Numérique responsable : n'attendez pas pour moderniser votre système d'information

Alors que des voix s'élèvent pour demander un moratoire ou un assouplissement de la CSRD, la question de la transformation et de la performance durable des entreprises doit rester au cœur du débat.

Un article du Figaro publié le 1er octobre 2024 (1) révèle que la consommation énergétique du numérique pourrait doubler d'ici à 2026 sous l'effet de l'adoption massive de l'intelligence artificielle par les entreprises. La directive CSRD, qui porte l’ambition d’inciter les entreprises à améliorer la transparence et la qualité de leur reporting extra-financier, mais surtout à adopter des pratiques plus durables, doit plus que jamais être envisagée comme un levier de performance pour les entreprises. 

Repenser le numérique en entreprise

La CSRD marque un tournant dans le reporting extra-financier, exigeant une analyse complète de ses impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. Cette analyse va permettre de qualifier ses grands enjeux de matérialité et de coter ses impacts, notamment environnementaux. Cette nouvelle approche place le numérique au centre des enjeux de durabilité, d’autant que son impact devrait croître de 45% selon une étude prospective de l’ADEME et de l’ARCEP portant sur l’impact environnemental du numérique en 2030 et en 2050 (3).  La CSRD permet donc aux organisations de repenser leurs politiques numériques.

Le SI ne doit plus être considéré comme un outil opérationnel mais comme un élément clé en matière de stratégie de durabilité. Les entreprises doivent intégrer l'impact environnemental de leurs infrastructures IT, de leurs pratiques numériques et de la gestion de leurs données. A titre d’exemple, l'efficience énergétique des data centers qui hébergent leurs infrastructures et données est un élément important, qui peut varier considérablement selon leur conception, leur gestion et leur emplacement géographique.

Réduire l’empreinte carbone du SI et les coûts associés

Réduire l'empreinte carbone du SI est un enjeu majeur de l'amélioration de la performance ESG des entreprises. La directive européenne sur l'efficacité énergétique illustre cette priorité puisqu’elle vise une réduction de 11,7% de la consommation d'énergie d'ici 2030 (4). L’optimisation du SI devient d'autant plus cruciale dans ce contexte de hausse des coûts énergétiques. Selon une étude de France Stratégie (5), la consommation électrique due à l'usage des équipements numériques devrait augmenter de 5% d’ici à 2030 et atteindre 54 TWh d'ici 2030… 

Ce défi environnemental et économique pour les entreprises trouve un écho dans les démarches GreenOps et FinOps, visant la maîtrise des coûts, l’efficacité des ressources utilisées, et la réduction de l’empreinte carbone

Plusieurs actions permettent de réduire l’empreinte carbone de son SI : 

  • le choix de data centers efficients et approvisionnés en énergies renouvelables (6), 
  • l’optimisation des infrastructures et la suppression des ressources inutilisées (serveurs, VM…) 
  • la prolongation de la durée de vie des équipements IT,
  • l'éco-conception des services numériques et des logiciels.

Les collaborateurs ont aussi un rôle à jouer. Selon l’étude prospective de l’ADEME et de l’ARCEP (2), les bonnes pratiques individuelles font partie des leviers d'action pour réduire l'impact environnemental du numérique. Former les équipes aux enjeux du numérique responsable crée une dynamique vertueuse, améliorant à la fois la performance ESG et l'engagement des employés.

Aller au-delà du cadre réglementaire pour faire une revue d’ensemble

L'intégration du numérique responsable dans la stratégie ESG va bien au-delà de la simple conformité réglementaire. Elle ouvre la voie à une transformation profonde et innovante de l'entreprise d’autant que des solutions novatrices existent : essor du low code ou du no code, éco-conception logicielle, algorithmes d'IA optimisés pour réduire leur consommation énergétique, approvisionnement des data centers en énergies renouvelables…

Cette approche répond également aux attentes des investisseurs et des consommateurs en matière de durabilité. Selon l’étude PwC Global Investor Survey 2023 (7), 75% des investisseurs affirment que la manière dont une entreprise gère les risques et opportunités liés à la durabilité est un élément important lors de leurs décisions d'investissement. Un SI plus responsable devient ainsi un atout concurrentiel puisqu’il améliore la crédibilité de l'entreprise et son attractivité auprès de ses parties prenantes.

En considérant la CSRD comme une opportunité de transformation plutôt que comme une contrainte réglementaire, les entreprises en feront un levier stratégique incontournable. Cette directive va permettre aux organisations d’analyser objectivement leurs impacts et de dessiner une trajectoire de transformation, intégrant un système d’information plus efficace, évolutif et résilient. 

Dans un monde où la responsabilité sociétale et environnementale devient un critère de performance, encourager les entreprises à se transformer en profondeur n’est pas une option mais un impératif stratégique.

(1) Source

(3) Source 

(2) Source

(4) Source

(5) Source 

(6) Source 

(7) Source