Internet est en
général perçu comme un fantastique moyen de communication
permettant de s'affranchir des distances, tête de pont des
fameuses "autoroutes de l'information." A-t-il pour autant
remis en cause le centralisme à la française ? Pas vraiment
si l'on en croit l'exploitation des informations qui ont servi
à constituer notre "carnet des décideurs de l'Internet français".
Les chiffres sont éloquents : sur près de 560 décideurs présentés
dans notre carnet, 90,3% soit 494 d'entre eux travaillent
en région parisienne dont une grande majorité dans Paris intra-muros
(347 personnes, 62%).
Les autres régions arrivent très loin derrière, avec dans
l'ordre Rhône-Alpes, les Bouches-du-Rhône et la région Nord-Pas-de-Calais.
Département
|
Nombre
|
Proportion
|
75.
Paris |
347
|
63,2%
|
92.
Hauts de Seine |
116
|
21,1%
|
69.
Rhône |
14
|
2,6%
|
93.
Seine-Saint-Denis |
12
|
1,5%
|
59.
Nord Pas de Calais |
8
|
1,3%
|
94.
Val de Marne |
7
|
1,1%
|
13.
Bouche du Rhône |
6
|
0,9%
|
Autres |
39
|
7,8%
|
Paris et le désert
français, même à l'heure de l'Internet, le constat
du géographe Jean-François Gravier en 1947 n'est par
remis en cause par l'avènement de la nouvelle économie.
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Parmi les rares
entreprenautes à ne pas avoir succombé à cet irrésistible
appel de la capitale, Marc
Perrin, CEO de Wine and Co, explique pourquoi il a décidé
d'implanter sa société à Aix-en-Provence : "Je ne vois
presque que des avantages au choix d'Aix. La qualité de vie
y est incomparable et dans un contexte de tension sur certains
segments du marché du travail, c'est un véritable plus offert
aux futurs salariés." Originaire de la région d'Aix, Marc
Perrin avait pourtant créé sa première société, Vinternet,
à Paris. Le déménagement a eu lieu à l'occasion de la transformation
de la société en Wine and Co: "La conséquence la plus sensible
pour nous a d'abord été la baisse de moitié des loyers de
nos bureaux pour un doublement de la surface disponible! Aujourd'hui
sur un effectif de 50 personnes, la moitié sont originaire
de Paris et sont venus nous rejoindre. Nos investisseurs Europ@web
et GIP n'ont pas vu d'inconvénients à cette localisation et
nos prestataires parisiens comme Broadvision nous ont souvent
avoué qu'ils étaient plutôt heureux de venir travailler
pour nous, particulièrement en fin de semaine (rires)."
Tout n'est pourtant
pas si facile lorsqu'on choisit de faire naître sa start-up
en région. Ivan
Lorme, PDG fondateur d'Ismap est plus nuancé sur le sujet:
"Les inconvénients ne doivent pas être négligés. Les investisseurs
d'abord sont des gens très sollicités et ils considèrent le
déplacement à Marseille comme une perte de temps.
A la fin de l'année dernière par exemple, une levée de fonds
que nous avons effectué auprès d'Axa a été retardée de plus
d'un mois et demi à la suite d'une grève d'Air France qui
m'a fait manquer un rendez-vous.
Lorsqu'il s'agit d'investisseurs étrangers, le problème est
encore plus sérieux car ils viennent quelquefois à Paris,
mais jamais en province. De même les clients sont plutôt inquiets
de se savoir éloignés de nous et je pense que nous aurions
davantage de partenaires si nous étions à Paris". C'est
pourquoi Ismap a récemment ouvert un bureau parisien . Mais
ces inconvénients ne doivent pas être exagérés, les avantages
sont indéniables précise aussitôt Ivan Lorme: "Les surface
de bureau ne sont pas chères, Marseille a été très touchée
par le chômage.
Les compétences sont nombreuses et moins coûteuses qu'ailleurs
et nous n'avons pas à gérer tous les jours le problème délicat
du turn-over."
Michael
Copsidas, DG de la société Leguide.com née de la fusion
entre Promoselect basée à Paris et Laventis implantée à Angers,
reprend en substance les mêmes arguments: "Nous avons choisi
de conserver cette double implantation géographique avec des
équipes administratives et informatiques à Angers et des équipes
rédactionnelles et commerciales à Paris. Angers dispose d'excellentes
filières de formation d'informaticiens, il n'y a pas de surenchère
de salaires et le débauchage n'existe pas. Ce sont plutôt
les étudiants qui se battent pour travailler dans la start-up
de la région". Les
frères Bouly, Bruno et Olivier, fondateurs de Qualiope qui
a décroché le "Prix start-up" des Trophées
de la nouvelle économie récemment remis à Marseille, ont
eux aussi choisi d'avoir un pied à Paris et un pied en province.
Cette opération à laquelle, s'est associé le JDNet, montre
à chacune de ses éditions la richesse des initiatives locales.
Mais aussi la pesanteur qu'exerce la capitale et ses très
décriés First Tuesday.
Marc
Refabert dirige Fromage.com, une petite structure dont
on parle souvent et qui est implantée à Tours. "Je ne vois
que des avantages au fait de ne pas être à Paris. D'abord
je suis loin du microcosme parisien ce qui m'aide à garder
les pieds sur terre. C'est vrai que nous un peu loin des centres
de décision mais avec le TGV je suis à 55 minutes du centre
de Paris, je suis plus proche du Sentier qu'un versaillais
(rires). Tours est pour moi une sorte de banlieue de Paris
sans les nombreux inconvénients".
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