ENQUETE 
Accès alternatifs : la Vallée d'Aspe expérimente le CPL
Les courants porteurs en ligne permettent de se connecter à l'Internet par la prise électrique. La Vallée d'Aspe, dans les Pyrénées, fait partie des utilisateurs de la première heure. Mais cette technologie expérimentale, challenger de l'ADSL, a un devenir incertain.   (02/09/2004)
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CPL (courant porteur en ligne) : technologie permettant de transmettre des données et de téléphoner par le biais des lignes et de la prise électrique. Le backbone utilisé est constitué des réseaux moyenne tension.
L'équipement : Aménagement des transformateurs et des colonnes montantes (routeur et répéteur). Au niveau du client : modem CPL qui se branche d'un côté dans la prise et de l'autre sur la carte Ethernet de l'ordinateur.
 
Installation d'un poste CPL par EDEV CPL Technologie, à Courbevoie
Crédit : EDEV Technologie
 
  Repères
150 à 300 euros : c'est le prix d'un modem CPL.
45 Mb/s : débit partagé théorique maximum par transformateur
 
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Déjà commercialisée en Allemagne, en Espagne et aux Etats-Unis, la technologie des courants porteurs en ligne (CPL) fait l'objet de tests depuis plusieurs années en France. Des expérimentations ont eu lieu à Courbevoie, à Geisswasser en Alsace, dans le Pays Chartrain, ou encore à la Haye du Puits dans la Manche. Deux petits villages situés dans la Haute Vallée d'Aspe, tout près de l'Espagne dans les Pyrénées-Atlantiques, l'ont également mise en œuvre, en l'associant au satellite et au Wi-Fi.

Il est vrai que cette technologie offre quelques avantages, le principal étant de permettre la diffusion d'offres "quadruple play" par le biais de la prise électrique : énergie, Internet, téléphone et télévision. Par ailleurs, le CPL est exploitable à la fois à l'échelle des réseaux domestiques (indoor) et des réseaux métropolitains (outdoor). Dans le premier cas, cette technologie d'accès Internet concurrence le Wi-Fi ; dans le deuxième, elle concurrence l'ADSL.

Enfin, appliqué à la boucle locale, le CPL permet, en pratique, des débits symétriques partagés de 25 Mb/s, pour une "grappe" de 100 à 200 foyers environ. Son déploiement est rapide, puisque seuls les transformateurs basse tension (équivalent des répartiteurs pour l'ADSL) doivent être équipés, pour un coût de quelques milliers d'euros l'unité.

Le projet CPL de la Haute Vallée d'Aspe a été sélectionné par la région Aquitaine, dans le cadre de son Programme Régional d'Actions Innovatrices (PRAI), dédié au développement de la Société de l'Information. Lancé en 2002, il a été doté d'un budget de 200.000 euros financé par les fonds FEDER, le Conseil régional, l'Etat et la CDC (Caisse des dépôts et consignation). Cette enveloppe a permis de mettre en place une infrastructure multi-technologies utilisant le satellite, le CPL et le Wi-Fi pour parcourir les derniers mètres nécessaires au raccordement des maisons les plus isolées.

Une promesse tenue puisque depuis quatre mois, les deux villages de Etsaut et Borce, 100 habitants chacun, disposent du haut débit. Ce qui a passablement changé les comportements des autochtones, comme le rappelle Pierre-Yves Pose, président de l'Association Haute Aspe : "Tous les habitants de moins de 30 ans ont acheté un ordinateur, même ceux qui n'y touchaient pas avant. Certains voisins qui ne s'adressaient pas la parole auparavant discutent aujourd'hui par chat ou par email."

Pierre-Yves Pose qui, outre ses activités d'éleveur et de loueur d'ânes, gère un gîte d'étape équipé en Wi-Fi dans le village d'Etsaut, s'est retrouvé parachuté à la tête de l'Association Haute Aspe, la structure locale qui a mené le projet haut débit, car il avait créé lui-même son site Internet il y a plusieurs années.

Une trentaine de testeurs répartis sur les deux villages profitent actuellement gratuitement d'un débit de 1Mb/s. A l'issue de l'expérimentation, prévue pour durer 18 mois, la phase commerciale devrait prendre le relais. "Si c'était aujourd'hui, nous commercialiserions l'abonnement aux alentours de 20 euros", déclare Pierre-Yves Pose qui concède que sans aucune subvention, il serait difficile de tenir.

La baisse des tarifs n'est d'ailleurs pas à l'ordre du jour. Plusieurs éléments freinent encore le déploiement du CPL à l'échelle industrielle. Car si ses performances techniques ont été validées par plusieurs expérimentations, EDF R&D reconnaît sur son site Web le besoin de faire passer les débits crêtes à 100 Mb/s. Par ailleurs, le cadre réglementaire ne facilite pas les choses : pour qu'EDF puisse faire transiter des données sur son réseau électrique, il faudrait qu'il abandonne son principe de spécialité et qu'il obtienne une licence d'opérateur. Sa filiale EDEV CPL Technologie, dédiée au CPL et créée en mai 2003, ne souhaite d'ailleurs pas s'exprimer sur le sujet, par crainte de "donner l'impression d'être potentiellement opérateur". Car ce statut l'amènerait, de fait, à court-circuiter France Télécom sur la boucle locale.

A cela vient s'ajouter trois autre contraintes majeures : l'absence de normalisation sur les équipements outdoor (alors que la norme HomePlug existe pour l'indoor), le prix de revient des équipements, et le calcul difficile de la rentabilité comparée à celle de l'ADSL. "EDF n'est pas certain de la rentabilité du CPL, car il n'a pas de visibilité sur le marché, explique Stéphane Lelux, directeur du cabinet de conseil Tactis. Or, le marché ne pourra démarrer que si les FAI commencent à communiquer, ce qui n'est possible que si EDF se décide à équiper ses réseaux. En effet, il n'y a pas de dégroupage sur le réseau électrique. EDF a le monopole tant qu'il possède la concession des communes."

Certains signes vont néanmoins dans le sens d'un déploiement progressif du CPL : le gouvernement, par le biais du CIADT du 3 septembre 2003, a exprimé sa volonté d'expertiser la possibilité de recourir au CPL pour relier des zones non desservies par un service d'accès à l'Internet haut débit. Par ailleurs, une quarantaine d'équipementiers au niveau mondial sont dans les starting blocks. Parmi eux, Schneider Electric Powerline Communications, présent en France, Alterlane (dont EDF possède une partie du capital), ou encore Mainnet. Enfin, le CPL représente un relais potentiel de croissance pour les acteurs de l'électricité, dans un marché libéralisé.

Les autres volets de l'enquête
Les expérimentations Wi-Fi et satellite se multiplient (31/08/2004)
Castres-Mazamet, précurseur de la fibre optique (01/09/2004)
La Vallée d'Aspe expérimente le CPL (02/09/2004)
Le Pays des Vals de Saintonge mise sur le WiMAX (03/09/2004)
Essai non transformé pour la BLR à Felletin (06/09/2004)
Les initiatives territoriales, second souffle des infrastructures télécoms (07/09/2004)

 

 

Raphaële KARAYAN, JDN
 
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