OldSpace et NewSpace : mettre fin à cette dichotomie pour mieux s'imposer en tant que leader européen

Faut-il vraiment opposer New Space et Old Space? Comment ces 2 industries participent activement à donner un nouvel élan à la conquête spatiale, aussi bien française qu'européenne. Explications

Un vent de renouveau souffle sur le secteur spatial ces dernières années, avec l’entrée en jeu d’acteurs marquants et l’avènement du NewSpace, autour d’entreprises et startups phares comme les américains SpaceX et Blue Origin. Ces nouveaux acteurs bousculent les usages que l’on fait de l’espace au point qu’on en vient souvent à les opposer aux entreprises pionnières du secteur, plus communément appelées Old Space. Ces entreprises telles qu’on les conçoit sont généralement associées aux acteurs dont les principaux clients sont institutionnels avec des objectifs pour l’essentiel scientifiques, politiques et stratégiques. Le NewSpace, pour sa part, ouvre surtout la voie à l’exploration du potentiel commercial offert par l’espace basé sur des productions en série d’outils et d’équipements standards (lanceurs, satellites). Faut-il vraiment les opposer ? Et si ces deux industries participaient activement à donner un nouvel élan à la conquête spatiale, aussi bien française qu’européenne, autour d’enjeux de souveraineté à la fois industrielle, militaire et scientifique ? Mettre à profit les expertises et savoir-faire acquis, en alliant les connaissances des différents acteurs du spatial (privés comme publics) ne serait-il pas la clé pour tendre plus facilement vers un objectif commun d’innovation, d’autonomie et de souveraineté ?

Des approches différentes, des expertises complémentaires

On le sait, l’industrie du spatial a longtemps été dominée par des superpuissances, états ou institutions, qui ont une maîtrise incontestable des technologies. Ces dernières années, de nouveaux acteurs sont entrés en jeu, startups et entrepreneurs, motivés par une nouvelle forme de conquête, de démocratisation de l’accès à l’espace, ainsi que par une volonté de développer une nouvelle économie du spatial (télécommunication, GPS, gestion de l’environnement, imagerie...). Le lancement de nombreuses constellations satellitaires (OneWeb, Starlink...), du télescope spatial James Webb, et des débuts du tourisme spatial, avec la capsule Crew Dragon de SpaceX, sont autant de preuves de la métamorphose du secteur. Les défis du secteur spatial ne se concentrent plus seulement qu’autour d’enjeux de défense mais aussi autour de la commercialisation et souveraineté technologique. Ce changement de paradigmes propulse le spatial dans une nouvelle ère industrielle d’exploitation de l’espace et des données destinées principalement à être utilisées pour une grande variété d’applications et de services commerciaux.

Si le neuf a du bon, il faut aussi tirer parti des acteurs historiquement installés tels que les PME ou ETI, qui ont pu acquérir un socle de compétences solide en développant des systèmes et services pour des opérations complexes et parfois critiques. Pour exemple, CS GROUP propose des produits basés sur des composants open source développés par une communauté d’ingénieurs, de chercheurs, d’industriels et startup du secteur et qui sont aujourd’hui massivement adoptés par des acteurs industriels et scientifiques majeurs du secteur spatial aussi bien dans le cadre d’études que de systèmes opérationnels. C’est dans ce type de contexte que la collaboration et le partage des expertises entre tous les acteurs du spatial créent de la valeur.

Il est certain que nous gagnons à fédérer tous les savoir-faire et filières et à encourager les interactions public-privé, nouveaux acteurs et acteurs historiques car leurs visions complémentaires offrent des débouchés d’innovation et de croissance incontestables.

Seul, on va vite, ensemble on va plus loin

Le secteur évolue vite, les réponses qu’on doit lui apporter également. Nous devons faire preuve de flexibilité et d’agilité pour se faire une place dans une course où la Chine et les États-Unis ont de très grandes ambitions en la matière. Face à cet enjeu majeur de compétitivité économique et de souveraineté, nous devons autant nous appuyer sur les expertises des entreprises pionnières développées depuis des décennies auprès des grandes institutions et États que sur les nouveaux modèles impulsés par le New Space.

Le know how européen est reconnu et les nouveaux acteurs du New Space sont en train de booster à vitesse grand V l’industrie spatiale européenne. Il est capital pour l’ensemble des acteurs du spatial de continuer à se réinventer, à se développer et à garder l’innovation au cœur de leurs activités. Nous avons une capacité d’innovation infinie. Pour la maintenir, il faut soutenir scientifiques et ingénieurs, ETI, PME, start-ups en leur donnant le financement nécessaire pour que cette course à l’Espace ne soit pas qu’entre américains et chinois, mais que l’Europe y trouve sa place notamment pour tout ce qui touche à l’innovation. On y tend avec un environnement qui se veut plus favorable avec l’émergence de fonds dédiés comme CosmiCapital, mais aussi une hausse des financements publics. En septembre dernier, Élisabeth Borne annonçait un nouveau plan de financement de 9 milliards d’euros pour le spatial français. Si ce financement devait contribuer à faire tourner le CNES, l’agence spatiale nationale, il devrait également servir d’investissement pour les jeunes pousses.

Tout tend donc à favoriser cet écosystème du NEXT SPACE pour avancer vers un but commun : rester innovant et compétitif mais aussi et surtout peser dans l’échiquier de ce nouvel ordre spatial. Pour y contribuer, intégrons sans attendre le concept de SMART SPACE qui contribue à favoriser un continuum entre les retours d’expériences des acteurs historiques et les capacités d’innovation propres tant au New Space qu’au Old Space afin créer de nouveaux produits et services performants pour le Spatial 2030. C’est ainsi que nous participerons à faire émerger les champions de demain et à ancrer résolument la France dans cette nouvelle économie du spatial.