Denis Dorval (Alfresco) "Les poids-lourds de l'ECM ont abandonné le champ de l'innovation"

L'éditeur Open Source en gestion de contenu mise sur l'ouverture et la facilité de mise en œuvre de sa solution pour faire la différence. Alfresco vise une introduction en bourse à moyen terme.

JDN Solutions. Quelle est votre analyse de l'évolution du marché ECM ?

Denis Dorval. Nous évoluons sur un marché très sain de l'ECM dont les besoins ne cessent de croître, aussi bien pour les clients issus du secteur privé que public. Aujourd'hui, le travail en entreprises se fait dans un environnement de knowledge workers où tout le monde est amené à produire du contenu, aussi bien à l'intérieur de l'entreprise qu'à l'extérieur.

Pour répondre à ces besoins de gestion de ce foisonnement de flux d'informations, l'offre historique ne suffit plus et continue d'ailleurs à ne pas satisfaire le marché qui met en cause les difficultés de déploiements, le manque de facilité de prise en mains et les coûts trop élevés.

Tous les poids-lourds du secteur comme EMC-Documentum et IBM, à l'exception de Microsoft qui reste un cas à part, ont abandonné le champ de l'innovation dans le domaine de l'ECM en cherchant uniquement à traire les bases installées de clients autrefois détenues par des éditeurs spécialisés qu'ils ont rachetés.

Pour faire la différence, nous ne misons pas sur la surenchère fonctionnelle mais sur la qualité d'une architecture récente et répondant aux impératifs d'ouverture et d'intégration à l'existant souhaités par les entreprises. Nous avons développé également une offre simple et accessible pour les administrateurs et les utilisateurs. Enfin, beaucoup de nos clients apprécient la mise en œuvre rapide avec un retour sur investissement beaucoup plus favorable que celui des autres offres du marché.

Quels types de projets ECM ont la cote auprès des entreprises et comment les convaincre de choisir vos solutions ? 

"Nous pensons atteindre les 100 millions de dollars de chiffre d'affaires d'ici 3 ans"

Les projets ECM les plus demandés sont assez classiques comme la numérisation des dossiers clients ou la gestion de la documentation produits et des factures. De nouveaux projets émergent également pour répondre à des pressions fortes des directions en particulier pour la production documentaire en environnement collaboratif.

On est passé à la vitesse supérieure par rapport aux outils collaboratifs des années 90 en étant influencé par les tendances émergentes en matière de plates-formes sociales sans pour autant avoir vocation à proposer des solutions complètes dans ce domaine. Notre stratégie est de nous appuyer sur des partenaires tel que Liferay, Jive ou encore Drupal pour adjoindre des fonctionnalités collaboratives et sociales à notre solution ECM. Nous sommes par ailleurs ouverts à d'autres projets d'intégration de cette nature.

Quel bilan tirez-vous des années crise et quelles sont vos perspectives 2011 ?

Sur l'exercice écoulé de mars 2010 à février 2011, nous avons enregistré 470 nouveaux clients entreprise ce qui est assez considérable compte tenu du contexte économique peu favorable que nous avons traversé. La croissance de notre chiffre d'affaires a été de l'ordre de 35% sachant que nous avions réalisé l'année précédente des revenus proche des 30 millions d'euros. Après 5 années d'existence, nous avons toujours enregistré une croissance forte de nos revenus et nous sommes d'ailleurs parvenu à dégager pour la première fois un bénéfice opérationnel.

Pour cette année, nous visons 40% de croissance car nous pensons avoir les moyens et un contexte marché favorable pour y parvenir. Nous allons continuer à recruter et à développer notre présence à l'international en ouvrant par exemple un bureau en Inde. La France reste un marché important pour nous et génère près de 10% de nos revenus avec une centaine de clients entreprise et une vingtaine de partenaires intégrateurs et distributeurs.

La communauté Alfresco est également très dynamique avec 2 500 membres qui contribuent un peu au code mais surtout aux extensions et modules et donnent les lignes directrices de notre orientation produit.

Nous avons en tout cas les moyens de nous développer seuls et n'avons pas besoin de recourir à une quelconque forme de financement. Pour autant, la trajectoire naturelle d'une société comme la notre est une introduction en bourse que nous estimons possible dans les 24 à 36 mois, quand nous aurons atteint les 100 millions de dollars de chiffre d'affaires et que nous dégagerons comme aujourd'hui des profits.  

Denis Dorval est vice président EMEA et APAC d'Alfresco.