Présidentielle : le Syntec Numérique entame son lobbying

Présidentielle : le Syntec Numérique entame son lobbying Crédit numérique pour les PME, récompense pour les entreprises socialement responsables, nouvel encadrement du télétravail... La chambre syndicale formule 10 propositions.

Il faut plisser les yeux pour voir les différences entre les propositions du Syntec Numérique et celles qu'a faites la semaine dernière l'Afdel, association française des éditeurs de logiciels. Le président de la chambre syndicale, Guy Mamou-Mani, le reconnaît d'ailleurs volontiers. C'est aussi la raison pour laquelle il lance un appel, et invite finalement "tous les acteurs du numérique" à joindre leurs forces pour cette échéance présidentielle.

 

Un acteur unique face à "beaucoup de travail ?"

Guy Mamou-Mani se dit d'ailleurs éventuellement prêt à s'effacer au profit d'un autre représentant pour mener le lobbying auprès des candidats. "Un acteur unique permettrait d'être plus facilement écouté et de mieux se faire comprendre" explique le président du Syntec Numérique.

"Et il faut dire qu'en la matière, il y a beaucoup de travail", poursuit-il, jugeant que la compréhension des enjeux du numérique, au sens large, de la part des conseillers et des politiques est actuellement "au niveau zéro". C'est du moins l'impression qu'il a eue après ses premiers entretiens.

 
Emploi : les propositions du Syntec Numérique
Proposition Bénéfice Valorisation
Source : Syntec numérique
1 - Un Crédit Impôt Recherche consolidé apportant de la visibilité aux investissements des entreprises Maintenir la R&D en France et augmenter l'attractivité des entreprises internationales du numérique pour investir en France Création de 50 000 emplois sur 5 ans dans le secteur Logiciels & Services
2 - Un crédit numérique PME Mesure nécessaire à l'intégration de la France dans le Top 5 des pays numériques (actuellement la France est en 20e position) L'opération est neutre pour l'Etat. Les gains escomptés en termes d'exports, de création d'emplois pour ces entreprises (estimation +0,3% du PIB) compensant la baisse de recettes consentie par l'Etat.
3 - Des filières de formation numérique pour tous Former des profils mieux préparés à intégrer l'ensemble des emplois des secteurs numériques, créer des emplois, favoriser la reconversion professionnelle. Création sur cinq ans de 50 000 emplois supplémentaires (Source : Contribution Syntec Numérique à France Numérique 2020) ciblant les jeunes et les reconversions professionnelles. Le coût de cette mesure est nul, il s'agit d'optimiser le recours au FPSPP (Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels) dans le cadre d'une filière industrielle, le numérique, à forte valeur ajoutée et à fort potentiel de recrutement.

 

"Sanctuariser" le Crédit d'Impôt Recherche

Hormis cette proposition originale de fusionner les forces, bon nombre des propositions du Syntec ressemblent, parfois au mot près, à celles de l'Afdel.

Par exemple, le Syntec propose également de "sanctuariser" le Crédit d'Impôt Recherche (CIR). "Il ne faut pas toucher à cette niche fiscale", insiste le président du Syntec Numérique qui demande également à ce que ce crédit d'impôt, dont les règles ont été modifiées plusieurs fois en quelques années, soit "stabilisé" et "pérennisé sur une durée minimum de 5 ans".

Toujours afin de permettre aux bénéficiaires, et notamment les PME, d'avoir une meilleure visibilité, l'assiette du CIR devrait également être "élargie". "Les dépenses éligibles au Crédit Impôt Recherche doivent intégrer les différentes étapes de la R&D jusqu'au lancement du produit", préconise le Syntec Numérique.

 

Un crédit pour le numérique dans les PME

Autre proposition pour les PME : la mise en place d'un "crédit numérique PME" pour accompagner leur investissement dans le numérique, qu'il s'agisse de développer un site internet ou de déployer un outil de CRM. "La réindustrialisation et la compétitivité de la France passe par là", explique Guy Mamou-Mani. Ce dernier s'étonne de constater que "l'Hexagone est dans le trio de tête au niveau européen sur les infrastructures, mais dans le bas du classement concernant les usages du numérique".

Des "formations numériques pour tous"

 

Pour doper la croissance du secteur numérique, le Syntec Numérique et ses membres souhaiteraient aussi voir se développer "des filières de formation numérique pour tous" qui permettraient de rencontrer "moins de problèmes" lors des recrutements. "Dans le secteur du numérique, nous rencontrons trop souvent des déficits de ressources, qui grèvent la croissance. C'est incroyable compte tenu du nombre de chômeurs en France", fait remarquer le président du Syntec Numérique.

