Hugo Mendes (Clover) "En quelques mois, Clover a analysé plus de 1 000 dossiers et investi dans huit start-up"
Vice-président du Medef et président d'Actual Group, Samuel Tual lance Clover, un fonds early stage evergreen de 30 millions d'euros dédié au futur du travail et de l'éducation. Le managing partner Hugo Mendes détaille le projet.
JDN. Clover naît alors que l’IA, la productivité et la santé au travail rebattent les cartes. Comment ce projet s’est-il concrétisé ?
Hugo Mendes. L’idée est née d’une rencontre avec Samuel Tual il y a un an. Il avait l’intuition que le travail vit un basculement majeur avec l’IA, l’automatisation, les nouveaux modes de collaboration et les enjeux de santé au travail. Avec Actual Group, il a passé plus de vingt ans au cœur de ces problématiques.
Nous avons passé six mois à structurer le fonds. Clover a commencé à investir dès mai 2025 : en quelques mois, nous avons analysé plus de 1 000 dossiers et investi près d’un million d’euros dans huit start-up. Nous avons une ambition : créer un investisseur capable d’agir très tôt, très vite et de s’appuyer à la fois sur l’expérience entrepreneuriale de Samuel Tual et sur une compréhension précise des transformations technologiques du travail.
Vous avez choisi de combiner investissement en direct et structure evergreen. Pourquoi ce choix ?
C’était un choix assumé et même fondateur. Samuel voulait être au contact direct des fondateurs, comprendre ce qui se construit et apporter plus qu’un chèque. Un modèle fonds-de-fonds ne lui permettait pas cette proximité. L’investissement direct lui donne une compréhension réelle du terrain et nous permet d’agir plus vite et de manière plus utile.
Le modèle evergreen a été construit dans la même logique. Sans horizon de sortie en dix ans, nous pouvons accompagner les fondateurs dans la durée, au rythme de leur croissance. Et avec un seul LP (le family office de Samuel Tual), la prise de décision est beaucoup plus rapide. Quand un dossier est aligné avec notre thèse, nous pouvons prendre une décision d’investissement en moins de 48 heures.
Vous affirmez vous concentrer sur le futur du travail. Comment formulez-vous cette thèse dans un marché aussi vaste ?
Nous partons d’une question simple : comment rendre le travail plus efficace, plus humain et plus durable ? Cela inclut les outils de productivité, les assistants IA, l’automatisation, les nouvelles formes de collaboration, mais aussi l’éducation, la formation et la santé au travail. La thématique est large, mais elle se structure autour d’une réalité : la manière de travailler se transforme partout, tout le temps.
Nos premiers investissements le prouvent. Nous avons soutenu un assistant IA pour les équipes commerciales en pré-seed, mais aussi une start-up dédiée à la santé au travail. Dans les deux cas, il s’agit d’usages très concrets, portés par des fondateurs qui exécutent vite. Le futur du travail n’est pas un concept théorique : ce sont des problèmes réels que vivent les entreprises et les salariés.
Vous avez étudié plus de 1 000 dossiers depuis mai. Qu’est-ce que ce dealflow dit de votre positionnement ?
Notre pertinence vient de deux ancrages complémentaires. Celui de Samuel Tual, d’abord : son rôle de vice-président du Medef nous donne une lecture terrain que très peu de fonds early stage ont. Comprendre ce que vivent les directions RH, les managers, les salariés et les grands groupes nous permet d’évaluer très vite si une solution a un vrai potentiel d’usage.
L’autre ancrage est technologique et international. Je viens du VC et j’ai un réseau dense d’entrepreneurs et d’investisseurs. Cela nous place très tôt sur les bons dossiers. Deux de nos premiers investissements viennent de Y Combinator. Ce volume confirme surtout que le futur du travail est l’un des terrains d’innovation les plus actifs.
Vous êtes présents aux Etats-Unis dès le lancement. Pourquoi aller aussi vite sur ce marché ?
Parce que les fondateurs y vont de plus en plus tôt. En 2024, selon le livre Winning in The US du fonds Index Ventures, plus de 60% des startups européennes projettent déjà une implantation américaine dès le pré-seed ou le seed, contre environ un tiers dix ans plus tôt. En parallèle, les Etats-Unis restent le premier marché du capital early stage, avec plus de 50 milliards de dollars investis par an, soit plus de la moitié du total mondial. C’est impossible à ignorer.
Clover doit accompagner ce mouvement. Nous avons investi dans deux start-up issues de Y Combinator, dont l’une fondée par des Français. Cela nous donne un accès immédiat aux réseaux américains : investisseurs, advisors, premiers clients potentiels. L’Europe reste notre base, mais pour les fondateurs qui ont l’ambition d’aller vite, l’international doit faire partie du projet dès le premier jour.