Google recherche maintenant dans les cerveaux de ses employés

Le géant de la recherche n'en finit plus de faire la course aux innovations. Dernière idée lumineuse en date : détecter les comportements de ses employés susceptibles de le quitter grâce à un algorithme hors norme.

Une fuite des cerveaux peut-elle être fatale à une entreprise ? A cette question, Google répond par l'affirmative et a développé une solution originale pour empêcher de se retrouver béatement devant le fait accompli.

Afin d'anticiper la catastrophe que constituerait le départ de collaborateurs occupant une fonction clé dans l'une de ses activités (R&D, innovation, services en ligne...), Google a mis au point un algorithme d'un genre tout particulier.

Elaboré sur la base de données RH (comptes-rendus d'entretiens individuels, promotions, évolutions salariales...), cet algorithme est en effet en mesure de fournir des indicateurs statistiques d'une pertinence rare. Avec pour objectif d'identifier parmi les 20 000 employés de Google ceux qui seraient les plus prédisposés à quitter le navire.

Bien sûr, le géant de la recherche est resté discret sur les formules mathématiques employées pour concocter cet algorithme RH. Cette annonce n'a cependant pas surpris plusieurs experts en organisation, dont l'éminent directeur du centre pour les organisations efficaces de l'Université de Californie, Edward Lawler.

"Notre algorithme permet de nous glisser dans la tête des individus avant même que l'idée de partir ne les ai effleurée" (Lasxlo Bock - DRH de Google)

Ce dernier ayant à cette occasion souligné l'implication récente de plusieurs entreprises sur le terrain des approches quantitatives appliquées aux décisions individuelles. Des approches qui peuvent être à même de fournir des données de haut niveau sur le capital humain des entreprises.

Car Google est loin d'être dupe. Avec la pression de plus en plus forte exercée par d'autres moteurs, en particulier de Live Search, ses ingénieurs, designers ou encore responsables de vente peuvent être plus que jamais tentées de céder aux sirènes de la concurrence. Et de ses alléchantes propositions financières.

Cela a d'ailleurs déjà été le cas pour plusieurs matières grises appartenant notamment à Tim Armstrong, un des vice-président de Google, ou encore à son designer en chef Doug Bowman, au directeur de l'ingénierie Steve Horowitz ou encore à son responsable qualité dédié à la recherche, Santosh Javaram. Autant de personnes - et de talents - ayant fui Google pour être accueillis à bras ouverts par des sociétés telles que AOL, Facebook ou encore Twitter.

"Ce nouvel algorithme permet de nous glisser dans la tête des individus avant même que l'idée de partir ne les effleure", a pu expliquer le responsable des ressources humaines du groupe Lasxlo Bock interrogé à ce sujet par le Wall Street Journal. 

Mais si on peut comprendre les besoins d'une entreprise à déterminer le niveau d'adhésion de ses salariés à sa politique et à ses valeurs, cette méthode d'évaluation prospective des comportements individuels n'en reste pas moins sujette à caution.

Car la mise au point d'un tel modèle statistique permettant d'anticiper des comportements humains, certes catégorisables, peut voler en éclat par la nécessaire prise en compte d'un paramètre qui ne doit pas être sous-estimé : le libre-arbitre.