Google Penguin 2.0 : un impact diversement ressenti en France

Google Penguin 2.0 : un impact diversement ressenti en France Si certains sites ont pu être sévèrement sanctionnés, d'autres pratiquant ostensiblement le Black Hat SEO ont pu bénéficier de la dernière mise à jour du filtre antispam. Réactions et analyses, à chaud, de plusieurs référenceurs.

Ces dernières semaines, Google avait répété que le prochain déploiement de son filtre antispam Penguin allait avoir plus d'impact que les précédents. De quoi faire peur aux SEO et webmasters qui gardaient en mémoire le séisme assez violent causé par le premier déploiement de Penguin, en avril 2012. Ce jeudi 23 mai, le moteur a déployé cette nouvelle version majeure du filtre, pour l'occasion baptisée Penguin 2.0, même s'il s'agit en fait du 4e déploiement.

Premières impressions, à chaud : "C'est moins violent que le premier Penguin de l'an dernier", estime Cédric Messoumian, qui gère Ranks.fr, un outil justement spécialisé dans le suivi des positions des sites Web sur les pages de résultats.

Ce n'est pas le seul à partager cette impression. Sur la cinquantaine de sites Web qu'elle a pu analyser à J+1, la SEO Marie Pourreyron, explique que, contrairement au premier déploiement de Penguin en 2012, presque aucun ne semble avoir été sérieusement impacté par ce nouveau filtre. "Or, dans ces moments-là, à défaut de les voir monter, ne pas voir ses sites descendre en flèche devient finalement une bonne nouvelle !", commente-t-elle.

Les récentes suroptimisations des liens et ancres dans le viseur ?

Pourtant, suite à l'arrivée de ce Penguin 2.0 ce jeudi 23 mai, le "serpomètre" de Ranks.fr, qui mesure la turbulence des pages de résultats de Google, a enregistré un impact rarement atteint, de force 8, sur 10. Certains sites ont donc pu ressentir une secousse violente. Le référenceur Sylvain Richard, de l'agence AxeNet, a ainsi pu observer des pages chuter dans les résultats générés par certaines requêtes concurrentielles : "Des pages internes ont pu dégringoler de dizaines de positions alors que des pages d'accueil n'ont pas chuté de plus que quelques positions", a-t-il pu remarquer.

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Google a déployé son filtre Penguin pour la première fois le 24 avril 2012. © Google + julien tromeur - fotolia

Comment ce spécialiste explique-t-il ce phénomène ? "C'est encore un peu tôt pour tirer des conclusions définitives, mais j'ai l'impression que des ancres trop optimisées, obtenues lors d'un travail de netlinking effectué ces six ou douze derniers mois, ont pu déclencher la pénalité de Google Penguin cette fois-ci." Que veut-il dire par "trop optimisé" précisément ? Des sites qui ont bénéficié ces derniers mois d'une trentaine de backlinks par mois, soit à peine un par jour, se sont fait pénaliser. Quant au profil de netlinking, ce spécialiste estime que les backlinks pointant vers certains des sites sanctionnés avaient à peine plus de 15% de leurs ancres optimisées.

"D'ailleurs, dans les pénalités que j'ai pu observer, ce sont bien les pages internes, fortement sanctionnées, qui avaient fait l'objet d'un travail assez récent d'optimisation des ancres, alors que la page d'accueil avait été moins travaillée, et affichait un profil de netlinking indéniablement plus naturel", analyse ce spécialiste. Ce dernier précise que certains de ses confrères, également fortement impactés, lui ont fait part d'expériences et observations similaires.

Comment Penguin a pu changer le SEO et le netlinking

"Ce Penguin 2.0 a pu être dévastateur pour certains. Mais si le séisme a pu être ressenti avec un peu moins de violence cette fois-ci, c'est peut-être parce que les SEO et webmasters ont été moins surpris que lors du premier déploiement du filtre", analyse le référenceur Aurélien Delefosse.

"Google Penguin a fait évoluer les pratiques SEO"

Arrivé il est vrai sans prévenir en avril 2012, le premier déploiement de Google Penguin voulait s'en prendre au Black Hat SEO et plus particulièrement aux sites vers lesquels pointaient des liens toxiques ou artificiels. "L'arrivée de ce filtre a aussi pu faire évoluer les pratiques en matière de netlinking. Dans les semaines qui ont suivi, certains référenceurs se sont mis à beaucoup hésiter avant de faire des liens. Peut-être que ce changement de mentalité a aussi pu leur permettre d'éviter d'être sanctionnés par ce dernier Penguin", poursuit Aurélien Delefosse.

Le Black Hat SEO récompensé ?

C'est étrange, mais après le déploiement, plusieurs professionnels du référencement rapportent avoir vu des sites clairement exposés à une sanction de Google Penguin ressurgir assez haut dans les résultats.  

C'est arrivé à Marie Pourreyron, qui admet avoir réalisé pour un site personnel quelques expérimentations de Black Hat SEO et générer de nombreux liens de manière ostensiblement artificielle – donc a fortiori l'exemple type de sites visés par Penguin. Cela n'a d'ailleurs pas raté. "Ce site était très bien positionné sur plusieurs requêtes rémunératrices, mais, l'année dernière, Penguin l'a fait plonger dans les abîmes des résultats de Google. Je l'ai totalement abandonné, mais il est revenu hier en deuxième page sur deux mots clés", s'étonne-telle. Sylvain Richard a aussi vécu exactement la même expérience, avec un site sévèrement, mais pertinemment pénalisé par Penguin l'année dernière, puis abandonné. Ce Penguin 2.0 l'a aussi fait réapparaître dans la deuxième page. Le moteur de Google a donc encore du travail s'il souhaite éliminer le spam de ces pages de résultats.