 
Croissance économique de la France : les propositions du Syntec Numérique
Proposition Bénéfice Valorisation
Source : Syntec numérique
4 : Une reconnaissance des entreprises responsables valorisant leur capital humain Introduire dans les résultats de l'entreprise une prise en compte des critères sociaux qui doivent être considérés aujourd'hui comme un levier de compétitivité et de développement économique. Augmentation de 30% des emplois dans le domaine de la diversité sur 5 ans.
5 : Un réseau unique de l'innovation simplifiant l'accès aux dispositifs existants Aider les entrepreneurs dans leur recherche de financement, fixer les délais de traitement des dossiers et d'obtention des financements, renforcer le circuit d'accompagnement à l'exportation. Augmentation de 30% du nombre de création de nouvelles entreprises et une accélération de leur développement.

 

Un accès aux aides plus simple

"Le cap des 10 millions d'euros de chiffres d'affaires est très difficile à franchir pour les entreprises du numérique en France. Ce n'est pas la création de start up qui se porte mal dans notre payy", souligne Guy Mamou-Mani. Selon lui, simplifier l'accès aux aides et financements devrait faciliter l'évolution des PME vers des entreprises de taille intermédiaire.

C'est pourquoi la fédération propose de simplifier l'accès aux dispositifs existants via un "réseau unique de l'innovation". Le Syntec Numérique promeut, par exemple, l'idée d'un portail centralisé d'accès aux aides FSI, Oséo etc. Une proposition très similaire a été celle formulée par l'Afdel la semaine dernière.

 

RSE : récompenser les bonnes pratiques

Autre levier que le Syntec Numérique aimerait voir actionner pour stimuler la croissance des entreprises du numérique : la mise en place d'un système de bonus/malus qui viendrait récompenser les bonnes pratiques en matière de responsabilité sociale des entreprises.

Le président du Syntec Numérique estime "exemplaires" le recrutement des jeunes et l'intégration de la diversité notamment, dans le secteur. "Nous n'accordons pas d'importance à l'origine des postulants mais seulement à leurs compétences dont nous manquons parfois cruellement", fait-il valoir, expliquant que c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est opposé à la circulaire Guéant.

 
Transformation de la société : les propositions du Syntec Numérique
Propositions Bénéfice
Source : Syntec numérique
6 : Déploiement accéléré de l'e-éducation Favoriser l'accès à la connaissance, le soutien à l'enseignement pédagogique et la valorisation des contenus produits par les enseignants. Contribuer à la réduction de la fracture scolaire et à l'égalité des chances.
7 : Cadre de travail adapté au nomadisme numérique Moderniser l'organisation du travail, favoriser l'insertion professionnelle des salariés à mobilité réduite. Favoriser l'équilibre vie professionnelle/vie familiale et la réduction du stress. Contribuer à la réduction de l'empreinte carbone.
8 : Extension des services numériques à domicile Réduire la fracture numérique essentiellement pour les personnes âgées ou dépendantes. Favoriser la création d'emplois.

 

Revoir l'ensemble du cadre juridique en fonction du numérique

Au-delà de la croissance et de l'emploi, la fédération veut également mieux associer le numérique à la transformation de la société française. Le déploiement de l'e-éducation doit être "accéléré", et le cadre du travail "adapté" au nomadisme numérique.

"Le télétravail est parfois trop difficile à encadrer, il faut l'assouplir et revoir l'ensemble du cadre juridique en fonction du numérique. Comment expliquer aussi aujourd'hui que la télémédecine ne soit pas mieux remboursée ?", s'interroge le président de la fédération. Le Syntec Numérique souhaiterait également que les services numériques à domicile, comme la domotique, soient "étendus", notamment pour les personnes âgées, afin de "réduire la fracture numérique.

 
Efficacité de la dépense publique : proposition du Syntec Numérique
Proposition Bénéfice
Source : Syntec numérique
9 : Modernisation de l'Etat amplifiée par le déploiement des technologies du numérique Réaliser des économies d'échelle et garantir une bonne utilisation des finances publiques en rationalisant, mutualisant les back-offices, valorisant le travail des agents.
10 : Le numérique au service d'une relation entre l'Etat et le citoyen plus efficiente Poursuivre l'effort d'innovation dans les services aux usagers, générer des économies d'échelle en réduisant les coûts liés à la multiplicité des échanges sous forme papier.

C'est donc aussi l'Etat qui devrait, selon la chambre syndicale, mieux se moderniser via le numérique. Le Syntec Numérique salue ainsi la nomination d'un DSI de l'Etat français en février dernier, et souhaiterait que cette "DISIC" soit renforcée. Les impôts en ligne sont également un exemple à suivre.

"E-santé, e-administration, cette numérisation pourrait s'étendre à bien d'autres services, pour mieux détecter la fraude fiscale ou mieux encadrer notre patrimione... Il y a d'énormes économies possibles à la clé, il manque juste la volonté politique", conclut Guy Mamou Mani.