Mai-Lan Tomsen Bukovec (AWS) "75% des start-up du Next 40 ont recours au cloud d'Amazon"

La vice-présidente Block et Object Storage d'AWS revient sur l'activité du cloud d'Amazon en France et détaille sa stratégie autour du service S3.

JDN. Quel est désormais la position d'AWS en France ?

Mai-Lan Tomsen Bukovec est vice-présidente Block et Object Storage d’Amazon Web Services. © AWS

Mai-Lan Tomsen Bukovec. L'investissement réalisé par AWS en France est significatif (Amazon dispose d'une région cloud dans l'Hexagone répartie sur trois zones de disponibilité en Ile-de-France, ndlr). Nous allons poursuivre cet effort. Beaucoup d'entreprises françaises sont clientes de longue date, et d'autres sont en cours de migration vers AWS. 80% des groupes du Cac 40 ont recours à AWS, et 75% des start-up du Next 40.

Aux Etats-Unis comme en Europe, de plus en plus de nos clients, que ce soit des start-up ou des grandes entreprises, s'adossent à AWS pour opérer tout un pan de leurs applications et plus seulement quelques unes. Par ailleurs, nous sommes évidemment préoccupés par la situation dans le monde, et en France en particulier (lire l'article Comment le cloud français d'Amazon fait barrage au coronavirus, ndlr).

Quels sont les usages d'Amazon S3 qui progressent le plus actuellement ?

Amazon S3 fête son quatorzième anniversaire. C'est le premier service cloud lancé par AWS. Il s'agit de notre service le plus important et le plus populaire pour gérer les données non-structurées. Mais nos clients commencent désormais à recourir massivement à S3 pour mettre en œuvre des data lake.

Cette tendance ne concerne pas seulement les start-up. Elle concerne aussi les grandes entreprises. Toujours en France, Aramisauto (distributeur français d'automobiles comptant environ 550 collaborateurs, ndlr) vend un véhicule en ligne toutes les 5 minutes. Pour parvenir à ce résultat, cette société stocke 300 To de données et déploie du machine learning pour analyser et prévoir les comportements d'achat. Cela lui a permis de faire progresser ses taux de conversion de 20%. La configuration d'un pipeline data temps réel lui a demandé seulement 5 jours en utilisant le serverless sur AWS.

"Pour les providers tiers, l'API de S3 est devenue un standard de fait"

L'utilisation croissante de S3 dans le cadre de data lake nous a amené à lancer il y a un an Amazon S3 Intelligent Tiering. Ce service automatise la gestion de capacités dans S3. Nous appliquons instantanément des baisses de prix si les données stockées ne sont pas utilisées. C'était une demande de nos clients.

Quels sont les services AWS de base de données les plus utilisés sur S3 ?

Un nombre croissant de clients ont recours à Athena. Rappelons qu'il s'agit d'un service serverless conçu pour réaliser des requêtes SQL sur des données stockées dans S3. Idem pour le service d'entrepôt de données Redshift, ou encore Amazon ML en vue d'entrainer des modèles de machine learning via des data set d'apprentissage stockés dans S3.

Qu'en est-il de la stratégie d'AWS en termes d'API concernant Amazon S3 ? De plus en plus de clouds publics implémentent les spécifications de votre interface pour rendre leur propre service de stockage compatible avec le vôtre.

Pour les providers tiers qui souhaitent intégrer du stockage objet, l'API de S3 est devenue un standard de fait. Elle facilite l'utilisation de notre service à la fois pour nos clients et pour nos partenaires et leur permet gérer toutes leurs ressources sur S3. Notre objectif est de rendre cette API à la fois la plus riche mais aussi la plus simple à utiliser que possible. Là encore, nous sommes à l'écoute de nos clients en matière d'évolution. Mais en fin compte, des dizaines de milliers de clients utilisent AWS rien qu'en France. Et s'ils exploitent l'API de stockage cloud leader, qui est en plus reconnue comme la plus simple à utiliser aujourd'hui, ils contribuent à propulser leurs applications pas seulement maintenant mais aussi pour le futur vers lequel le cloud se dirige.

