Le plan de soutien aux start-up a un goût de réchauffé

Le plan de soutien aux start-up a un goût de réchauffé Les 4 milliards d'euros promis par Cédric O face au coronavirus sont surtout des mesures déjà annoncées, ou des aides dont le versement sera accéléré. Seuls 80 millions d'euros de prêts sont vraiment nouveaux.

4 milliards, ou 80 millions d'euros ? Le secrétariat d'Etat au numérique a annoncé ce 25 mars un plan d'aide aux start-up impactées par le coronavirus de 4 milliards d'euros, mais qui comporte en réalité très peu de nouveaux financements. La principale nouveauté est une enveloppe de 80 millions d'euros, qui permettra à Bpifrance d'accorder des prêts (bridge) aux start-up qui devaient boucler une levée de fonds dans les prochains mois et se retrouvent bloquées, alors que les investisseurs en capital-risque gèlent les nouveaux investissements et se concentrent sur le soutient à leurs portefeuilles.

Ces prêts se feront sous forme d'obligations, qui pourront être convertibles en actions. "Ils ont vocation à être cofinancés par des investisseurs privés, constituant un total d'au moins 160 millions d'euros", précise le gouvernement. Un mécanisme qui devrait permettre à des start-up de diminuer le risque supplémentaire qu'elles demandent à leurs actionnaires pour les aider à survivre, puisqu'une partie des fonds nécessaires sera apportée par Bpifrance. La BPI investira au maximum à hauteur de 50 % de chaque opération, et systématiquement sous forme d'obligations convertibles, précise au JDN son directeur exécutif Paul-François-Fournier. "Pour les start-up que nous considérons comme stratégiques, nous convertirons ces obligations en capital en retour du risque pris. Mais cela restera très marginal", assure-t-il.  

Prêts de trésorerie et avances de PIA

Pour arriver au chiffre de 4 milliards d'euros, le gouvernement rappelle des mesures déjà annoncées au reste de l'économie, ou avance des financements déjà débloqués. Ainsi, les start-up peuvent bénéficier, comme les autres entreprises, de prêts de trésorerie garantis par l'Etat jusqu'à 90% par l'Etat. Une condition spéciale est toutefois accordée aux start-up : alors que les pour les autres entreprises, l'avance est basée sur 25% du chiffres d'affaires annuel, les jeunes poussent pourront choisir un autre critère : le double de leur masse salariale 2019. "C'est une manière de prendre en compte les spécificités des start-up, qui ont parfois de grosses masses salariales et réalisent d'importants investissements sans forcément générer de chiffre d'affaires," explique Paul-François-Fournier. Le gouvernement estime que ces prêts représenteront 2 milliards d'euros chez les start-up.  

Dans la même veine, les start-up pourront demander la restitution immédiate de crédits d'impôts, dont le crédit impôt recherche. Une mesure déjà annoncée par le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin et qui concerne aussi d'autres entreprises. Elle constitue, selon le gouvernement, une avance de trésorerie d'environ 1,5 milliard d'euros, qui précise que les services des impôts sont mobilisés pour débloquer ces demandes de remboursement "sous quelques jours". Les aides à l'innovation du programme investissements d'avenir (PIA) sont elles aussi avancées, avec le versement immédiat d'aides déjà attribuées, mais pas encore versées, estimées à 250 millions d'euros. Le remboursement d'avances fournies au titre du PIA sont décalés jusqu'à six mois.  

Tous ces mécanismes vont permettre aux start-up de s'offrir quelques mois de répit dans leur trésorerie avec un mélange de prêts et d'aides versées à l'avance. Il n'en reste pas moins difficile de parler d'un plan de 4 milliards d'euros pour les start-up, alors que seuls 80 millions d'euros leur sont spécifiquement débloqués, et sous forme de prêts.