Jean-Marc Lazzari (Logica France) "Sur l'externalisation, nous enregistrons une croissance de 19% en 2009"

Face à la crise, la société de services informatique a su tirer son épingle du jeu en matière d'outsourcing. Le groupe affiche notamment des croissances confortables dans le BPO et la tierce maintenance applicative.

Au niveau mondial, Logica enregistre un chiffre d'affaires de 4 216 millions d'euros sur l'année 2009, contre 4 086 millions d'euros en 2008 (+3%). Sur une base proforma, le revenu du groupe baisse de 3%, et la marge opérationnelle s'établit à 7.5%. Le chiffre d'affaire tiré du conseil et des services professionnels accuse une baisse de 10%, à 2 645 millions d'euros. Une tendance qui est compensée par la progression de l'activité d'externalisation.

En France, le chiffre d'affaires 2009 s'élève à 901 millions d'euros, en progression de 10% comparé à l'année précédente (revenu en baisse de 2% sur une base proforma). La marge s'établit à 7.5% pour l'entité française.

JDN Solutions. Les résultats 2009 de Logica viennent tout juste d'être publiés. Quel est votre tout premier commentaire ?

Jean-Marc Lazzari. Ces résultats sont en ligne avec ce que nous avions annoncé, et ce malgré un contexte économique difficile pour notre secteur. Nous sommes parvenus à maintenir notre marge, à la fois au niveau mondial et en France. Nous affichons également un carnet de commandes en forte croissance. Au niveau du groupe, il progresse de 4%. En France, le carnet de commandes est supérieur de 32% à celui de 2008.

La pression sur les prix engendrée par la crise est-elle toujours aussi forte ?

Sur la première partie de 2009, la pression sur les coûts était importante. Nous avons fait face à des demandes de la part des services Achat de baisse de taux journalier pouvant atteindre 35%.

2009 a été l'année du renouvellement de la première génération des grands contrats d'outsourcing

Au second semestre, la situation s'est apaisée. Cette pression s'est transformée en une recherche de valeur ajoutée au moment de la signature ou de la renégociation des contrats. La baisse des coûts est passée au second plan. Les clients cherchent désormais à réaliser des économies sur le long terme via nos prestations, et à aligner leurs processus. Nous sommes de nouveau dans une dynamique de partenariat solide, et de recherche de profits et de gains communs dans la durée.

La crise a-t-elle contribué à renforcer les besoins des entreprises en matière d'externalisation ?

Sur l'externalisation, nous enregistrons une hausse de 9% des revenus du groupe sur 2009, et de 19% pour la France. Globalement, le carnet de commandes a progressé de 21% dans ce domaine comparé à 2008. Il est clair que la crise a ravivé la nécessité de réaliser des économies et a entrainé des besoins en matière d'externalisation informatique. 2009 a également été l'année du renouvellement de la première génération des grands contrats d'outsourcing. La plupart de ces contrats ont été décomposés en contrats de taille moyenne, et les acteurs qui étaient bien placés pour les gagner sur leur configuration d'origine n'étaient plus les mêmes à l'arrivée.

L'organisation de notre activité d'outsourcing a été optimisée pour nous donner toutes les chances de réussir dans la bataille. En France, nous proposons des ressources sur plusieurs niveaux géographiques : au niveau local au plus proche du client, et à travers les centres de services en France, au Maroc et en Inde. L'idée est de nous donner les moyens de répondre à la demande des clients avec la bonnes ressource, au bon endroit et au bon prix. Cette stratégie s'accompagne d'une politique d'industrialisation de nos processus. Elle nous permet aussi de répondre efficacement à la problématique de la raréfaction de certaines compétences.

Qu'en est-il des principales activités sur lesquelles vous êtes positionnées ?

Notre activité de BPO [ndlr : Business Process Outsourcing] enregistre une croissance forte en 2009 [ndlr : de 77 à 147 millions d'euros de 2008 à 2009]. Elle est tirée par des projets touchant à des fonctions transverses, comme la paie et la gestion des approvisionnements. La tierce maintenance applicative a également bien progressée [ndlr : de 624 à 742 millions d'euros] notamment à la faveur de consolidation de contrats de maintenance SAP.

Dans la finance, nous avons enregistré une baisse du chiffre d'affaires de 20% en 2009

Sur le management d'infrastructure en revanche, nous enregistrons une baisse de revenu. Le repli a été moins important en France du fait de notre forte implication en matière de conseil. Ce qui nous permet justement d'accompagner des chantiers d'externalisation complexes touchant à l'infrastructure. Ce type de projet implique des actions de transformation importantes, que nos équipes de consulting sont à même de suivre, à la fois du point de vue des processus métiers que de l'informatique.

Quelles sont les grandes tendances en matière de secteurs d'activité ?

Sur le secteur de la finance, nous avons enregistré une baisse du chiffre d'affaires global de 20% en 2009. En France, cet effet de la crise a été amorti par une activité beaucoup plus équilibrée en faveur du consulting. Mais également par une relation qui s'inscrit dans la durée avec les acteurs de la banque et l'assurance en France, notamment autour de contrats de tierce maintenance applicative. Dans d'autres pays comme la Hollande, les difficultés ont été beaucoup plus grandes. Dans les transports, l'impact a été important du fait de l'exposition de ce secteur à la crise.

Le secteur public quant à lui se porte bien. L'activité est poussée par plusieurs nouveaux contrats importants, mais également des renouvellements. En France, nous avons par exemple été retenu pour mettre en place le système de l'Opérateur National de Paye [ndlr nouveau système de paiement de la fonction publique], mais également par la Région Île-de-France pour l'Espace Numérique de Travail à destination des lycéens, ou encore pour un contrat avec le CNRS. 

Dans le secteur de l'Energie, nos revenus sont restés stables. Il s'agit d'un domaine historique de Logica sur lequel notre part de marché est dominante. En France, nous travaillons par exemple de près avec EDF. Nous avons une offre bien structurée dans ce domaine, qui va du consulting à la réalisation d'infrastructure. Cette position contribue à assoir notre crédibilité, y compris dans des périodes plus difficiles. En 2009, nous avons noté que les acteurs de l'énergie s'intéressaient de plus en plus à l'outsourcing, segment dans lequel ils étaient jusque là assez peu présents. Nous anticipons par conséquent d'importants projets sur ce terrain en 2010.

Quels sont vos objectifs pour 2010 ?

Nous avons réalisé d'importantes économies en 2009. Mais pour 2010, l'objectif est de reprendre résolument le chemin de la croissance organique. Nous allons chercher à accentuer notre présence sur les grands comptes et les contrats importants.

Dans cette optique, nous avons lancé une campagne de recrutement en France. Nous avons reçu quelque 4000 candidatures en quelques semaines. Elle va se conclure en mars par l'embauche de 200 personnes. Ces nouvelles ressources vont nous permettre de renforcer nos centres de services, et de répondre à notre carnet de commandes en toute sérénité.

Jean-Marc Lazzari est président de Logica France