OVH : un rapport de Bureau Veritas révèle les manques de la sécurité incendie du site de Roubaix

OVH : un rapport de Bureau Veritas révèle les manques de la sécurité incendie du site de Roubaix Après l'incendie des datacenters d'OVH à Strasbourg, le JDN publie un document de Bureau Veritas sur les problèmes de conformité de la protection incendie du site de Roubaix. Plus de 130 000 serveurs y sont hébergés.

Près d'un mois après l'incendie ayant ravagé les data centers strasbourgeois du fournisseur de cloud français OVH, le JDN a pu consulter - et publie - un rapport d'expertise de Bureau Veritas sur la sécurité incendie du site historique de Roubaix, où l'opérateur héberge plus de 130 000 serveurs. Ce document instructif, daté de janvier 2021 donc avant l'incendie de Strasbourg, a été rédigé dans le cadre de la régularisation administrative de l'exploitation des data centers installés sur le campus roubaisien. Instructif parce que cette étude de danger fait état de plusieurs problèmes et dévoile les coûts (salés) et le calendrier de la mise en conformité.

Salles de batterie

Premier constat notable, tous les locaux du site abritant les batteries - des éléments très sensibles aux incendies - ne respectent pas les conditions de résistance au feu minimales requises (cf. la page 24 du document). Après avoir listé ces conditions, Bureau Veritas écrit qu'elles "ne sont pas respectées pour l'ensemble des salles batteries à l'heure actuelle" et détaille deux axes d'amélioration nécessaires : "la remise en conformité des salles sur les aspects coupe-feu et le déplacement de certaines salles vers d'autres espaces respectant les contraintes réglementaires".

"Les locaux batterie de Roubaix 4 ne disposent pas d'une voie d'échelle"

Plus loin, à propos de l'accessibilité du site aux engins de secours, le rapport mentionne que "les locaux batterie de Roubaix 4 ne disposent pas d'une voie d'échelle" et précise que "l'intégralité des salles batteries est en cours de mise en conformité. Les salles batteries seront conformes à la réglementation ICPE en vigueur d'ici la fin de l'année 2022."

Poteaux incendie

Autre élément pointé du doigt par l'étude : le débit disponible en simultané sur trois poteaux incendie installés sur le site de Roubaix, soit 360 m3/h, est considéré comme "insuffisant par rapport aux besoins requis (420 m3/h)" par les installations. Il s'agit de poteaux incendie publics, le site d'OVH n'étant "actuellement pas équipé de poteaux privés". Pour pallier le problème, l'implantation de "bassins de confinement" est privilégiée.

Protection anti-foudre

"Cette installation peut être dangereuse puisqu'elle peut amener en cas d'impact la foudre directement à l'intérieur de l'édifice", écrit Bureau Veritas. © Bureau Veritas

Dans ses annexes, l'étude contient un rapport de 100 pages sur les dispositifs de parafoudre déployés pour protéger les centres de données d'OVH à Roubaix. Parmi eux, un paratonnerre à dispositif d'amorçage de marque Indelec a été installé sur un pylône à proximité du data center Roubaix 1. "Aucune prise de terre paratonnerre n'a été créée", constate le rapport.

De plus, aux abords des bâtiments Roubaix 2 et 4, en contradiction avec les bonnes pratiques du domaine, un câble de parafoudre, qui n'est d'ailleurs pas correctement protégé, se glisse sur une quinzaine de mètres à l'intérieur du data center Roubaix 2. "Ce câble pénètre dans le bâtiment puis remonte vers les bureaux. Cette installation peut être dangereuse puisqu'elle peut amener en cas d'impact la foudre directement à l'intérieur de l'édifice", prévient le rapport (cf. pages 38 à 43 du document).

Plusieurs autres anomalies sont relevées dans le rapport : les tableaux basse tension (TGBT) ne sont pas équipés de parafoudres de type 1 sauf ceux du centre de données Roubaix 7. "L'ensemble des TGBT et TGBT de secours du site de Roubaix devront être équipés de parafoudres de type 1+2", conclut le document. De même pour la centrale incendie principale de Roubaix 2.

2,9 millions d'euros... a minima

Le document précise également dans un tableau l'ensemble des coûts de mise en conformité. Au total, il en coûtera un minimum de 2,9 millions d'euros, dont au moins 2,5 millions d'euros pour le "bassin de confinement des eaux d'extinction incendie".

Extrait du rapport de Bureau Veritas. © Bureau Veritas

Nous avons contacté OVH qui a souhaité faire le point avec ses experts avant de commenter nos informations. Nous mettrons à jour cet article dès réception des commentaires de l'hébergeur. Retrouvez ci-dessous les deux documents dont sont tirées ces informations.