Pourquoi Wikipedia est si bien référencé Wikipédia : des abus de SEO ?

josé da silva, consultant web chez résonéo.
José da Silva, consultant Web chez Résonéo. © Résonéo

Wikipédia ne cumulerait donc que les bonnes pratiques SEO, comme un parfait exemple à suivre à la lettre ? Certains aspects peuvent pourtant étonner. Il y en a au moins trois.

 Un abus de liens internes ? Cela saute aux yeux : Wikipédia multiplie les liens internes sur ces fiches. Par exemple, la fiche de François Hollande en contient 1 677, et celle de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, 4 000. Sur la partie de la fiche au-dessus de la ligne de flottaison, il y a donc moins de texte sans liens qu'avec. N'est-ce pas un peu excessif et éloigné des bonnes pratiques, voire suffisant pour motiver une pénalité ? Cela ne choque pas plus que cela les experts SEO interrogés.

"Les liens apportent de nouvelles informations, l'internaute peut cliquer dessus sans être déçu, ce n'est pas comme s'il y avait rien derrière", fait remarquer Aymeric Bouillat de NetBooster, qui y voit aussi là "un très bon maillage interne". Il concède cependant que cela pourrait être considéré abusif sur d'autres sites.

"Wikipédia peut se le permettre", pense aussi José da Silva (Résonéo), qui reconnaît aussi que certains liens, sans rapport direct avec le sujet, sont en effet abusifs. "Par exemple, le premier paragraphe de la fiche de François Hollande pointe vers la fiche 'Président de la République française'. Cela reste pertinent et cohérent d'un point de vue thématique. Cela l'est moins pour '12' et 'août' de sa date de naissance, qui pointent tout deux vers du contenu sans rapport avec la fiche initiale. Ces liens là peuvent être, à mon sens, en effet qualifiés d'abusifs ", analyse l'expert de Résonéo, qui souligne aussi que "les nombreuses autres bonnes pratiques viennent éclipser ces quelques éventuels excès "

parfois, il y a plus d'ancre de backlink (en bleu) que de textes bruts (en noir)
Parfois, il y a plus d'ancre de backlink (en bleu) que de textes bruts (en noir) sur les fiches de Wikipédia... © Wikipédia / Capture

 Un taux de rebond très haut ? L'encyclopédie en ligne offre souvent rapidement, en une page, la réponse cherchée par l'internaute sur Google. De quoi faire dangereusement grimper son taux de rebond, au sens de Google Analytics, et donc envoyer un mauvais signal au moteur. "Je n'ai pas de données confirmant cette hypothèse. En plus, cela dépend des habitudes de navigation, il n'est pas impossible que les internautes cliquent en fait assez souvent sur les liens internes ", fait remarquer José da Silva.

selon google analytics, un fort taux de rebond correspond à un nombre important
Selon Google Analytics, un fort taux de rebond correspond à un nombre important de visites se limitant à une page vue. © Olivier Le Moal - Fotolia.

Et puis, "cela reste un signal parmi d'autres à la disposition de Google, comme ceux émis par les Quality Raters ou le ratio impressions/clics qui peuvent être plus positifs concernant Wikipédia", rappelle Aymeric Bouillat.

En outre, un expert de l'agence Aposition avait déjà remarqué que le taux de rebond de Wikipédia pouvait bien être élevé, mais c'est dans ce cas un signe de crédibilité et de notoriété, donc apprécié par le moteur, comme le suggèrent d'autres indices, comme le temps passé sur la page ou le fait que l'internaute ne revienne pas sur la page de résultats de Google pour cliquer sur le résultat suivant.

 Enfin, dernier point : l'encyclopédie en ligne ne s'expose-t-elle pas à des pénalités pour cause de contenu dupliqué ? Il y a plusieurs cas de figure : pour le contenu similaire sur les différentes versions de Wikipédia (anglaises, française etc), "il n'y pas de risque car un contenu identique en plusieurs langues n'est pas considéré comme du contenu dupliqué", rappelle José da Silva.

Et lorsqu'un site copie le contenu de Wikipédia ? "Google a de nombreux moyens de reconnaître l'antériorité d'un contenu par rapport à un autre", signale aussi Aymeric Bouillat.

Mais dans le cas où c'est le contributeur de Wikipédia qui a copié, "il se pourrait bien que Google accorde une prime à l'autorité de Wikipédia", pense le consultant de NetBooster. "Wikipédia peut être mieux classé qu'un petit site spécialisé au contenu pourtant plus pertinent ou original, ce qui est d'ailleurs quelque part un peu injuste", regrette quant à lui José da Silva