Les zones résidentielles, couvertes partiellement ou
non par l'ADSL, se tournent de plus en plus vers des
solutions couplant Wi-Fi
et satellite bi-directionnel pour accéder à
l'Internet haut débit. Il est vrai que cette technologie
est séduisante car elle permet la desserte de
petits groupes d'utilisateurs sur un territoire non
équipé en infrastructures filaires. Ici, tout transite
par le satellite qui fournit la liaison haut débit partagée
entre les utilisateurs situés à proximité
des bornes Wi-Fi qui servent de relais.
Fort de ce constat, France Télécom s'est emparé
de cette solution afin de remplir ses engagements dans
le cadre de son programme "le Haut Débit pour tous".
L'opérateur historique a ainsi lancé une série d'expérimentations
qu'il a entièrement financées, sur neuf sites (La Cavalerie,
Méaudre, Neulise, Moustier Ste-Marie, Vernou-en-Sologne,
Saint-Mamet, Estables, Romagne et Champagné-St-Hilaire),
afin de tester cette technologie et d'en "finaliser
le domaine d'emploi". Le résultat est une offre baptisée
"PackSurf Wi-Fi", qui sortira en octobre 2004. En attendant,
France Télécom répond aux appels d'offres des collectivités
par des solutions sur-mesure.
Le Conseil général de l'Allier et la
commune du Montet, 500 habitants, n'ont pas, pour leur
part, attendu l'opérateur français pour
disposer du haut débit. Cette initiative, lancée
en 2003, a été portée par le Conseil
général en partenariat avec la commune. Celui-ci a monté
un projet conforme au protocole de l'ART, pris en charge
le coût de l'infrastructure (20.000 euros) à 50 %, et
fait financer le reste à 25 % par la FEDER (Fonds européen
de développement régional) et 25 % par la FNADT (Fonds
national d'aménagement et de développement du territoire).
Enfin, c'est la société Equal qui a fourni la connexion
à haut débit, tandis que l'installation a été réalisée
par la société Ineo Infracom.
Le premier objectif de ce chef-lieu de canton, le plus
petit de France, était de valider la faisabilité technique
de la formule. Verdict de Patrice Lamy, chef de projet
à l'aménagement numérique du territoire au niveau du
département : "Cela fonctionne bien, mises à part quelques
micro-coupures." Le débit atteint 1024 kb/s en
montant, et 128 kb/s en descendant.
Le deuxième objectif était de mesurer la reproductibilité
du modèle. Sur ce point, Patrice Lamy exprime clairement
ses réserves. "On ne peut pas reproduire cette expérimentation.
Premièrement en raison de son coût : pour monter une
antenne, l'investissement est de 15.000 à 20.000 euros.
Deuxièmement, pour des raisons géographiques : il suffit
d'être derrière un mur ou un rideau boisé pour être
non éligible. Enfin, le fait que le débit soit mutualisé
entraîne des risques de monopolisation de la bande passante
par quelques utilisateurs non respectueux de leurs voisins."
Et selon Patrice Lamy, le constat de non reproductibilité
est le même dans toutes les communes qui ont testé la
technologie satellite, même si elles ne veulent pas
l'avouer.
C'est pourquoi, à la fin de son contrat qui arrive
a échéance à la fin du mois d'octobre
2004, Le Montet a décidé d'opter pour l'ADSL de France
Télécom. Alors que 10 abonnés étaient concernés par
l'expérimentation satellite (leur nombre avait été volontairement
limité), 10 % de la population s'est déjà raccordée
à l'ADSL pour le même prix, à savoir 30 euros par mois.
Le bilan de France Télécom est sensiblement différent.
Alors qu'il équipait une trentaine d'utilisateurs par
commune en moyenne, dont 60 % de particuliers et 40 %
d'entreprises, l'opérateur a mieux géré la problématique
de partage de la bande passante car il a pu réaliser
les investissements nécessaires. "Pour la gestion des
heavy users, qui utilisent le peer to peer, il a fallu
mettre en place des mécanismes de priorisation des flux
afin d'assurer l'équité au niveau du village", explique
Jean-Pierre Savi, responsable du pôle marketing produit
pour les collectivités locales chez France Télécom.
Si, à la fin de la période d'expérimentation, conclue
pour un an renouvelable six mois, l'ADSL n'est toujours
pas disponible dans la commune, France Télécom maintiendra
son service en réexaminant les conditions financières.
A l'heure actuelle, quand l'opérateur répond à un appel
d'offres, l'investissement pour la collectivité locale
est compris entre 15.000 et 40.000 euros.
Il semble toutefois que le couplage satellite Wi-Fi ne
soit pas la panacée. "Nous travaillons aussi sur le Wimax,
qui offre plus de couverture et un meilleur débit que
le Wi-Fi", déclare Jean-Pierre Savi. A grande échelle,
France Télécom envisage par ailleurs de devenir multi-technologies.
Même son de cloche au conseil général de l'Allier qui
doit annoncer en septembre le nom du délégataire retenu
pour aménager le département. "Il sera multi-technologies",
affirme Patrice Lamy.
Les autres volets de l'enquête
|
|
|