Miroir IT : un autre modèle de gouvernance pour infuser la culture informatique et réduire les coûts

Dans nombre de grandes entreprises, on observe parfois un paradoxe : les équipes IT sont détachées du business, et ceux qui pilotent le business ne comprennent pas l'IT. Mais cela pourrait changer...

Et si les départements informatiques devenaient obsolètes ? Si les connaissances techniques étaient partagées dans toute l'organisation ? Si à terme, les ingénieurs techniques occupaient des rôles commerciaux et de direction d’entreprises ?

Pour l’heure, nous sommes dans une phase de transition, qui nous fait avancer lentement sur cette voie. Dans les 15 prochaines années, lorsque tous les employés apprendront les bases du codage, il y a fort à parier que cela devienne une réalité.

D’ici là, comment gérer cette période de transition et quels bénéfices retirer de ce changement de paradigme ? L’une des réponses est de mettre en œuvre ce que l’on appelle le miroir IT.

Miroir IT : de quoi parle-t-on ?

L’IT joue un rôle crucial dans la transformation numérique d'une entreprise, mais se révèle aussi dans certaines situations un frein important vers le changement. Plus l'informatique grandit, plus elle devient inefficace. Si sa conception est facile, sa maintenance est complexe et souvent lourde. Pire encore, augmenter son budget ou ses effectifs ne se traduit pas automatiquement par une accélération de l’innovation.

Dans certaines organisations, les départements IT sont aussi importants que les services commerciaux. Cette surenchère croissante est très dommageable. Cela coûte aux entreprises jusqu’à 85Mds$ chaque année. Des études démontrent que les responsables IT perdent en moyenne 8h par semaine sur des logiciels et opérations superflues. Enfin, le gonflement des effectifs entraîne des process excessifs, une forte inertie et s’avère à terme contre-productif pour le fonctionnement global de l’entreprise.

Face à ce cercle vicieux, la tendance du miroir IT prend de l’ampleur. Il désigne une approche permettant de passer de la structure organisationnelle standard que nous connaissons aujourd'hui, où l'informatique est le gardien de la technologie, à une structure où tous les employés sont habilités sur le plan technologique.

Dans un contexte de ralentissement économique, les entreprises doivent réorganiser la structure de leurs services pour assurer leur pérennité. Bientôt, chaque collaborateur bénéficiera d’une formation technique très qualifiante. Les compétences informatiques feront partie de l'ensemble des compétences de base de chaque responsable des ventes, du marketing, des opérations et des finances. Et cela remettra en cause le statu quo actuel.

Comment structurer un miroir SI ?

Concrètement, le concept de miroir informatique signifie que chaque manager de l’entreprise, qu’il soit responsable du marketing, des ventes ou de la relation client travaille en étroite collaboration avec un pair/développeur technique. Par exemple, un PDG aura des pairs technologiques désignés qui reflètent toutes ses fonctions tout en travaillant à ses côtés. Ils seront responsables des mêmes indicateurs clés de performance. Ils auront le même régime de rémunération, les mêmes primes et les mêmes objectifs.

Chaque département décide alors des solutions technologiques les mieux adaptées à ses objectifs. L’entreprise devient bien plus réactive, efficace et se maintient plus facilement au niveau des dernières innovations. 

Avec l'IT Mirror, la nécessité pour un CTO de reporter à un CEO disparaît. Tous deux ont un statut égal et sont responsables devant leur conseil d'administration. Cependant, il ne s’agit pas de faire disparaître le CTO mais d’éliminer les objectifs du service IT en tant qu’entité, au profit d’objectifs qui servent chaque spécialité de l’entreprise et in fine les objectifs globaux de l’organisation.

Dans ce scénario, on assiste donc à une forte segmentation du service IT, qui se déploie dans toutes les composantes de l’organigramme de l’entreprise. Une structure qui peut paraître coûteuse. Et pourtant…

Auparavant identifié comme un centre de coût unique - souvent important - inscrit dans les dépenses d’investissement (CAPEX) de l’entreprise, celui-ci est dorénavant fractionné et ventilé dans les différents services. Il est aussi plus uniformément réparti et utilisé de façon plus stratégique, plus chirurgicale. Le centre de coût global de l’entreprise en est considérablement réduit. 

Une seule ligne hiérarchique désigne à la fois les référents informatiques et les responsables des business units. Pour progresser dans l'organisation, ils doivent tous deux être au service des mêmes objectifs. L’effet produit est très fort, à l’image de la collaboration qui devient plus étroite.

Un autre avantage significatif d'une telle structure est l’apparition d’un environnement "sans excuse", où les équipes business ne dépendent plus d'un département informatique pour agir. Il n’est ainsi plus possible d’inventer des excuses ou de pointer du doigt la responsabilité d’un département en cas d’inertie.

Outre les aspects opérationnel et organisationnel, le miroir IT offre une transformation plus durable encore : le croisement et l’émulation des compétences IT auprès des collaborateurs business et inversement. Chacun apprend de l’autre et se développe à son plus haut potentiel. Et c’est bien la performance globale et la rentabilité de l’entreprise qui s’en trouvent améliorées.