Quels types de workloads sont principalement utilisés pour traiter les données S3 ?

Amazon S3 est utilisé couramment que ce soit avec des instances EC2, des containers logiciels, type Kubernetes, ou encore des applications serverless basées sur Lambda. Nous avons d'ailleurs de plus en plus de clients de S3 qui peuvent s'orienter aussi bien vers des instances EC2 que des containers logiciels et des fonctions Lambda au regard du type d'application qu'ils souhaitent opérer.

Vous avez lancé fin 2019 l'offre Outpost, qui permet de déployer l'infrastructure AWS sur site. Quand Amazon S3 sera-t-il disponible sur cette nouvelle offre ?

Nous avons de nombreux clients intéressés par Outpost. C'est le cas notamment du gouvernement de Monaco qui envisage de recourir à ce service dans le cadre de la digitalisation de sa politique publique. L'objectif de la principauté est d'utiliser Outpost dans le cadre de son architecture de cloud hybride. Ce n'est qu'un exemple. Beaucoup d'autres clients sont dans ce cas. Ils prévoient d'évoluer vers le cloud, mais sont confrontés à des applications existantes qui doivent rester en local.  Ils ont par conséquent recours à Outpost en attendant que les applications concernées puissent évoluer vers le cloud.

Il est déjà possible de faire tourner sur Outpost des workload EC2, EBS (Amazon Elastic Block Store, ndlr), RDS (Relational Database Service, ndlr), ECS (Elastic Container Service, ndlr), EKS (Elastic Kubernetes Service, ndlr). Amazon S3 sera disponible sur Outpost d'ici la fin de l'année 2020.

Amazon S3 est-il disponible sur la première Local zone que vous avez lancée à Los Angeles ?

Les Local zone ont pour objectif de rapprocher les services AWS des clients en vue d'optimiser le temps de latence des applications. De ce point de vue, il s'agit d'une architecture de région cloud différente. Nous avons effectivement lancé une première Local zone à Los Angeles. Beaucoup de nos clients dans le secteur des médias et du divertissement, présents sur cette géographie, sont intéressés. Si nos clients expriment le besoin de disposer de S3 sur ce type d'infrastructure, il va de soi que nous nous pencherons sur le sujet.

Beaucoup d'entreprises utilisant la base de données Oracle se sont tournées vers votre offre... Que leur proposez-vous comme alternative ?

Nos clients utilisent la base de données Oracle pour différentes raisons. Pour ceux qui souhaitent remplacer Oracle comme base de données relationnelle, nous recommandons Amazon Aurora. Dans cette configuration, Oracle fournit le même niveau de performance et de taux de disponibilité que notre offre, mais c'est au détriment du coût imposé par le modèle commerciale et les contrats d'engagement qui vont avec. Par le biais d'Aurora, nos clients ont la possibilité de migrer vers les bases de données open source MySQL ou PostgreSQL, et ils peuvent le faire très rapidement. Certains de nos clients utilisent la base Oracle non pas comme base de données relationnelle, mais simplement pour le stockage. Ils peuvent alors se tourner vers S3.

Mai-Lan Tomsen Bukovec est vice-présidente d'AWS Storage. A ce titre, elle est en charge d'Amazon S3, Amazon EBS (Elastic Block Storage) et Amazon Glacier. Diplômée de l'Université de Californie, elle a travaillé neuf ans pour Microsoft où elle a notamment été à la tête de l'unité produit en charge de l'ingénierie du serveur web du groupe de Redmond (IIS). Elle a rejoint AWS en 2010 comme general manager d'Amazon CloudWatch, EC2 Auto Scaling, Amazon monitoring et Amazon Simple Workflow. En 2015, elle devient general manager d'Amazon S3 avant d'être nommée vice-présidente de l'ensemble activité Block et Object Storage en 2016.