Sanctions contre la Russie : les grandes plateformes crypto face à la crise

Sanctions contre la Russie : les grandes plateformes crypto face à la crise Blocage, pas blocage mais lutte contre le blanchiment, ou ouverture totale, les plateformes crypto n'ont pas toutes la même attitude vis-à-vis des investisseurs russes depuis le début de la crise.

L'invasion de l'Ukraine a aussi des impacts sur la blockchain. Comme d'autres entreprises, les principales plateformes doivent faire le choix de bloquer leurs activités russes ou se plier aux exigences des régulateurs. La parade trouvée par la finance décentralisée n'est pas le blocage total, mais plutôt la surveillance accrue des comptes présentant des risques d'activité criminelle, chapeautée par les sociétés d'audit (Elliptic, Chainalysis) qui se positionnent en partenaires financiers et conseillers.

Alors que les citoyens russes ont échangé plus d'un milliard et demi de roubles contre du bitcoin dans la première semaine de l'invasion de l'Ukraine, le rôle des crypto-monnaies n'a jamais été aussi politique. Les devises ether et le stablecoin Tether font aussi l'objet d'une frénésie d'achat. En face, les plus grandes plateformes d'exchange comme Binance et Coinbase affichent une attitude distanciée face à l'événement. La première a confirmé le gel des avoirs de 25 000 comptes russes présentant des risques de blanchiment d'argent, et le géant chinois Binance affirme ne pas avoir l'autorité nécessaire pour bloquer des comptes, à moins qu'un gouvernement ne l'y autorise. DMarket, une plateforme ukrainienne de NFT, inverse la tendance en coupant tout à fait ses liens avec la Russie et la Biélorussie et en interdisant l'utilisation du rouble sur son site. Mais des portes restent ouvertes aux investisseurs russes. Depuis début mars, on a pu observer des flux très importants de cryptos de la Russie aux Emirats Arabes Unis, pays qui pratique des contrôles modérés. L'achat d'appartements luxueux à Dubaï par des oligarques confirme cette tendance récente de fuite des capitaux. 

Le respect des sanctions devient un business

Dans cette lutte contre le contournement des sanctions, les grandes plateformes distinguent les petits investisseurs des comptes possédant plusieurs millions de dollars en crypto. Selon Elliptic, il existe aujourd'hui plus de 400 plateformes crypto qui autorisent l'achat en roubles, ainsi que 15 millions d'adresses reliées à des activités illicites comme le blanchiment d'argent. L'objectif actuel des acteurs de la finance décentralisée (DApps, DEX et DAO) est de pouvoir filtrer et suspendre les transactions jugées illicites. Une volonté qui entraîne la création d'un nouveau marché. Chainalysis, société d'audit spécialisée dans la crypto, déploie par exemple deux outils gratuits pour aider les entreprises à satisfaire leurs besoins KYC, dont une API qui permet aux utilisateurs de voir s'ils font des transactions avec des comptes litigieux. Le but à long terme est de dresser un éventail des meilleures pratiques et de proposer des solutions payantes pour aider la régulation de la finance décentralisée.

Le régulateur européen tente un coup, les Etats-Unis envisagent une futur crypto

La galaxie bitcoin a su profiter malgré elle de la crise en Ukraine avec un bitcoin qui s'est approché des 40 000 euros la semaine dernière. Mais les autorités financières européennes ont vu une fenêtre de tir pour taper sur la galaxie crypto. La Commission parlementaire MiCa (Markets in Crypto-Assets), qui s'est tenue le 14 mars, avait pour but de trancher sur l'interdiction du minage et la question du proof of work, éléments jugés problématiques pour l'environnement. Les propositions n'ont finalement pas abouti et laissent du répit à la communauté blockchain dont la priorité numéro un est de parvenir à la transparence des transactions. Du côté américain, l'enjeu est tout autre, avec un Joe Biden qui voit les crypto-monnaies comme le futur du dollar, avec un projet de CBDC (Central Bank Digital Currency) qui s'annonce comme un dollar numérique, à mettre en place à l'horizon 2025.