Les nouveaux métiers de la data

Chief Digital Officer, Product Manager, Chief Data officer... Qui sont ces nouveaux profils ? Le point

Le digital et la data bouleversent les entreprises en les obligeant à adopter une approche beaucoup plus transverse : les profils métiers doivent ajouter une corde technique à leur arc et réciproquement. La vision en silo a vécu et doit laisser place à une intégration forte entre les business units. De nouvelles compétences sont nécessaires, faisant émerger de nouveaux profils dont le point commun est la polyvalence. Mais ces profils sont encore rares sur le marché et font figure de mouton à cinq pattes…




Un Chief Digital Officer (CDO) pour transformer l’entreprise

De plus en plus d’entreprises ont recours à un CDO pour les accompagner dans leur transformation digitale (22% en 2015, 37% en 2016 selon un récent baromètre publié par le cabinet de recrutement Digital Jobs). C’est un profil de manager qui maîtrise les enjeux business et technologiques. Il est directement rattaché à la direction générale, parfois au Comité exécutif. Sa mission est triple : transformer, fédérer et piloter. Il doit opérer la transformation digitale de l’entreprise. Pour détruire les silos qui existent entre les directions métier de l’entreprise et la DSI, il a un rôle d’évangélisateur, doit se rapprocher de la Direction des Ressources Humaines pour accompagner la conduite du changement imposé par le digital et mettre en place la stratégie digitale de l’entreprise en accord avec le Comex.

Un Web Product Manager pour assurer le succès des applications

Le Web Product Manager a une triple expertise sur les compétences clés pour le succès d’un projet digital (business, tech et UX, User eXperience). Il coordonne ses équipes afin de livrer le bon produit dans les délais (utilisation de méthodes agiles comme SCRUM). Il s’assure que les fonctionnalités identifiées par le métier sont celles qu’attend le client (externe dans le cas d’une application servicielle du marketing ou interne dans le cas par exemple d’une application d’aide à la vente) et les priorise en concentrant les efforts des équipes de développement sur les fonctions vitales du produit (concept de MVP : Minimum Viable Product). Il a vocation à être transverse aux directions métiers (dans une Digital Factory par exemple) mais se retrouve parfois rattaché à la Direction Marketing.

Un Data Scientist pour donner du sens aux données

Un Data Scientist maîtrise trois compétences clés : l’algorithmique, la technologie et le business. Le business pour être capable d’identifier les analyses pertinentes à réaliser par rapport aux enjeux business de l’entreprise ;  la technologie pour récupérer la donnée souvent disparate et l’exploiter avec les technologies adhoc ; Enfin l’algorithmique pour donner du sens à la masse de données analysées. Les Directions Marketing ont besoin de ce nouveau profil pour donner du sens aux volumes colossaux de données clients qu’elles absorbent (identification d’ambassadeurs, segmentation, prédiction, etc.). Véritable mouton à cinq pattes, ce profil est très recherché, à tel point que McKinsey prévoit un déficit de 140 000 à 190 000 Data Scientists d’ici 2018 !

Un Chief Marketing Technologist (CMTO) pour choisir les bons outils

L’utilisation de la data à des fins marketing impose aux entreprises de mettre en place de nouvelles technologies pour collecter, analyser et activer les données. Traditionnellement, on s’adressait à la DSI pour gérer l’implémentation des nouvelles technologies. Le problème ? Les DSI n’ont pas toujours la vision marketing nécessaire, ce qui peut les conduire à choisir une solution technique inadaptée aux objectifs business de la direction marketing. En outre, la plupart des nouvelles technologies sont en SaaS (Software as a Service) et peuvent être déployées sans l’aide de la SI. Mais le nombre de solutions techniques a explosé avec des différences parfois subtiles. C’est le rôle du CMTO de choisir la bonne technologie, fort de sa double expertise marketing et technique. Il maîtrise l’écosystème complexe des technologies et dispose d’une vision claire de la stratégie marketing de la marque.

Un DevOps pour “webifier” la SI

Dans de nombreuses entreprises, la DSI se fait court-circuiter dans la mise en place d’applications web et mobile par les équipes métiers (vente, marketing, etc.). Les métiers se tournent vers des prestataires spécialistes du web pour deux raisons : ils sont plus réactifs et la DSI manque souvent de compétences « web ». Cette situation est d’autant plus dommage que les applications métiers se nourrissent de données hébergées… dans la DSI (par exemple dans un ERP). Il est donc urgent que les DSIs fassent entrer des profils experts du Web pour dialoguer avec les métiers et mettre à leur disposition la donnée sous formes de Web Services (ou APIs). Le DevOps répond à ce problème par sa double compétence de développeur web et d’administrateur réseau...

Un Chief Data Officer pour gérer la donnée

La digitalisation génère un afflux massif de données. Où les stocker ? Comment les activer ? Quelles contraintes juridiques ? Le Chief Data Officer a vocation à répondre à toutes ces questions. En effet, il a pour mission de relever et analyser les informations essentielles à la stratégie de l’entreprise afin de faire des reportings clairs et compréhensibles par le Comité exécutif. C’est un « couteau Suisse » qui travaille en collaboration avec la direction générale de l’entreprise mais qui est souvent placé dans la DSI.

Conclusion

Dans les prochaines années, les entreprises qui profiteront des opportunités de la data et du digital seront celles qui arriveront à attirer, former et retenir des profils “bilingues” métier / technologie, les seuls capables de briser les silos au sein de l’organisation et de faire parler entre elles les différentes BUs.