La prochaine étape de l'informatisation sera quantique

Si l'informatisation des entreprises a grandement contribué à l'essor économique des années 60, l'ordinateur quantique semble être la prochaine étape majeure de l'informatique.

C’était la grande nouvelle de novembre dernier : IBM a dévoilé son dernier modèle d’ordinateur quantique, capable d’utiliser 433 qubits. Mais le plus impressionnant n’était pas là, l’entreprise a affirmé avoir lancé un circuit de 127 qubits capable d’exécuter un programme informatique d’envergure. Si l’informatisation des entreprises a grandement contribué à l’essor économique des années 60, l’ordinateur quantique semble être la prochaine étape majeure de l’informatique.

Une réalité inexorable

Ne nous leurrons pas, si certains bonds technologiques peuvent faire l’effet d’un pétard mouillé, le quantique est plein de promesses pour l’industrie et des industriels tels que BMW n’ont pas attendu pour l’intégrer à leur chaîne de production.

Le secteur automobile utilise de nombreux composants qui sont acheminés par de multiples fournisseurs et la vitesse de production optimale est dépendante d’une livraison sans accroc, aussi, la marque allemande teste depuis 2021 l’ordinateur quantique de la société américaine Honeywell. L’objectif de l’entreprise au cours de la phase test était d’étudier sa chaîne d’approvisionnement en temps réel et d’optimiser sa vitesse de production.

Pour autant, l’intégration de cette technologie demande des précautions particulières pour les entreprises qui souhaitent s’y frotter. Le défi majeur réside actuellement dans le fait que les qubits sont très sensibles aux interférences : des stimuli comme le bruit ambiant, les vibrations ou les variations de température peuvent leur faire perdre leurs propriétés quantiques en moins de 100 microsecondes. Autant dire qu’un ordinateur quantique ne trouvera pas immédiatement sa place au sein d’un datacenter traditionnel. En attendant, l’environnement dans lequel il est installé doit être préparé en conséquence. Ainsi, définir des approches pour la correction d’erreurs représente une part importante du travail de l’équipe de recherche.

Une technologie sans pareille

Pour comprendre les avantages dont s’accompagne un ordinateur quantique, il est important de savoir  le distinguer d’un ordinateur binaire. Alors que le second utilise des octets classiques, un ordinateur quantique se sert des lois de la mécanique quantique. Les octets connaissent uniquement des états composés d’une suite de 1 et de 0. Un ordinateur quantique, en revanche, utilise des octets quantiques. Le qubit (abréviation de quantum bit en anglais) est la plus petite unité de calcul et d’information avec laquelle l’ordinateur fonctionne. À la différence des octets, une quantité bien plus importante d’informations peut être représentée ou traitée simultanément sous ce format. Cela permet de traiter d’immenses quantités de données bien plus rapidement – ce qui représente un énorme potentiel pour l’industrie.

Les pays européens sont bien conscients de l’importance de cette technologie. L’Allemagne a notamment encouragé l’acquisition en 2021 du premier ordinateur quantique. La plateforme de recherche IBM Quantum System One, un projet mené conjointement par Fraunhofer Gesellschaft for Application-Oriented Research et IBM, a été mise en place à Ehningen, avec le premier ordinateur quantique développé par la société informatique. Pour la somme de 11 621 euros par mois, l’ordinateur et ses 27 qubits peuvent être testés par des entreprises. Par ailleurs, le gouvernement allemand continue d’investir dans cette technologie et a déclaré son intention de dépenser deux milliards d’euros supplémentaires d’ici 2025 dans la poursuite de cet objectif. Un réseau surnommé la Munich Quantum Valley a également été créé composé d’universités, d’instituts de recherches et d’entreprises. L’objectif principal est de créer un pôle de recherche portant sur l’informatique et les technologies quantiques (ZQQ) au cours de cinq prochaines années.

La France n’est pas en reste. Entre la licorne française Alice & Bob, et les plans gouvernementaux qui prévoient un financement à hauteur de deux milliards, l’Hexagone aussi souhaite se positionner comme futur leader en quantum computing.