ERP contre best of breed : le PLM à la croisée des chemins

Face aux acteurs de référence du PLM et autres spécialistes de niche, les parts de marché des géants des ERP progressent inéluctablement. Est-ce la fin annoncée des pure players et de leur approche Best Of Breed issue de la CAO ?

Mondialisation oblige, délocalisation, sous-traitance et externalisation sont au programme de nos sociétés industrielles. Cela renforce l'importance d'une stratégie produit efficiente et donc, informatiquement parlant, des systèmes PLM, Gestion du Cycle de vie Produit.

En témoignent pêle-mêle le taux de croissance annuelle à deux chiffres, le nombre de séminaires sur le sujet, la diffusion croissante de ces systèmes dans les PME/PMI, la stratégie prioritaire vis-à-vis du secteur d'IBM et la difficulté pour tout le monde de recruter des consultants spécialisés !

Quant aux acteurs de référence, comme les trois mousquetaires, ils sont quatre: Autodesk, Dassault Systèmes, PTC et Siemens ; ceci sans compter les spécialistes de niche et les géants des systèmes de gestion intégrée : Microsoft, Oracle et SAP dont les parts de marché progressent inéluctablement.

Est-ce la fin annoncée des Pure Players et de leur approche Best Of Breed issue de la CAO ?

A entendre les utilisateurs, il serait enfin temps de pouvoir bénéficier des synergies de ce fameux ERP maintenant opérationnel en bénéficiant à plein d'une IHM standardisée associée à une logique de conception unifiée et aux données gérées de manière centralisée.

Seul hic: mener la course au volant d'un monospace même puissamment motorisé n'est pas évident sur un circuit face à des Formule 1 ou hors piste contre des 4x4 spécialisés ! N'est pas Schumacher ou Loeb qui veut.

Pour l'informatique, pas de nécessité de nouveaux middleware, SGBDR et autres OS. Sans compter la facilité d'interface des différents modules avec les applications déjà en place et la stabilité des interlocuteurs et du support. Seule la "simple" activation d'options, accompagnée de quelques développements complémentaires et d'une pincée de services d'intégration, suffit. Et supposer démontrer qu'un lourd attelage à l'embonpoint marqué est plus agile et efficace pour franchir les obstacles qu'un destrier entraîné quotidiennement au concours complet.

Enfin, la direction des achats n'a aucun intérêt à mettre en concurrence de nouveaux acteurs, non référencés et à la solvabilité moins établie alors que les importantes remises en volume consenties par les mastodontes en place seront bien plus valorisantes et sécurisantes. Quant au résultat de l'éventuel futur benchmark sur le développement produit, il ne viendra pas avant quelques années !

L'histoire est un éternel recommencement, en informatique comme ailleurs. Avec un grand avantage : on y raisonne en trimestres au lieu de siècles. Il y a tout juste dix ans (une véritable éternité dans notre science), aidé par l'an 2000 et l'euro, un DSI fraîchement nommé était à deux doigts de clôturer le dossier du remplacement de la GPAO maison.

Le vieux système développé en Cobol et exploité sur un mainframe préhistorique allait enfin céder la place au PGI en mode Client - Serveur utilisant une base de données relationnelle sous Unix, cerise sur le gâteau bientôt Linux.

Lors du Comité de Direction chargé de valider le projet, le Président, peu au fait de technologie IT et autres considérations techniques, demanda alors qu'on lui cite les trois points qui allaient lui permettre de renforcer la réactivité commerciale lors de l'établissement de devis, la qualité de fabrication des produits et les délais de livraison aux clients. En résumé, le positionnement de leader de son entreprise industrielle. Où comment "Comprendre une question simple ne signifie pas pouvoir y répondre aisément !". Le projet en fut gelé.

Pour le PLM, l'erreur de barre est entre trois et cinq ans. Après l'euphorie grisante des premiers moments, des dossiers de remplacement des modules généralistes par des solutions typées du meilleur de la race apparaissent actuellement.