Réalité virtuelle en entreprise : retour sur investissement et bénéfices cachés

La réalité virtuelle est un outil précieux qui démontre son impact positif sur de nombreux aspects du développement d’un produit. Au premier rang duquel l’optimisation des coûts et des délais de conception de produits.

Dans son dernier rapport sur l’adoption des technologies immersives (1), Capgemini révèle que trois entreprises sur quatre utilisant des technologies de réalité virtuelle ou augmentée enregistre des bénéfices opérationnels supérieurs à 10%. La réalité virtuelle est un outil précieux qui démontre son impact positif sur de nombreux aspects du développement d’un produit. Au premier rang duquel l’optimisation des coûts et des délais de conception de produits.

Un levier de réduction des coûts et des délais de conception des produits

Commençons par quelques chiffres significatifs.

Le CNES, centre spatial national français, déclare avoir gagné environ 12 mois sur un projet d’une durée de 4 ans grâce à la réalité virtuelle. En passant de la visualisation de la maquette 3D du projet sur un écran d’ordinateur en 2 dimensions à la visualisation en réalité virtuelle et à taille réelle, le CNES a réduit le délai de conception de 25%. Une réduction des coûts importante mais aussi un avantage majeur dans un univers concurrentiel ou la rapidité d’exécution fait la différence.

En moins d'un an, Safran Nacelles a réalisé un retour sur investissement de 300 000 euros, pour un seul système de réalité virtuelle. L’outil ayant permis à l’entreprise de développer de nouvelles nacelles en seulement 42 mois (contre 60 mois auparavant). Safran Nacelles a également été en mesure de finaliser un projet avec 8 mois d'avance sur un calendrier de 18 mois – soit une réduction de 56% des délais –, économisant ainsi 40% sur le budget prévisionnel.

Le secteur automobile a également rapidement pris conscience des bénéfices opérationnels que pourrait générer la réalité virtuelle. Renault économise ainsi 2 millions d’euros chaque année et réduit de 20% le temps alloué à la conception de ses véhicules. La société Jaguar Land Rover a également déclaré que la VR les avait aidés à économiser 4 millions d'euros en seulement 5 semaines.

Alors, comment expliquer les gains observés dans ces différents secteurs de l’industrie Française ?

La réalité virtuelle pour réduire les erreurs de conception

Dans tous les secteurs industriels, et quel que soit le projet d’ingénierie, les erreurs de conception sont inévitables. Détectées trop tardivement dans la phase de développement, ces erreurs obligent les équipes à remonter toute la chaîne de conception (retour à la planche à dessin, modification du design sur CAO, création de nouveaux prototypes, nouveaux tests…) impliquant ainsi dépassement des délais et des budgets.

La visualisation virtuelle du prototype en 3D à taille réelle permet aux équipes d’appréhender de manière réaliste, dès la phase de conception, chaque élément d’un projet, les volumes, le design, les interactions des pièces dès la phase de conception... Associée à la possibilité de réaliser des simulations en conditions réelles d’utilisation, la réalité virtuelle permet ainsi de réduire drastiquement les erreurs de conception. Les différents spécialistes pouvant se réunir à chaque instant, même s’ils sont physiquement distants, dans une même espace avec la maquette virtuelle manipulable et modifiable en temps réel.

NVIDIA, fournisseur mondial de cartes graphiques, observe chez ses partenaires industriels utilisant la réalité virtuelle dans la phase de conception de leur produit, une réduction de 60 à 65% des erreurs de conception.

Autre valeur ajoutée, et au-delà des concepteurs, il n’est pas nécessaire de disposer de compétences techniques fortes pour appréhender un projet ou un produit pour les équipes qui devront, par exemple, le commercialiser ou en faire la communication interne / externe.

Quand toutes les parties prenantes d’une entreprise sont concernées et sont face à une réalité artificielle, tout le monde est en mesure de comprendre et de sentir l’intérêt d’un projet par l’expérience. La VR se révèle non seulement un outil particulièrement rentable pour travailler à plusieurs, mais aussi pour créer un dialogue fructueux entre les différents services d’une même entreprise comme pour impliquer les futurs utilisateurs dans le processus de décision. En amont par la conception concertée et naturelle ou en aval via des tests "grandeur nature", la réalité virtuelle et les technologies immersives apportent de nouvelles solutions pour créer un bénéfice à plusieurs dimensions.

La réalité virtuelle pour réduire le nombre de prototypes

Outil indispensable pour visualiser, tester, valider, décider en amont des processus de production, la maquette physique a longtemps été un préalable nécessaire dans l’industrie.

Coûteuse à réaliser avec un délai de fabrication pouvant aller de quelques semaines à plusieurs mois pour les projets les plus complexes, peu flexible d’utilisation à cause notamment de contraintes dimensionnelles – il suffit d’imaginer la maquette en bois d’un sous-marin pour s’en convaincre – ou tout simplement impossible à réaliser dans le cas de projets pharaoniques : ses limites ont progressivement contribué à laisser la place à des techniques immersives et collaboratives.

SEAT a ainsi réduit de 30% le temps nécessaire pour produire un prototype et de 50% le nombre de prototypes physiques produits. Selon le constructeur, "les industriels de nombreux secteurs, notamment les constructeurs automobiles et l'industrie aéronautique, ont constaté qu'un développement de produit nécessite quatre fois moins de prototypes physiques en moyenne."

Nous avons choisi de nous intéresser aux impacts positifs de la réalité virtuelle sur les phases de conception. Mais, au-delà, les technologies immersives représentent évidemment un outil précieux tout au long du cycle de production et de vie d’un produit : de la formation professionnelle, à l’anticipation des problématiques ergonomiques des postes de travail, en passant par la prévention des troubles musculosquelettiques (TMS), l’anticipation des procédures de maintenance, l’agencement des environnements industriels ou encore le marketing et la vente… La réalité virtuelle facilite les interactions entre les différents métiers des entreprises, rassemble les collaborateurs des grandes entreprises multisites éparpillés aux quatre coins du globe.

La revue de tous les bénéfices que les professionnels peuvent très concrètement et rapidement retirer de la réalité virtuelle pourrait s’apparenter à une série en plusieurs épisodes : au ROI évident se rajoute une série de bénéfices cachés propres à chaque organisation.

(1) Augmented and Virtual Reality in Operations, Capgemini, septembre 2018