Qui sont les "Green Hats", ambassadeurs d'un numérique plus responsable ?

L'impact environnemental du numérique est de plus en plus questionné. Plutôt que de légiférer, comme on l'entend souvent, pourquoi ne pas développer de nouvelles compétences et miser sur la formation.

Dans un monde où le numérique s'impose chaque jour davantage, son impact environnemental est de plus en plus questionné. Aujourd’hui les projets de construction de datacenter sont suivis de près par les gouvernements, si Singapour avait posé un moratoire de 3 ans sur la construction de nouveaux datacenters, d’autres pays se posent la question de leur légitimité, l’Irlande par exemple. En France, l’adjoint au maire de Marseille, Sébastien Barles, demandait cet été une législation ferme pour réguler le secteur.

L’éveil des consciences a bien eu lieu. Mais plutôt que de légiférer, pourquoi ne pas développer de nouvelles compétences et miser sur la formation.

Une nouvelle couleur dans l'échiquier Informatique

Dans le monde de la cybersécurité, les termes "black hat" et "white hat" sont largement reconnus. Inspirées des vieux films de western où les méchants portaient des chapeaux noirs et les gentils des chapeaux blancs, ces dénominations décrivent respectivement les hackers malveillants, cherchant à exploiter les failles pour leur propre bénéfice, et ceux plus éthiques, experts en sécurité. Filons cette métaphore pour introduire une nouvelle couleur à cet l’échiquier : le "green hat". Qui sont-ils ?

Les "green hat" incarnent ces responsables informatiques dédiés à la sobriété et à l'éco-conception numériques. Véritables piliers de la transition éco-responsable, ils garantissent une gestion éthique et raisonnable des infrastructures cloud.

L’éducation plus que la régulation

Chaque requête en ligne, chaque donnée stockée dans le cloud, chaque nouvelle application consomme des ressources. Dans leur quête de sobriété, les "green hats" œuvrent pour une utilisation optimale et raisonnée des outils numériques au sein des entreprises. Ils naviguent entre performance technologique et responsabilité écologique, cherchant toujours le juste équilibre.

Plus qu'un simple garde-fou technique, leur rôle est aussi et surtout d'éduquer. Ils sont les ambassadeurs de l'éco-conception, cette démarche qui vise à intégrer les préoccupations environnementales dès la phase de conception des services numériques. À travers des formations, des ateliers et des discussions, ils sensibilisent développeurs, designers et décideurs à penser "vert" dès les premières étapes de chaque projet.

De la Cybersécurité à la Cybersobriété

Si les "white hats" nous protègent des menaces extérieures, les "green hats" nous rappellent que certaines des menaces les plus grandes viennent de l'intérieur : notre consommation excessive et notre dépendance croissante aux technologies qui impactent durablement notre environnement.

Le green hat peut nous aider à repenser notre façon d'utiliser et de concevoir la technologie, en veillant à ce que notre avenir numérique soit non seulement sécurisé, mais aussi durable, grâce à deux pratiques : le GreenOps et le FinOps.

Si le GreenOps se concentre sur l'intégration des principes écologiques dans les opérations IT, le finops, lui, vise l'efficience économique des ressources cloud. Les « green hats » se trouvent à la croisée de ces deux approches, garantissant que les ressources sont utilisées de manière responsable tant d'un point de vue environnemental qu'économique.

La gestion des infrastructures cloud par les « green hats » n'est pas seulement une question de coût ou d'énergie : il s'agit de s'assurer que chaque choix technologique reflète une volonté d'impact positif sur l’environnement. Cela peut signifier opter pour des fournisseurs d'énergie verte, minimiser la redondance des données ou encore favoriser les solutions d'hébergement éco-efficientes.

En 2003, Frédéric Bordage était le premier à parler de sobriété numérique en France, 20 ans plus tard, ce concept émerge enfin ! Le métier de green hat est bien plus qu'une simple évolution professionnelle dans le domaine de l'informatique. C'est une réponse concrète, pragmatique et nécessaire à l'urgence écologique actuelle. Tout comme nous avons besoin des "white hats" pour sécuriser notre avenir numérique, nous dépendons désormais des "green hats" pour en assurer la durabilité. Ils ne sont pas juste une nouvelle couleur dans l'échiquier informatique : ils représentent un changement de paradigme vers une informatique plus respectueuse de notre planète.

En conjuguant expertise technique, sensibilité environnementale et vision stratégique, les Green hats se positionnent comme les acteurs clés d'une révolution numérique véritablement durable. Face aux enjeux planétaires, leur rôle dépasse largement le cadre de l'entreprise : ils sont les artisans d'un avenir numérique en harmonie avec la Terre.