Idéation : des usages à la stratégie, une méthodologie gagnante pour l'innovation

L'idéation a le vent en poupe. Il faut dire que ce processus qui vise à trouver des idées et à booster sa créativité est sacrément innovant.

Cette méthode collaborative, qui promet aux entreprises d’accélérer la résolution de problèmes et la conception, est très utilisée au niveau des usages. Quid de son efficacité côté stratégie, métier ou globale ?

Idéation et agilité : les clés de l’innovation 

« Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions ». Cette déclaration d’André Gide pourrait parfaitement s’appliquer à l’idéation. Pratiquée en atelier, elle désigne la technique créative qui vise à générer plusieurs idées divergentes. Mais aussi à signaler des problèmes pas forcément perceptibles au premier abord. En offrant des solutions variées et innovantes, l’approche est largement plébiscitée dans le Design Thinking et le travail agile, pour aborder les projets et les tâches de la manière la plus efficace possible.

L’agilité s’attache surtout à la méthodologie. L’idéation, elle, concerne davantage la phase “atelier” du processus. Il s’agit en effet de tester un parcours en observant différents éléments incontournables : adhérences au parcours, accélérateurs propres au métier, mais aussi freins et obstacles pour établir une vision globale à long terme.

Les usages diffèrent en fonction des métiers, l’idéation s’impose comme la méthode infaillible pour tester des parcours spécifiques, qu’il s’agisse d’une application ou d’un service. Avec cet outil, on peut envisager l’ensemble des problèmes tout comme le parcours de résolution adapté pour les résoudre, à l’image des matrices SWOT qui autorisent un diagnostic exhaustif d’une situation donnée et optimisent la prise de décision stratégique.

L’idéation est-elle pour autant plus adaptée à une réflexion sur les usages ? Peut-elle, elle aussi, être un outil au service de la stratégie des entreprises ?

Usage ou stratégie ? Et pourquoi pas les deux ?

L’innovation et les phases en amont de la conception demeurent des enjeux cruciaux pour les entreprises si elles veulent conforter leur position sur le marché, surtout en matière de nouvelles technologies. Bien avant l’expérience utilisateur, il est primordial de penser l’expérience métier et les parcours impliqués pour créer ces environnements numériques. Il est ainsi nécessaire de faciliter en amont la création de ces outils mis au service de notre productivité.

Prenons l’exemple d’un travailleur face à une machine à l’usine. Il rencontre dans le cadre de son activité un problème donné. Une analyse SWOT va se contenter de décrire le fait que l’ouvrier a besoin d’un expert pour l’aider, et que l’employé n’est pas suffisamment formé pour faire face à sa problématique. La matrice indique des éléments statiques : l’idéation va elle proposer un parcours dynamique en identifiant le chemin nécessaire pour régler le problème. Elle est même en mesure de solutionner une série de problèmes. Il s’agit en effet d’envisager des étapes et un scope global de résolution des problèmes. On pourra ainsi déterminer de quelle manière de nouveaux devices, par exemple, pourront être intégrés au parcours global. Non pas pour aider le travailleur à résoudre son problème, mais bien pour l’anticiper et l’éviter totalement.

Pour parvenir à tout anticiper, il faudra faciliter l’interaction de plusieurs parties prenantes et métiers qui interagissent : à cette fin, il sera nécessaire d’éclater les silos qui empêchent la diffusion de l’information et donc la résolution de problèmes.

Dans le cas de notre ouvrier face à sa ligne d’assemblage, l’idéation permettra de déterminer l’utilité du recours aux technologies immersives via un casque VR pour le connecter à un expert et interagir à distance sur des objets 3D. Le retour sur investissement d’un tel déploiement sera déterminé dans les phases amont de la conception, optimisant ainsi les usages dans leur ensemble.

Niveau stratégie métier ou entreprise, on pourra procéder de la même manière et s’inspirer des bonnes pratiques des usages. On observera le parcours que l’on souhaite mettre en place sur une roadmap indiquant des jalons, et on définira pour chacun la manière de parvenir à cette étape selon les mêmes éléments : objectifs, adhérences, freins, état du marché, actions à mettre en place pour atteindre le jalon… En toute agilité, on ne se privera pas de réévaluer les jalons en fonction de ce qu’on aura découvert entre temps. Les tests rapides de l’idéation permettent de modifier l’expérience relative à un parcours. Il s’agira d’adapter cette technique éprouvée en matière d’usages pour faire entrer l’évolution de l’agilité dans la stratégie de l’entreprise.

Un besoin évident en (in)formation

Pour propulser l’idéation au niveau de la stratégie, il est cela dit primordial d’évangéliser le sujet auprès des directions qui doivent s’ouvrir à une extension de l’agilité au-delà de la partie “Test & Learn”. Se limiter aux usages est bien dommage : puissante, la méthodologie peut être appliquée d’un point de vue général, depuis la vision de l’entreprise jusqu’aux usages métiers.

Appliquer cette méthodologie a un coût, et d’aucun pourrait même douter de ses bénéfices. L’idéation, une perte de temps ? Non, un temps de réflexion sur chaque parcours. Un temps d’introspection permettant aux entreprises qui s’y essayent de gagner en visibilité sur les besoins futures. Cette vision à long terme s’accompagne généralement d’une réduction des coûts ainsi que d’une amélioration durable des performances. Le retour sur investissement de l’idéation ne sera peut-être pas immédiat mais il sera important : la pérennité.