La levée de fonds ne fait pas forcément la réussite d'une entreprise

Ce passage n'est pas incontournable et nombreux sont les points sur lesquels se concentrer avant de consacrer son temps à chercher des fonds.

La levée de fonds, une clef de réussite vraiment pas automatique. 620 startups ont levé un total de 5,4 milliards d'euros en 2020 selon Les Echos Entrepreneurs. A croire que la levée de fonds est un passage incontournable pour les jeunes entreprises. Mais ce passage est-il réellement obligatoire, voire, est-il un incontournable critère de réussite ? 

L’idée de récolter des millions fait rêver, le réaliser encore plus mais la levée de fonds n’est pas une fin en soi. Et pour preuve, nombreuses sont les entreprises ayant réussi à grandir de façon conséquente en ayant une approche orientée rentabilité et réinvestissement. 

Se focaliser sur l’essentiel

Obtenir des fonds. Le plus rapidement possible. C’est souvent le premier objectif des jeunes entrepreneurs qui se trompent de cible et qui pensent que ce sera facile. Or, l’important est de se focaliser sur son produit ou son service et avant toute chose, sur sa rentabilité.  Combien d’entreprises ont levé des millions et n’ont jamais atteint le break even, l’équilibre financier ? Prenons l’exemple de Take It Easy qui avait réussi à lever 16 millions en 2015 aux cours de deux levées de fonds et s’est retrouvée en redressement judiciaire l'année suivante, selon Le Monde. La startup Save quant à elle, levait 15 millions et annonçait son placement en redressement judiciaire moins de deux ans après. 

Garder la main sur la vision 

La logique de la levée de fonds impacte aussi la vision long terme, les prises de décision et la stratégie. Un fonds investit généralement avec un objectif de sortie à 5-7 ans ce qui impacte potentiellement les fondateurs. Ont-ils envie de revendre leur bébé, les prochains investisseurs seront ils en phase avec la vision ? Il faut être capable de garder le cap et à force de se diluer, on peut perdre le contrôle. 

"Il faut accepter que l’entreprise soit vendable en 5 ans et qu’on ne peut plus changer de projet ni de stratégie une fois la levée acquise", affirme Sylvain Tillon, co-fondateur de Tilkee et de LeBahut.

Les véritables clefs de réussite 

Pour qu’une entreprise soit pérenne, il n’y a pas vraiment de secret si ce n’est : rester focus sur sa clientèle, être clair avec ses besoins, avoir une approche frugale orientée sur son ROI, garder le contrôle et aussi, si il y a levée de fonds, choisir ceux qui apporteront finalement plus de valeurs que d’argent. Sur l’importance du modèle économique on ne peut qu’entendre Warren Buffet “J’essaie d’investir dans des sociétés d’une qualité telle qu’elles fonctionneraient même si un idiot les dirigeait. Car tôt ou tard cela arrive toujours.”

Alternatives au mythe d’une levée de fonds magique

Proposer des services, tenter des approches différentes, analyser l’expérience client et consommateurs, récolter des insights, miser sur quelques actions marketing et communication avec les moyens « du bord » sont les multiples actions sur lesquelles une jeune entreprise peut se concentrer avant de penser à lever des fonds, pour mieux revenir auprès des investisseurs, avec de réels besoins, en ayant réfléchi à plusieurs leviers.

Les entrepreneurs peuvent aussi développer un produit de façon agile, c’est-à-dire, un MVP (Minimum Viable Product), et présenter la preuve d’un produit scalable à qui voudra bien leur confier des fonds. Les solutions de NoCode permettent de développer la v1 d'une application sans avoir une équipe de développeurs, peuvent être une bonne approche pour tester son modèle et aller chercher ses premiers clients. Plus besoin de débourser plusieurs dizaines de milliers d'euros.

Une autre approche couramment utilisée pour se financer consiste à lancer en premier une action de conseil qui ne nécessite pas ou peu de mise de départ. Avec le cash généré on pourra investir dans un produit qui lui nécessitera du temps et de l'argent pour arriver à un stade utilisable. Les activités de service permettant alors de financer le développement. 

Pour Adrien "Avec l'activité de deux.io nous avons identifié des manques en terme d'outils sur le marché et l'activité de conseil a permis de financer le développement de notre outil LaGrowthMachine."

Et si finalement ?

Toutes ces stratégies peuvent permettre d’optimiser voire de se passer sur une période de lever des fonds mais certaines approches nécessitent dans leur ADN de beaucoup de ressources avant d’atteindre la rentabilité. Des entreprises comme Indy (ex Georges) ou Payfit ont besoin de financer leur développement car les abonnements sont très faibles et mettent du temps à être rentables. Avec un bon produit le churn sera bas et donc la rentabilité sera au rendez-vous plus tard. Pour des entreprises de ce type, la levée est indispensable.

Pour beaucoup d’autres modèles entre le fait de surfer sur des stratégies agiles, toujours avec un focus ROI et en ouvrant d’autres canaux d’auto-financement peut permettre de repousser ou même de ne pas avoir besoin de lever des fonds. Cette éventuelle levée de doit être réalisée à un moment opportun : l'entreprise doit être lancée et rentable. L'action permet alors de créer de la valeur.

La levée de fonds n’est donc pas nécessairement la clef de la réussite. La clef, c’est se concentrer sur l’essentiel, aborder son projet sans œillères, l’important est d’avoir les ressources nécessaires pour prétendre à réussir autrement.