Réseaux sociaux d'entreprise : les solutions KM ont-elles encore un avenir ?

Réseaux sociaux d'entreprise : les solutions KM ont-elles encore un avenir ? Les RSE se dotent de fonctions en gestion de connaissances alors que les solutions KM tentent de se socialiser. L'un va-t-il cannibaliser l'autre ?

Qu'elles s'appellent blueKiwi, IBM Connections ou encore Yoolink, les solutions de réseaux sociaux d'entreprise (RSE) ou de "collaboratif social" sont de plus en plus nombreuses à mettre en avant leurs capacités en matière de gestion des connaissances.

C'est sans doute tout sauf le fruit du hasard. Car dans de nombreux pays en effet - et tout particulièrement en France - les problématiques de Knowledge Management, ou KM, sont prises à bras-le-corps par les entreprises depuis de longues années. En se positionnant sur ce créneau, les éditeurs de RSE mettent donc une corde supplémentaire - et bienvenue - à leur arc. Encore faut-il que les fonctions KM proposées soient complètes, ce qui est loin d'être une mince affaire.

"Communiquer, échanger ou organiser des évènements sont les fondamentaux des RSE, mais structurer, classer, hiérarchiser et assurer le workflow sont ceux des solutions KM, et aucun RSE ne pourra être identifié comme un outil KM s'il n'intègre pas ces fonctions de base", prévient Jean-Luc Abelin, Knowledge Manager au sein de Lafarge.

"Il y a encore très peu de sémantique dans les RSE et les systèmes de recommandations disponibles sont loin d'avoir montré leur efficacité, là où les solutions KM n'ont plus rien à prouver en termes de thesaurus, d'ontologies et de capacités d'analyse discursive", fait savoir de son côté Ali Ouni, PDG de Spectrum Group.

Au RSE le conversationnel et le relationnel, et au KM la structuration des savoirs critiques

Aujourd'hui, force est de constater que les solutions de réseaux sociaux d'entreprise ne se positionnent pas de façon aussi poussée sur ce terrain. Mais c'est loin d'être le seul handicap qu'elles doivent surmonter.

"Les RSE doivent respecter une certaine gouvernance de l'information afin que les contenus restent utilisables et transposables sans risques d'erreur. Car, dans une entreprise, le nombre d'experts sur un sujet étant limité. Or, un RSE très ouvert où chacun fait ce qu'il lui plait peut engendrer la publication de contenus erronés, et parfois même de grossières erreurs", alerte Jean-Luc Abelin.

Dès lors, peut-on dire que les RSE ont perdu la guerre face aux solutions historiques en gestion des connaissances ? Rien n'est moins sûr.

"Le principal, c'est que la solution RSE que l'on choisit réponde aux attentes KM de l'entreprise et que les fonctionnalités proposées collent aux objectifs et à l'utilisation que l'on souhaite en faire. Dans notre cas, Knowledge Plaza a répondu à nos attentes mais il semble que dans ce domaine Alfresco soit aussi une bonne solution", tempère Jean-Luc Abelin de Lafarge.

En parallèle, on observe également un glissement des solutions en gestion des connaissances vers le réseau social d'entreprises. C'est le cas par exemple de Knowings, qui lorgne depuis plusieurs mois vers le RSE et cherche à se positionner dans ce qu'il appelle l'ère du "KM hybride". Sans toutefois parvenir (mais sans doute n'est-ce pas là sa volonté) à se hisser au niveau des cadors du RSE sur des aspects liés à la gestion du conversationnel, du relationnel et du flux d'activité.

Avec chacun leur spécialité, les solutions spécialisées en gestion des connaissances et les réseaux sociaux d'entreprise n'auraient donc, a priori, aucune raison de se cannibaliser et entraver leur avenir mutuel."Une solution KM est orientée autour de l'acquisition de connaissances formelles là où le RSE permet de fluidifier la circulation de l'information", résume ainsi Ali Ouni.