L'ingénierie informatique : la clé d'une DSI réactive

Bien concevoir la base d'un système d'information permet de le rendre plus agile. Mais encore faut-il s'en donner les moyens. C'est la thèse développée par le Centre d'excellence en architecture d'entreprise de Centrale Paris.

Disposer d'un système d'information capable de s'adapter rapidement devient un atout majeur. Objectif : pouvoir prendre en compte de façon réactive au niveau IT les demandes des directions métiers, notamment lors du lancement d'un nouveau produit ou service.  

Pour bien faire, le DSI devrait donc promouvoir la définition d'une architecture informatique dite "agile". Un terme repris dans le titre du dernier livre blanc publié par le  Centre d'Excellence en Architecture d'Entreprise (CEISAR) de Centrale Paris : Architecture d'Entreprise & Agilité. Un document qui a été réalisé en lien avec les membres du de la chaire informatique - les DSI d'Axa, d'Air France, de Total, de BNP Paribas et de Michelin.

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Jean-René Lyon présente le livre blanc du CEISAR le 7 octobre dernier à Paris © Antoine Crochet-Damais / Journal du Net

Selon le CEISAR, cet exercice de conception passe par la mise en oeuvre de fonctions d'ingénierie, avec notamment des compétences en architecture informatique et en gestion de composants mutualisés (et réutilisables).

"Ces savoir-faire sont beaucoup moins répandus que les compétences liées à la gestion de projets, autour de la planification, la gestion de budget, de ressources...", commente Jean-René Lyon, président de la chaire de Centrale Paris. "Pourtant, nous avons remarqué que les fonctions d'ingénierie, tout comme les fonctions de gestion de projets d'ailleurs,  sont communes à toute entreprise."

Parmi les solutions pour améliorer les processus d'ingénierie de la DSI, le CEISAR évoque notamment l'importance de la définition d'un modèle unique partagé par l'informatique et les directions métier.  Un modèle qui serait basé sur un vocabulaire métier commun. Le centre rappelle également l'importance d'une architecture de composants réutilisables. "Les résultats obtenus dans ce domaine par nos membres [...] prouvent que des taux de 70% de réutilisation sont réalistes, c'est-à-dire que l'on n'a plus que 30% du modèle à construire", note le CEISAR.

L'importance de déployer des outils de modélisation accessibles à la fois par l'informatique et les métiers

Mais pour bien faire, le centre recommande d'opter pour un mode de projet coopératif plutôt que contractuel. Au lieu de modéliser l'ensemble d'une application puis la concevoir informatiquement d'un bloc, l'idée est de modéliser et déployer le système par itérations successives, en commençant par une version 1 puis 2... Une logique plus souple, capable d'encaisser l'évolution des besoin, mais qui, à la différence de la démarche contractuelle, implique une architecture informatique permettant les adjonctions ultérieures.

"Dans l'approche coopérative, le chef de projet n'est pas seulement gestionnaire comme c'est le cas dans le mode contractuel, il doit être également capable de construire une architecture à la fois robuste et évolutive tout en se situant dans des équipes mixtes, métier et informatique, à travers lesquelles des compromis sont à trouver en permanence entre espoirs et contraintes techniques", commente Jean-René Lyon, avant d'insister sur le défi de mettre en place des outils de modélisation couvrant à la fois les enjeux IT et métiers, et accessibles aux deux profils.

Face à ce nouveau modèle d'organisation, le CEISAR conseille d'isoler les responsables de la transformation du système d'information des équipes de production. "Au vue des discussions avec les DSI membres du CEISAR, il est clair que c'est cette organisation qui permet l'agilité la plus forte", constate Jean-René Lyon. "Ce modèle passe par une revalorisation des chefs de projet face aux responsables de production qui, certes, présentent les effectifs les plus importants".

Un changement de vision qui n'est pas facile à adopter pour les directions générales, pour lesquelles la nécessité d'un système d'information opérant demeure la priorité. "Il leur faut aussi accepter d'allouer des budgets plus importants sur la transformation pour bénéficier de systèmes plus évolutifs, plus faciles à maintenir et à exploiter", ajoute Jean-René Lyon, avant de conclure :  "Les directions générales doivent accepter de payer pour le bien commun".