Acquisitions en saga et multi-cloud : les tendances du marché pour 2019

Assise des géants de la tech sur le marché, complexité accrue des systèmes cloud des entreprises : 2018 a marqué l’entrée du cloud dans la maturité. 2019 promet de creuser ce sillon.

En effet, si les nouvelles réglementations mises en place par les gouvernements et la menace des pirates informatiques contraignent les entreprises à la plus grande vigilance, l’amélioration de leurs performances au moyen de cet outil restera néanmoins au cœur de leurs préoccupations.

Si vous avez entendu parler de cloud cette année, c’est sûrement à l’occasion d’une des acquisitions qui ont marqué 2018. Pour étendre sa présence dans le domaine du développement de logiciels, Microsoft a ainsi investi 7,5 milliards de dollars pour s’offrir GitHub, important référentiel d’hébergement de projets, de documentation et de code, très apprécié des développeurs et des entreprises. IBM a pris de court les observateurs de l’industrie en rachetant Red Hat pour un montant de 34 milliards de dollars. Ce qui représente la plus grande fusion d’éditeurs de logiciels de tous les temps et assoit surtout l’ambition d’IBM de renforcer son offre cloud tout en l’éloignant de son image dépassée de fournisseur de solutions d’infrastructure sur site et en renforçant un positionnement de contributeur open source global de manière explicite au-delà de la R&D et de la vague Eclipse des deux décennies précédentes.

La question des offres multi-cloud a également fait couler beaucoup d’encre cette année. VMware a racheté CloudHealth Technologies pour pouvoir bénéficier d’une plateforme de gestion multi-cloud clé fonctionnant sur AWS, Microsoft Azure et Google Cloud Platform. Cette décision traduit la volonté de VMware de donner à ses clients les moyens de gérer les coûts, l’usage, la sécurité et les performances du cloud depuis une interface unique. Le géant des infrastructures ne s’est pas arrêté à cette seule acquisition, puisque l’entreprise a également acquis Heptio - acteur majeur sur Kubernetes dont les fondateurs sont deux des trois créateurs de Kubernetes.  Poussant plus loin cette stratégie d’intégration et de partenariats, VMware a également fortement collaboré avec PKS et les réseaux de container, et a multiplié les synergies, avec Amazon notamment.

Deuxième tendance majeure observée en 2018 : la complexité technique grandissante pour les acheteurs et les utilisateurs. Fonctions, conteneurs, Kubernetes, "service mesh" et fusion croissante des datacenters avec les services cloud... autant de difficultés potentielles d’intégration et de sécurité. Autrefois loué pour sa capacité à simplifier la vie des entreprises, le cloud engendre aujourd’hui davantage d’obstacles. Et ce, sans compter l’augmentation des coûts informatiques liés à son exploitation.

De nombreuses entreprises semblent encore coincées avec leur patrimoine applicatif actuel qui n’est pas prêt pour le cloud. Les choix et les réelles adoptions s’en trouvent complexifiés au-delà de l’aspect infrastructure et automatisation, mais ils posent d’abord et avant tout la question de la valeur réelle de ces solutions pour les métiers dans le développement de leurs applications critiques et stratégiques.

Des outils performants pour garantir la sécurité

Pourtant, en 2019, l’expérience globale des développeurs en matière de déploiement fréquent d’applications restera un élément clé, avec l’automatisation des outils à leur disposition. En effet, le paysage actuel des cybermenaces risque de soumettre les équipes de sécurité à des pressions de plus en plus fortes : elles devront être en mesure de répondre rapidement aux vulnérabilités critiques, et d’appliquer des correctifs aux conteneurs de manière automatique. Comme nous l’avons vu en décembre dernier, lorsqu’une faille de sécurité majeure nécessitant l’application d’un correctif a été détectée dans Kubernetes, système d’orchestration des conteneurs cloud, les hackers n’hésitent plus à en tirer parti.

Les entreprises devront impérativement utiliser des plateformes applicatives capables d’automatiser et d’accélérer l’actualisation des conteneurs, afin de limiter le poids de ces menaces sur les épaules des membres de l’équipe informatique. L’automatisation devrait également permettre de réduire les erreurs humaines et de limiter le temps nécessaire à l’identification et la résolution des failles. À l’avenir, les entreprises doivent pouvoir compter sur des plateformes de pointe à même de corriger - en un minimum de temps - ces vulnérabilité sur toute la stack (OS, container, runtime et même frameworks applicatifs).

Vers davantage d’indépendance et d’agilité  

Depuis quelques années, les entreprises migrent de plus en plus leurs applications vers le cloud. Cette tendance devrait se poursuivre en 2019 avec le développement d’applications de type cloud-native devenant la nouvelle norme. Le recours au cloud hybride — combinaison du cloud public et d’une solution sur site — demeure une nécessité dans la mesure où les entreprises ne pourront pas migrer simultanément l’ensemble de leur portefeuille.

En 2019, les principaux fournisseurs de cloud public transféreront de plus en plus les technologies d’infrastructure de cloud public vers des datacenters privés. En dépendant d’une option unique, les entreprises courent le risque de voir leurs données, systèmes et applications pris en otage. Or ce qui a fait le succès du cloud, c’est justement la promesse d’une plus grande flexibilité et d’une réduction des coûts. Tout comme elles sont parvenues à se libérer du matériel avec la virtualisation, les entreprises pourront désormais utiliser des plateformes applicatives cloud pour s’affranchir des infrastructures sous-jacentes, et bénéficier de l’agilité initialement promise par la technologie. VMware dans le cloud Amazon et Amazon dans le datacenter privé, ou Azure & AzureStack illustrent déjà cette tendance. Il devient d’autant plus critique pour les plateformes applicatives et DevOps d’être multi cloud et d’être opérationnalisées comme telle.

L’année 2019 sera aussi marquée par la disponibilité générale de services cloud FaaS (Function-as-a-Service) basés sur Knative et Kubernetes. Avec le FaaS, il n’est désormais plus nécessaire de bâtir une infrastructure et d’en assurer la maintenance : des conteneurs sont automatiquement créés et détruits selon les besoins pour exécuter telle ou telle fonction. Il s’agit d’une approche particulièrement économique pour les charges de travail déclenchées par des événements, tels que par exemple l’IoT. Grâce à cette disponibilité générale, de nombreuses entreprises s’appuieront sur ce principe pour développer des logiciels. Mais le choix du bon niveau d’abstraction pour chaque application et architecture - container, application ou fonction - devient encore moins trivial.

2019 et au-delà : vers une poursuite de la polarisation du secteur

Enfin, les acquisitions, qui ont proliféré en 2018, ne manqueront pas de s’accumuler également en 2019. La plupart des géants de la technologie affichant de solides bilans, ils poursuivront leur politique d’acquisition en vue d’accroître leur croissance et de gagner des parts de marché. À court terme, les clients risquent de pâtir d’une plus grande complexité puisqu’ils devront passer par les différentes étapes du cycle des technologies à la mode (hype cycle) pour opérer leur transformation digitale et se moderniser. Les effets à long terme devraient toutefois être positifs, car les meilleures entreprises se concentrent déjà sur l’innovation pour améliorer leurs résultats et optimiser l’expérience utilisateur.