L'économie circulaire : un élément essentiel de la relance économique

Au début de la crise du Covid-19, la Commission européenne a adopté son dernier plan dédié à l'économie circulaire avec de nouvelles ambitions pour l'Europe et pour objectif la neutralité carbone d'ici 2050. Ce plan, qui s'inscrit dans le cadre du Pacte vert pour l'Europe lancé fin 2019, poursuit et renforce l'action de Bruxelles en faveur de l'économie circulaire.

Mais pour la plupart des individus, le principe de l'économie circulaire reste flou. La pensée collective se nourrit de la bataille continue entre les défenseurs de l’environnement et les entreprises. Où un camp veut voir l'environnement préservé et protégé, tandis que l'autre donne la priorité aux profits. Mais en fait, l'économie circulaire réunit les deux, offrant des gains économiques et environnementaux.

Pour d’autres, l'économie circulaire est simplement le passage au zéro déchet ou la transformation des déchets en objets utiles. Cependant, cette interprétation est incomplète et passe à côté des aspects les plus puissants de l'économie circulaire et de son potentiel à transformer le fonctionnement de notre économie.

La réconciliation de la croissance économique et de l'environnement

Selon le ministère de la transition écologique, l'économie circulaire est un concept économique dans le domaine du développement durable, dont l'objectif est de produire des biens et des services en limitant l'utilisation et le gaspillage des matières premières, de l'eau et des sources d'énergie. Le concept s'articule autour du déploiement d'une nouvelle économie circulaire plutôt que linéaire, basée sur un principe de « bouclage » en ce qui concerne les produits, les services, les déchets, les matériaux, l'eau et l'énergie.

L'économie circulaire examine toutes les options de la chaîne de production afin d'utiliser le moins de ressources possible au départ, maintenir les ressources en circulation le plus longtemps possible, tirer la valeur maximale pendant leur utilisation, puis récupérer et régénérer les produits en fin de vie. Cela signifie qu'il est nécessaire de concevoir des produits qui durent longtemps et qui sont réparables afin que les matériaux puissent être facilement démontés et recyclés.

Une solution pour la pénurie des matières premières et pour la réduction des émissions de CO2

Les prix des matières premières flambent, et les ressources naturelles ne sont pas inépuisables. La remise à neuf et la re-fabrication offrent une solution face à ces deux enjeux. Selon l’architecte Suisse Walter Stahel, qui est à l'origine du concept d'économie circulaire, si un homme d'affaires suggère d'ouvrir une usine de fabrication pour gagner de l'argent, il faudrait lui répondre qu'il peut gagner cinq fois plus en ouvrant une usine de remise à neuf.

De plus, l'économie circulaire pourrait contribuer grandement à la réduction des émissions de carbone. Selon un rapport du Carbon Trust, du réseau de transfert de connaissances d'Innovate UK et de l'université de Coventry, la refabrication utilise généralement 85 % d'énergie en moins que la fabrication et, à l'échelle mondiale, elle pourrait compenser plus de 800 000 tonnes d'émissions de CO2 par an.

Comment mesurer les avantages d'une économie circulaire

Les bénéfices de la transition vers l'économie circulaire peuvent être évalués à différents niveaux. Tout d'abord au niveau global, l'économie circulaire permet de déconnecter la croissance de la valeur économique de la consommation de matières premières et des ressources énergétiques. Elle génère donc moins d'externalités négatives et produit des bénéfices environnementaux. Ensuite, au niveau local, elle permet de relocaliser certaines productions, offre de nouvelles opportunités d'emploi et améliore la balance commerciale. Enfin, en ce qui concerne les entreprises, elle est source de nombreux avantages ainsi que pour les consommateurs. Pour les entreprises, elle assure l'accès aux ressources et permet de se prémunir contre la volatilité des prix ou des pénuries de matières premières tout en créant de nouvelles opportunités. Pour les consommateurs, elle permet de passer d'une consommation basée sur l'utilisation à une consommation basée sur la possession, donnant ainsi accès à des services innovants à bas prix.

Le développement de l'économie circulaire passe aussi par la mesure de son efficacité, tant au niveau macroéconomique que microéconomique. Par conséquent, dresser un constat sur l'économie circulaire nécessite l'adoption d'indicateurs objectifs et fiables. Au niveau macroéconomique, il permet d'évaluer la relation entre la croissance du PIB et la consommation domestique de matières premières ou les émissions de gaz à effet de serre. Certains pays montrent la voie, comme le Danemark avec la ville portuaire de Kalundborg, tandis que d'autres s'engagent à s'améliorer, comme la Chine qui a introduit un indicateur de circularité dans son dernier plan quinquennal national.

Mais l'économie circulaire n'est pas simplement une question d'addition de bonnes pratiques prises individuellement. L'intégration de la chaîne de valeur et la coopération entre les différentes parties prenantes sont essentielles à l'élaboration de réponses systémiques aux enjeux du XXIe siècle. Ces piliers ne peuvent et ne doivent pas être considérés indépendamment les uns des autres. Par exemple, l'éco-conception, l'écologie industrielle contribuent de manière significative à l'allongement de la durée de vie des produits et au recyclage. De même, l'approvisionnement durable et la consommation responsable dépendent de l'utilisation de produits durables ou recyclés. Le développement de l'économie circulaire implique que les acteurs politiques, civils et économiques adoptent des engagements réciproques qui prennent en compte le moyen terme et non les seuls impératifs immédiats du marché.