Après la VoIP, Cisco entend s'imposer dans le collaboratif

Après la VoIP, Cisco entend s'imposer dans le collaboratif L'équipementier réseau investit de plus en plus dans le développement logiciel. Derrière cette stratégie, le groupe cherche à se positionner comme acteur global des solutions de communication et de travail collaboratif.

Il est loin le temps où Cisco n'était qu'un équipementier réseau, proposant routeurs et commutateurs. Depuis la fin des années 1990, le groupe s'est beaucoup diversifié. Surfant sur les projets de voix sur IP et de convergence voix et données, la société a choisi assez naturellement de développer son offre sur le terrain la communication.

Créé en 1984, Cisco s'est fait connaître avec ses routeurs multi-protocoles permettant de connecter plusieurs types de réseau différents. Des produits qui embarquent un système d'exploitation propriétaire (IOS). A ce jour, le groupe demeure le leader incontesté du marché de la téléphonie sur IP (ToIP).

Aujourd'hui, l'offre d'équipements de Cisco s'étend également aux solutions de réseau privé virtuel et aux pare feu, au domaine sans fil (Wi-Fi), ainsi qu'au stockage en réseau (SAN). Dans son environnement de voix sur IP, le groupe avance notamment une plate-forme de communication unifiée - capable de gérer boites vocales, messagerie instantanée ou services de SMS. 

Pour enrichir sa gamme de produits, le groupe s'est lancé il y a trois ans dans une vaste politique de croissance externe. Parmi ses plus grosses opérations réalisées ces dernières années, il a notamment acquis le spécialiste de la visioconférence WebEx en mars 2007 (pour 3,2 milliards de dollars). Mais, Cisco préfère en général des rachats plus modestes. Des opérations qui présentent pour avantage d'être moins chères et plus faciles à gérer en termes de rapprochement d'équipes et d'intégration produits.

Depuis début 2005, le groupe a réalisé près d'une quarantaine de rachats, dans des domaines touchant de prés ou de loin à son positionnement. En 2007, Cisco a notamment acquis Securent (dans le contrôle d'accès), Navini (dans le WiMax), NeoPath (dans le NAS), et IronPort (dans le filtrage d'e-mail).

En 2008, ses acquisitions se situent sur des couches logicielles de plus haut niveau. Suite au rachat de WebEx, la société souhaitait renforcer son offre collaborative.  En août 2008, elle annonçait donc le rachat de PostPath (pour 215 millions de dollars) : un fournisseur de serveur de messagerie et de travail collaboratif basé sur Linux. Quelques semaines plus tard, c'était autour de l'éditeur de logiciels de messagerie Open Source Jabber de tomber dans son escarcelle.

La création d'une plate-forme de communication universelle

Les logiciels de Jabber seront intégrés à la suite de communication unifiée de Cisco et à son offre SaaS (Software as a Service), basées sur la plate-forme WebEx Connect application - qui permettait déjà d'organiser des conférences sur Internet et le partage d'applications et de documents. Même logique pour PostPath et ses briques de messagerie et d'agenda partagé. A terme, Cisco souhaite ainsi disposer d'une plate-forme complète de travail collaboratif en ligne. Il se place ici en concurrent de Microsoft, et se distingue des autres équipementiers réseau, Alcatel-Lucent ou Nortel.

Autre domaine d'attaque : celui du routage des messages XML , qui consiste à déléguer le support des architectures orientées services à la couche réseau. Un domaine dans lequel Cisco a acquis Reactivity fin 2007, suite à une première phase de R&D interne.

Mais, du côté de Microsoft, premier éditeur mondial de logiciels, Cisco se doit de ménager la chèvre et le chou. Le groupe lance régulièrement des initiatives communes avec la société. Dernière en date : un accord visant à intégrer les fonctions réseau de Windows Server (Active Directory, Microsoft Print Service, Microsoft Domain Name System Server) à l'un des boîtiers du constructeur, en vue notamment de faciliter l'administration à distance des réseaux d'agences.

Reste un domaine sur lequel Cisco mise la majeure partie de sa croissance : l'arrivée de la vidéo sur Internet et sur les réseaux mobiles, ainsi que la montée en puissance des réseaux IP pour la diffusion radio et télé. Une évolution que le groupe anticipe depuis quelques années déjà. Une stratégie qui avait notamment entraîné le rachat de de Scientific Atlanta en 2005 (pour 6,9 milliards de dollars) et de Kiss Technology. Deux acteurs spécialisés dans les réseaux IP  vidéo.

Pour l'heure, le géant affiche une santé financière au beau fixe. Les effets de la crise ne se font pas encore sentir sur ses résultats. Pour son quatrième trimestre 2007/2008, le chiffre d'affaires du groupe ressort à 10,4 milliards de dollars (en hausse 9,9%) et son bénéfice net à 2 milliards de dollars (+4,4%).

Pour l'année 2008, l'équipementier a vu son chiffre d'affaires croître de 13,2%, à 39,5 milliards de dollars et son bénéfice net également augmenter dans des proportions similaires (+9,8%), à 8,1 milliards de dollars.