Un parcours du combattant pour lever des fonds et continuer de développer sa start-up en pleine pandémie !

Mener à bien sa levée de fonds, de surcroît pendant la crise et en plein confinement relève du parcours du combattant, comme j'ai pu en faire l'expérience.

Alors que le Gouvernement a annoncé il y a deux semaines son plan de relance de l’économie, nous souhaitions témoigner afin de donner un peu d’espoir à d’autres start-up de la tech et du digital. Si la crise n’a pas épargné le secteur du numérique, elle l’a aussi dopé ! Nous sommes nombreux à avoir su affronter ces mois difficiles, au prix d’un télétravail forcé et de nombreux sacrifices. Voici notre témoignage, vrai et sans filtre, sur le parcours du combattant pour lever des fonds, de surcroît pendant une crise sanitaire et économique d’envergure internationale !

En temps "normal", lever des fonds n’est déjà pas une mince affaire…

Lever des fonds début 2020, tel était notre objectif en novembre 2019, bien avant la pandémie. On nous disait alors que le processus serait assez long, 6 mois au minimum !

Après des débuts assez timides, nous avions choisi de nous faire accompagner pour générer des données et des documents de présentation qui pourraient intéresser les investisseurs, en nous inspirant de parcours successful comme celui de Smart Recruiters. Une fois le deck final validé, il a plutôt bien fonctionné, nous nous disions, après avoir rencontré 5 fonds d’investissement en décembre, que tout serait bouclé en février ! Grossière erreur, même sans crise pandémique et sanitaire, le parcours d’une start-up pour lever des fonds reste un chemin long et semé d’embûches. Nous n’avions pas en tête qu’il ne faut pas passer 3 ou 4 entretiens avec un fond mais bien une dizaine avant de rassurer toutes les parties prenantes et d’aligner les planètes ! A chaque round, il faut se préparer pour arriver avec des données factuelles : segmentation client, panier moyen, taux de churn (attrition), adoption des utilisateurs, données sur le marché etc. Au final, en deux mois, notre deck de présentation est passé de 12 slides à 50 slides ! In fine, en mars 2020, nous signons avec Breega un termsheet (document synthétisant les points principaux du deal), cela devient pour nous plus concret, j’ai le sentiment, en tant qu’entrepreneur, que nous sommes à 95 % du deal final… Grave erreur ! Le plus gros reste à faire. 

… et le 16 mars 2020 : nous avons bien cru que tout allait s’arrêter là !

Alors que le Président annonce le confinement, nous déclarons la fin de cette période euphorisante d’hypercroissance économique. Le lendemain, nous prenons contact avec les cinq fonds intéressés, deux d’entre eux nous annoncent que tous les investissements sont gelés "en attendant de voir la suite des événements". Par chance, celui avec lequel nous avions signé le termsheet souhaite avancer, tout en précisant que rien n’est garanti à l’instant T. Il nous reste une présentation de notre start-up à un panel d’investisseurs à réaliser, ce que nous faisons en visio-conférence, avec succès !

Nous rentrons alors dans la phase finale de la négociation. La valorisation devient un sujet de discussion car, en raison de la crise, les risques se sont démultipliés depuis le termsheet signé. Il faut envisager toutes les hypothèses pour palier à tous les cas de figure. Après divers échanges avec mes associés, nous décidons de baisser la valorisation mais, en contrepartie, obtenons une augmentation du montant levé pour sécuriser notre activité, même dans le pire cas de figure. La négociation prend du temps, pas moins de deux mois à raison d’un call tous les deux/trois jours, et nous passons d’un termsheet de 12 pages à un accord de 200 pages. Après quelques aller-retours et semaines de relecture, je reçois, un vendredi soir, le "Shareholders agreement", chacun des actionnaires paraphe les cinquante pages, et le tour est joué. Nous sommes le 1er mai 2020.

Un espoir pour toutes les start-up du digital

Si cette première levée de fonds était déjà un baptême du feu. La pandémie et la crise nous ont contraint à redoubler d’effort, d’envie, à modifier notre manière de travailler, d’avancer et à nous montrer plus agiles et plus créatifs. Nous avons, juste avant l’été, recruté une quinzaine de nouveaux collaborateurs, de manière complètement digitalisée ! Un onboarding qui illustre bien ce "monde d’après" dont tout le monde parle ! Nous souhaitions témoigner d’une part pour "parler vrai" sur ce qu’est en réalité une levée de fonds, d’autre part pour apporter un peu de positivité en cette rentrée, rebooster chaque startupper qui doute ! Tout est faisable, surtout dans le domaine du digital qui a montré quelle était sa valeur ajoutée pendant cette crise !