Sébastien Forest (Alloresto.fr) "Nous voulons mettre fin à notre déficit de notoriété"

En 11 ans, Alloresto a tout connu : les années folles avant la bulle, la crainte du dépôt de bilan après, et une lente résurgence depuis. En 2009, l'intermédiaire en livraison de repas à domicile veut renaître auprès du grand public.

Alloresto a connu des années difficiles, avez-vous réussi à trouver votre modèle ?

Sébastien Forest. Oui, depuis 2004, année où nos comptes ont été pour la première fois à l'équilibre. Un objectif que nous avons pu atteindre en concentrant notre activité sur la prise de commandes en ligne dans des restaurants pour une livraison à domicile. Nous travaillons aujourd'hui avec 2 500 restaurants. Notre business model repose sur le prélèvement d'une commission sur le montant des commandes qui passent par notre intermédiaire. Elle est en moyenne de 2,7 euros.

Il vous faut donc faire de gros volumes

Oui. Mais c'est un métier à coûts fixes. Une fois le seuil de la rentabilité atteint, les marges sont importantes. En 2008, Alloresto a réalisé un chiffre d'affaires de 6,9 millions d'euros et prévoyons un résultat net aux alentours de 600 000 euros. Nous avons livré 1,3 million de repas en 2008, à 95 % en Ile-de-France

Vous proposez pourtant des livraisons dans une douzaine de villes en France ?

Les gens n'ont pas le même mode de vie à Paris qu'en province. Sortir du travail à 20 heures et manger en se faisant livrer est une pratique courante à Paris, c'est moins le cas en province où les gens sortent plus tôt du travail. Qui plus est, l'Ile-de-France concentre une grande part de restaurateurs livrant à domicile. Ils sont plus rares ailleurs.

Ressentez-vous les effets de la crise ?

Non, nous restons en croissance. Sur le premier trimestre elle a été de 15 %, ce qui est plutôt bon. Nous serons peut-être frappés à terme, mais les services de restauration livrée à domicile sont une bonne alternative conviviale aux sorties au restaurant. A Paris, un restaurant à deux coûte rapidement 70 ou 80 euros...

Alloresto était plus connu au début des années 2000 qu'aujourd'hui. Comment expliquez-vous cela ?

C'est vrai, nous sommes quasiment inconnus ! Tout simplement parce que nous avons arrêtés de communiquer. Notre dernière campagne de publicité sur Internet date de 2002. L'effondrement de la bulle Internet a failli nous faire disparaître. Nous étions déficitaires et n'avions plus d'argent pour conquérir de nouveaux clients. Nous avons commencé par rentabiliser la société en travaillant sur la fréquence d'achats de nos clients. Une fois la rentabilité trouvée nous avons fait de l'achat de mots clés. Nous voulons de nouveau être présents sur Internet depuis 2007. Mais avant cela, notre site avait besoin d'une nouvelle version, c'était la même depuis 1998 !

Quel budget prévoyez-vous ?

Nous allons investir 500 000 euros cette année en publicité. Nous voulons étendre notre clientèle, et pour cela nous avons besoins de développer notre notoriété. Et le bouche à oreille ne suffit pas.

Quels sont vos objectifs ?

Nous avons un potentiel de croissance monstrueux. En 2008, notre cœur de cible, les 25-35 ans habitant en Ile-de-France étaient 25 000 à commander sur Alloresto, alors qu'ils sont 2 millions ! En outre, cette population est très utilisatrice d'Internet. Gagner en notoriété auprès de cette cible est une priorité pour nous. Cela passera par de la communication online, et aussi par des partenariats avec d'autres sites pour proposer nos services. Nous visons cette année un chiffre d'affaires entre 8 et 9 millions d'euros.

En 2000, vous aviez tenté l'aventure au Royaume-Uni avant de faire marche arrière. Pensez-vous de nouveau lancer Alloresto à l'étranger ?

Non, il est trop tôt pour nous. Nous avons encore plein de choses à faire en France. Nous pourrions vendre notre technologie à des services étrangers, mais nous n'irons pas plus loin. La croissance d'Alloresto va se focaliser sur son cœur de métier. Une autre de nos erreurs avait été de lancer un service de réservation de table en 2000. C'était prématuré, et ça le serait encore. Nous ne nous dissiperons plus.