Yieldzard, un mauvais conte de fée crypto

Yieldzard, un mauvais conte de fée crypto Plus de 900 000% de rendement annuel, telle est la promesse de ce nouveau protocole crypto. Une promesse intenable mais qui vaut la peine que le JDN s'y attarde, tant elle illustre les mauvaises pratiques d'une minorité qui nuit à la majorité.

Magiciens ou charlatans ? Le protocole crypto Yieldzard, dont le symbole est un sorcier à lunettes, a été lancé le 7 avril 2022 et propose aux investisseurs un rendement de 2,53% par jour, soit 918 757,58% sur un an. Du jamais vu sur tous les protocoles crypto confondus. Malgré sa proposition alléchante, le Yieldzard n'ensorcèle pas grand monde : le 2 juin seulement 947 dollars du token associé, le YLZ, ont été échangés. 664 investisseurs ont placé leur argent sur la plateforme depuis son lancement. Le 10e plus gros détenteur ne possède que 124 dollars de YLZ d'après BscScan.  

Un rendement aussi élevé fait en réalité fuir la plupart des investisseurs expérimentés. Le JDN a récolté l'avis de deux d'entre eux. "Le protocole n'existe pas, il n'a pas de fonction", assène Frédéric Montagnon, fondateur d'Arianee, une plateforme de NFT. "Il n'y a rien de mathématique ni d'économique derrière" ajoute-t-il. Laurent Perello, adviser chez Tron DAO,  l'organisation autonome décentralisée de la blockchain Tron, corrobore ses propos en indiquant que "cela ne repose sur rien". Il souligne l'incohérence du fonctionnement du protocole : quand un investisseur achète leur token, 12% de frais sont prélevés ; quand un investisseur vend leur token, 18% de frais sont prélevés. Sans appel, "c'est un signal qu'il faut fuir".

Autre indice, nos deux investisseurs jugent la roadmap de Yieldzard creuse : un des objectifs est la publication d'articles sur le protocole par Yahoo ou encore Marketwatch… Un nuage de fumée qui cache une entourloupe. Comme si ça ne suffisait pas, la localisation du siège social est introuvable, si tant est qu'il existe, et l'identité de l'équipe, dirigée par un certain Paul, est inconnue. "Tout est fait dans l'ombre", résume Laurent Perello.

"Ils capitalisent sur l'avidité des hyper spéculateurs"

Pour tenter d'en savoir plus, le JDN a envoyé un message au compte Telegram Yieldzard Protocol. Un profil qui quelques jours plus tard a été supprimé. Simple coïncidence ? Les preuves à charge s'accumulent contre Yieldzard. Les deux experts sont unanimes, il s'agit d'une arnaque dans laquelle des investisseurs crédules tombent. "Ils capitalisent sur l'avidité des hyper spéculateurs", analyse Laurent Perello. "C'est un Ponzi", approuve Frédéric Montagnon.

Les protocoles malhonnêtes, promus par des "pseudo-influenceurs", pullulent sur Binance d'après nos interlocuteurs. Problème : ces escroqueries portent préjudice aux autres acteurs crypto. Les pro-régulateurs les utilisent comme argument alors que leur poids sur le marché crypto est infime. Yieldzard est listé sur CoinMarketCap (à la 6524e place le 2 juin). Les investisseurs mal renseignés pourraient penser que c'est un signe de la fiabilité du projet. Il n'en est rien et cela vaut pour tous les projets crypto. "Les données peuvent être fausses car transmises par les fondateurs", explique Laurent Perello, ce que rappelle d'ailleurs un disclaimer présent sur la page CoinMarketCap de Yieldzard.

En résumé, 918 757,58% d'APY est l'équivalent d'un abracadabra et il ne serait pas étonnant que d'ici quelques jours le projet Yieldzard se volatilise emportant avec lui les 25 000 dollars placés par des investisseurs imprudents. Promettre des rendements fixes élevés n'est tout simplement pas viable, comme le montre le sort tragique d'Anchor Protocol.