MyFab relance l'achat groupé, directement auprès des usines

Rassembler des internautes pour obtenir des prix bas. MyFab adapte l'achat groupé, en s'adressant directement au producteur. Créée par des anciens de Meetic, la société a déjà levé 2 millions d'euros.

Les achats groupés font leur retour ! Dans les années 1999 - 2000, cette idée de rassembler des acheteurs pour obtenir des prix intéressants sur des articles avait suscité l'enthousiasme, et de nombreux sites s'étaient lancés sur ce créneau. Mais, faute d'acheteurs et de trésorerie, ils avaient fini par disparaître ou par changer radicalement de positionnement, à l'image par exemple de Clust, eBuyClub, Alibabuy ou LetsBuyit. Le concept a été ré-utilisé il y a quelques jours par le site Achetons-groupés pour une opération ponctuelle du centre commercial des Quatre Temps, à La Défense. Depuis début mars, le site MyFab le remet également au goût du jour. Mais celui-ci mise sur un modèle légèrement différent pour s'imposer.

Contrairement aux anciens sites d'achats groupés, les internautes commandent sur MyFab.com des articles qui n'existent pas encore. Le site les fait voter parmi des produits en catalogue susceptibles d'être fabriqués. Ensuite, la commande est envoyée directement à l'usine qui produit donc des articles sans marque. "Nous faisons de l'achat direct auprès du fabricant avec qui nous partageons les marges. Acheter au grossiste, comme le faisaient ces sites, ne change pas la chaîne de valeur", explique Ning Li, l'un des fondateurs de la société.

Ancien de Meetic (responsable Asie), comme le directeur technique Miguel Gomard, Ning Li, originaire d'une ville du sud de la Chine grande productrice de meubles, il a eu l'idée de supprimer les intermédiaires pour faire baisser les prix. La société, MonUsine, née l'été dernier, a réalisé un tour de table de 2 millions d'euros auprès du fonds Alven Capital, du groupe Batipart et de quelques proches (mais pas du PDG de Meetic Marc Simoncini). Elle emploie douze salariés.

Pour commencer, MyFab proposera des articles de décoration, mais aussi un peu d'accessoires, de mode et de "cocooning". Avec un positionnement milieu et haut de gamme, sur lequel les écarts de prix seraient les plus grands. Les ventes ont lieu une fois par semaine, mais le catalogue est actualisé chaque jour. Il ne faut cependant pas être pressé car les délais varient de deux à dix semaines selon l'article et le lieu de production (principalement en Asie mais aussi en Europe). Un service après-vente existe pour rassurer les clients, même si la société pense que les taux de retour sont faibles dans le secteur de la décoration.

Bien que MyFab refuse la comparaison avec les anciennes gloires Web de l'achat groupé, des similarités existent, au-delà du même regroupement de consommateurs. Par exemple, Clust ne se contentait pas d'acheter aux marques ou aux grossistes mais importait des produits non disponibles en France ou faisait re-fabriquer des produits épuisés. Le site allait même plus loin puisque ses internautes pouvaient se regrouper pour "inventer" des objets, fabriqués ensuite sous la marque Clust. "Nous avions sept ans d'avance mais les sites d'achats groupés vont revenir. MyFab est un beau projet", estime Christian Palix, cofondateur de Clust.

Le concept d'achats groupés repose sur un nombre suffisant d'acheteurs, ce qui manquait à l'époque de la bulle. De son côté, MyFab devrait bénéficier des habitudes aujourd'hui ancrées d'achat en ligne. Mais le site veut aussi élargir son audience grâce à des partenariats de co-branding avec des portails. Une stratégie qui rappelle celle de la marque blanche de LetsBuyit au début des années 2000. MyFab compte cette année seulement valider son modèle en se créant une base de clients fidèles. A terme, le développement international serait "un rêve", même si le nom a été choisi pour cela.