Karine Dussert-Sarthe (Orange) "Cela fait plus de cinq ans qu'une équipe chez Orange est dédiée au métaverse"

Le Journal du Net est partenaire du Mastercard Innovation Forum 2022, prévu le 8 décembre à Paris. A cette occasion, Karine Dussert-Sarthe, vice-présidente exécutive chez Orange, expliquera les enjeux que représente le métaverse pour le groupe.

Karine Dussert-Sarthe, vice-présidente exécutive chez Orange. © Orange

JDN. Vous interviendrez le 8 décembre lors d'une table ronde intitulée "Métaverse, phénomène de mode ou vraie opportunité pour les marques ?". Vous vous positionnez en faveur de la technologie. En quoi le métaverse représente une réelle opportunité pour Orange ?

Karine Dussert-Sarthe. Chez Orange, nous estimons que le métaverse n'est pas qu'un phénomène de mode mais une révolution aussi importante que l'usage de la vidéo sur le mobile. C'est un usage sérieux, qui regroupe un écosystème important, mais tout est encore à inventer pour lui donner forme. Car il n'y a pas qu'un seul métaverse, ce dernier est pluriforme. C'est donc le bon moment pour s'emparer du sujet et comprendre comment répondre aux mieux aux attentes des consommateurs. Orange travaille sur le sujet, notamment avec la GSMA, pour réfléchir aux possibilités et s'affirmer comme un acteur majeur dans ce domaine sur la scène mondiale.

Quels sont les principaux enjeux du métaverse pour le groupe ?

Il y a deux axes majeurs sur lesquels Orange doit travailler. Le premier concerne évidemment le réseau. En tant qu'opérateur, Orange doit offrir l'accès à cette technologie immersive, les réseaux devront donc être dimensionnés pour les usages du métaverse. Cela signifie avoir une bonne capacité de trafic et une faible latence. On l'a vu avec la réalité augmentée, s'il y a un décalage entre le mouvement et l'adaptation de l'environnement virtuel, l'expérience ne fonctionne pas (certains utilisateurs en ressentent des nausées, ndlr). Deux connectivités seront les piliers du métaverse : la fibre au domicile et la 5G en mobilité. Selon nos hypothèses, le monde virtuel va se superposer au monde réel. Par exemple, en marchant en ville, un utilisateur pourra voir des éléments virtuels apparaître, grâce à des objets comme des lentilles de contact mais non plus par smartphone. Nous travaillons avec plusieurs acteurs du marché, principalement américains car ils sont plus avancés sur le sujet, pour rendre les réseaux adaptables aux futurs besoins des clients.

Quant au deuxième axe…

Tout reste à inventer dans le métaverse. Notre enjeu est donc, je le répète, de comprendre ce que veulent les consommateurs. Nous avons mené une étude auprès de nos clients, dont je pourrai donner quelques chiffres pendant la conférence. Je peux déjà vous indiquer que 40% des clients estiment que le métaverse sera essentiel dans leur vie en 2030. La génération Z, adepte de jeux vidéo, occupera fortement le terrain du métaverse, pour plus d'un tiers. C'est un chiffre important, on se doit donc de s'intéresser à leurs expériences dans le métaverse. Cette technologie va contribuer à renforcer les liens entre la marque et les consommateurs. Nous avons déjà quelques briques, comme des chatbots, la prochaine étape sera de les transposer dans le métaverse.

Quels sont les moyens investis par Orange dans le métaverse pour répondre à ces enjeux ?

Cela fait déjà plus de cinq ans qu'une équipe est dédiée à ce sujet, avec des experts étudiant les usages à venir et leurs impacts sur le réseau. Nous avons également investi début 2021 dans un fonds américain spécialisé dans la réalité virtuelle, ce qui nous donne accès aux start-up de l'immersif qui y sont accélérées. Nous avons également une première expérience immersive disponible depuis février 2022. Il s'agit d'une projection faisant visiter pendant 45 minutes la cathédrale Notre-Dame, de sa construction jusqu'à l'incendie. Les visiteurs peuvent évoluer par eux-mêmes sur les 200 mètres carrés du lieu de projection à La Défense, voir les autres participants autour d'eux tout en observant la projection. Cette expérience est aujourd'hui possible en faisant porter aux participants un sac-à-dos opérant le processing des données en edge computing. Le challenge, demain, sera d'effectuer cette opération dans des micro data center. Nous travaillons pour aller plus loin et proposer une nouvelle expérience lors des JO 2024.

Diplômée d'HEC, Karine Dussert-Sarthe est vice-présidente exécutive chez Orange et dirige les équipes groupe marketing produit, design et open Innovation. Elle a été nommée en septembre 2019, après avoir occupé des fonctions de direction au sein de diverses entreprises, notamment Telstra, SFR, Match Group et Orange France. Au sein d'Orange Innovation, Karine Dussert-Sarthe et ses équipes travaillent activement pour les 26 pays du groupe Orange sur les produits et les services de demain. En particulier, son équipe est focalisée sur les usages de demain autour de l'immersif et du métaverse, rendus possibles par la connectivité 5G et la fibre, mais aussi sur la nouvelle génération de services de la maison. Karine Dussert-Sarthe est également en charge de l'open innovation et de l'accélération des start-ups au sein du groupe Orange.