrie automobile

L'industrie automobile est confrontée à des défis et des changements de toutes parts.

Selon l’étude mondiale dédiée au secteur de KPMG, les constructeurs ont compris les enjeux de l’Industrie 4.0, dont l’Intelligence Artificielle (IA), puisque 60 % des dirigeants s’estiment très ou extrêmement préparés à ces innovations. Aujourd’hui, les équipementiers cherchent à mieux comprendre l’évolution du parcours client vis-à-vis de leurs produits, et recensent les possibilités de croissance rentable grâce à l’intégration de la technologie numérique dans tous les domaines de leur activité.

Cette analyse a conduit le secteur vers une transformation numérique axée sur les données. Toutefois, l’exécution a été difficile parce qu’un changement aussi profond touche chaque aspect de l’industrie automobile ; en recentrant la R&D, en enrichissant l’innovation produit et les expériences digitales, en bouleversant les modèles de partenariat et la vente au détail. 

En 2021, McKinsey a émis des recommandations à l’intention des PDG des industries de pointe, notamment ceux de l’automobile et de l’assemblage, avec pour objectifs de garantir la croissance et la marge de la prochaine génération, de réaliser la transformation des produits ainsi que de remodeler l’organisation et la stratégie pour faire face à la « prochaine normalité ». Le cloud et la transformation numérique figurent à plusieurs reprises parmi les actions stratégiques préconisées, ainsi que d’autres exigeant une attention particulière de la part des équipes IT, notamment en ce qui concerne les fusions et acquisitions, la transformation des empreintes mondiales et des supply chains industrielles.

Toutes ces recommandations font partie, explicitement ou implicitement, de la liste des tâches à accomplir par les DSI, et la protection des données constitue un facteur de réussite essentiel pour tous.  

Une industrie traditionnelle en pleine mutation

D’après nos données, une entreprise manufacturière moyenne (de 500 à 2 000 collaborateurs) utilise 1 522 applications uniques, dont 98 % ne sont pas managées par les équipes IT, un pourcentage plus élevé que la moyenne multisectorielle. De plus, 113 applications distinctes sont utilisées pour télécharger, créer, partager ou stocker des données. Si, au départ, l’industrie automobile avait la réputation d’être réticente à l’égard du cloud en raison de problèmes de sécurité et de protection des données, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, le marché du cloud propre à l’automobile devrait représenter 6 milliards de dollars d’ici 2027, tant le secteur des véhicules définis par logiciel est porteur.

Toutefois, avec l’adoption du cloud, il n’est plus possible de sécuriser efficacement l’activité et les données d’une organisation à l’aide dispositifs installés sur site. Ce faisant, la réalité et la façon dont les individus travaillent, de même que leur localisation et celle des données partagées ne sont pas prises      en compte. La transformation de la sécurité et des réseaux est donc une autre grande réinvention qui s’opère dans le secteur automobile.

Toujours selon McKinsey, le marché mondial de la cybersécurité dans l’industrie automobile devrait augmenter de 21,7 % pour atteindre 10,62 milliards de dollars en 2030. Aussi, un règlement des Nations Unies appelé UNECE WP.29, entré en vigueur en 2022, oblige les constructeurs à mettre en place un système de gestion de la cybersécurité. Les acteurs du secteur automobile ne peuvent donc plus passer à côté de la protection de leurs données.

Le modèle SASE pour protéger les données

Comme pour le reste du remaniement stratégique en cours dans le secteur automobile, la transformation de la sécurité et des réseaux en un modèle SASE (Secure Access Service Edge) présente des avantages considérables. Tout d’abord, lorsque la sécurité est basée sur le cloud et axée sur les données, l’emplacement de ces dernières et les utilisateurs ne sont plus des facteurs limitatifs. Ils peuvent être sécurisés, quel que soit leur emplacement ou leur moyen d’accès, permettant aux entreprises automobiles de tirer profit du travail hybride et de la fluidité géographique.

En outre, grâce à une excellente maîtrise contextuelle des types de données et de leur utilisation, les politiques peuvent être conçues avec une granularité bien supérieure à celle d’une simple autorisation ou d’un simple blocage. Cela signifie que les équipes en charge de la sécurité peuvent autoriser davantage de choses – partenariats, applications de productivité et partage de données en collaboration – sans exposer la propriété intellectuelle ou les informations commercialement sensibles à des risques excessifs.

En sécurisant les données, la visibilité ne couvre pas seulement les applications autorisées, mais toutes les informations, où qu’elles soient. Ainsi, puisque ce sont en majorité des applications cloud non managées qui contribuent à la productivité, les entreprises ont la possibilité de continuer à innover et à accroître leurs revenus. Cette protection axée sur la donnée permet d’éviter de devoir œuvrer constamment pour obtenir des autorisations de sécurité qui peuvent prendre des mois avant qu’une application ne soit jugée utile. Ce modèle de sécurité garantit aussi que les données sont protégées, où qu’elles se déplacent dans le cadre d’une activité productive ; dans le cloud, sur le web et sur n’importe quel appareil.

Des économies de coûts et une meilleure expérience utilisateur

Au premier semestre 2022, 85,7 % des attaques signalées contre l’industrie manufacturière étaient motivées par la cybercriminalité, dont les ransomwares, pour des gains financiers. Pourtant, même si l’atténuation du coût des attaques est mise de côté, les entreprises font état de millions de dollars d’économies réalisées grâce aux SASE, par le biais de la consolidation des fournisseurs et l’intégration de la gestion des technologies, ainsi que par une réduction notable des coûts de réseau.

De plus, l’expérience de l’utilisateur s’en trouve considérablement améliorée. En effet, quel que soit l’endroit où le travail hybride emmène les employés, ils peuvent bénéficier d’une performance sans compromis en matière de réseau, qui enverrait les données vers et depuis certains emplacements par simple souci de sécurité. In fine, grâce au modèle SASE, les organisations exercent un contrôle beaucoup plus important sur les juridictions auxquelles leurs données sont soumises et sont assurées de mieux maîtriser la conformité en matière de confidentialité et de protection.

Le logiciel est, par essence, un système d’organisation et de présentation des données et, en tant que tel, le véhicule défini par logiciel est construit à partir de données. Qu’il s’agisse du produit final ou des processus industriels et opérationnels, les données sont désormais le moteur de l’industrie automobile. Ce constat est visible dans l’utilisation des NFT et de la blockchain, qui sous-tend les modèles d’abonnement et les garanties, ainsi que dans l’utilisation intensive de l’IA par le secteur dans le cadre d’avancées telles que la conduite autonome. Sur le plan opérationnel, les données sont synonymes d’avantage concurrentiel et leur valeur ne fait que croître. Fournir l’accès à ces informations et les sécuriser est une priorité majeure pour l’industrie, ce qui explique la prévalence des projets de transformation des réseaux et de la sécurité pilotés par le SASE dans l’ensemble du secteur.