Set Based Concurrent Engineering : une méthode efficace pour respecter vos délais de conception

Comment concevoir rapidement des produits ou des services innovants qui répondent aux réels besoins des clients ? C’est pour répondre à cette « quadrature du cercle » que la méthode lean SBCE a été inventée. Tour d’horizon d’une petite révolution.

Dans le cycle classique de conception et de développement, les décisions sont prises au plus tôt, de manière à démarrer rapidement la phase de réalisation. Les apprentissages et les ajustements sont reportés en fin de cycle, lors de la phase de test. Le problème de ce type d’approche très cartésienne est que les reprises et les reconceptions s’avèrent en général extrêmement coûteuses (impact fort car le produit / logiciel est déjà développé) et engendrent des retards incompatibles avec les enjeux business.

De manière générale, les gros projets informatiques de type ERP ou PLM connaissent des dérives majeures en termes calendaires et budgétaires, en raison d’écarts constatés entre la solution livrée et les besoins réels. Ces écarts se chiffrent en millions d’euros.

Qu’est-ce que le Set-Based Concurrent Engineering (ou Development) ?

Le SBCE est une méthode lean de conception, qui vise à anticiper cette phase d’apprentissage et à retarder au maximum la décision de figer une « baseline ». On passe ainsi d’une logique de « Design then Test » à une logique de « Test then Design ».

Sur un programme de conception de satellites d’observation de la Terre, l’équipe souhaitait figer la baseline de la solution au plus tôt. Le SBCE a permis de retarder certaines décisions de 9 mois. Les décisions prises ont finalement été radicalement différentes de celles initialement envisagées. En 9 mois, le besoin et le contexte ont été clarifiés et toutes les contraintes ont pu être explicitement formalisées et analysées.

Prolonger la phase de conception détaillée pour gagner du temps peut sembler contre-intuitif. Cependant le SBCE assure ainsi la prise de décisions majeures fiables, de telle sorte que le design global n’est pas remis en cause après la phase de conception. In fine, la durée globale du développement est réduite.

De plus, lorsque l’apprentissage est effectué tôt, les équipes ont alors plus de temps à y consacrer et la pression est moins forte qu’en fin de cycle. Cette mobilisation accrue améliore la qualité du produit livré et, de facto, la satisfaction des clients.

Comment le mettre en œuvre ?

La mise en œuvre du SBCE respecte les principes clés du Lean. La 1ère étape consiste à identifier les besoins client et les contraintes à respecter (règles, budget, délais, applications, hardware, jalons, réglementation…). Comme dans toute démarche Lean, ces éléments sont identifiés, construits et partagés avec toutes les parties prenantes.

La seconde étape vise à décomposer le produit en 8 à 12 sous-ensemble disjoints (sous-systèmes, applications, hardwares…), qui sera considéré comme l’intersection de ces sous-systèmes. Chaque sous-ensemble va alors être étudié finement : solutions possibles, Knowledge gaps à combler et plans d’action associés, incompatibilités entre solutions. Chaque sous-ensemble doit au moins avoir une solution « maitrisée » et « compatible » avec les autres sous-ensembles, afin d’être certain d’avoir une solution viable et ainsi éviter les impasses techniques.

Quand tous les sous-ensembles sont identifiés, l’équipe construit le planning de prise de décision, en fonction des dépendances entre les sous-ensembles et les solutions étudiées pour chaque sous-ensemble.

Dans le cadre de la réponse à un appel d’offres international dans le secteur de l’aéronautique, le SBCE a permis de cadencer les travaux à réaliser et de respecter tous les jalons de l’appel d’offres. La méthode a facilité la concentration du travail sur la résolution des blocages techniques liés à chaque jalon. Avant chaque revue l’équipe avait anticipé les questions du donneur d’ordre et a ainsi pu démontrer sa maîtrise du processus de conception du produit.

Le degré d’innovation du produit est piloté en fonction du temps et des ressources disponibles : les efforts sont concentrés pour combler les Knowledges gaps qui apportent le plus de valeur au produit ; les solutions maîtrisées et compatibles sont utilisées lorsque les développements risqués n’ont pas abouti ou lorsqu’ils n’apportent pas assez de valeur.

Dans le cadre de la conception d’un équipement de haute technologie de défense, l’analyse des alternatives possibles selon des critères rationnels a conduit à un choix « contre-intuitif » au niveau de l’architecture de la solution. Sans cette démarche, ce choix n’aurait même pas été envisagé car trop éloigné des standards et des pratiques actuelles. 

Les principaux bénéfices du SBCE

Pour réussir la mise en œuvre du SBCE, il faut accepter d’abandonner les pratiques classiques et de favoriser le travail en équipe intégrée. Lancée dès le début d’une conception produit, la SBCE a de multiples vertus pour le manager, l’équipe et bien entendu les clients :

-                Respect des délais et du budget initial – Le cycle de conception est respecté car les reconceptions sont absentes ou mineures.

-                Création d’une dynamique d’équipe et intégration des partenaires / fournisseurs – Toutes les parties prenantes sont identifiées et conviées aux travaux. Les contraintes de chacun sont prises en compte très tôt et intégrées par tous.

-                Identification des choix réels de conception et de leurs impacts sur le besoin clients – La démarche offre la possibilité de choisir de manière rationnelle et collective la solution la plus adaptée, avec une traçabilité entre la solution et la couverture des besoins.

-                Flexibilité pour intégrer les évolutions client – Cette traçabilité permet à tout instant d’intégrer de nouveaux besoins et/ou de négocier une révision des exigences qui s’avèrent trop contraignantes.

-                Innovation ciblée avec une prise de risque contrôlée – Les équipes sont mobilisées uniquement pour tester et rechercher l’innovation qui crée de la valeur.

-                Amélioration de la gestion des connaissances (capitalisation et réutilisation) – La force du SBCE réside entre autres dans la capacité de mobiliser les équipes en réutilisant des solutions déjà éprouvées au niveau des sous-ensembles. De plus la méthode SBCE est documentée, de telle sorte que tous les travaux seront réutilisables.

Le SBCE s’applique tout particulièrement aux projets pluridisciplinaires à forte innovation (ex. aéronautique, informatique complexe, automobile, haute technologie…).