Quels sont les (vrais) critères de valorisation des start-up ?

L’Internet français est en plein boom depuis 2004 et cela se voit même à partir de la Silicon Valley. Pour juger de la valorisation des start-up, quelques critères simples s'imposent: qualité du management, time-to-market et capacité finacière des acheteurs potentiels...

« In the Internet business, France is now on the map ». Qui dit cela ? Le Partner d'un fonds de capital-risque américain de passage en France, un fonds qui pense à ouvrir un bureau à Paris. Il n'est pas le seul VC américain à avoir fait le voyage dernièrement, héhéhé, d'autres fonds aussi étudient de près le marché français. L'Internet français est en plein boom depuis 2004 et cela se voit même à partir de la Silicon Valley. Le VC américain me demande quelle est mon opinion sur le niveau actuel de valorisation des valeurs Internet françaises, je vais essayer de lui répondre en expliquant quelques critères qui nous semblent importants :
 
Une valorisation est fonction du carré de la qualité du management

Chez Aelios Finance, comme chez la majorité des VCs, nous ne cherchons pas des projets, mais des personnes qui ont des projets. Nous passons autant de temps à étudier les porteurs d'un projet que les fondamentaux du projet et si nous avons la conviction que le management est bon, nous savons alors que nous avons un fort potentiel de création de valeur.

Par exemple, si un dossier a pour dirigeant l'équivalent d'un Patrick Robin (Imaginet, 24h00.fr), Marc Simoncini (iFrance, Meetic) ou Michel de Guilhermier (Photoways, IS), nous savons que l'investisseur a de très grandes chances de faire un fort multiple et cela se paye. En revanche si le porteur du projet est par exemple... moi, un type qui sait lever des fonds, sympa aussi, mais qui ne sait pas forcément gérer une startup Internet, l'affaire vaudra bien moins cher, c'est la vie !
 
Attention à ne pas avoir raison trop tôt

Cette question est très importante, particulièrement aujourd'hui avec l'avènement du Web 2.0. Si je croise un jour un entrepreneur qui me dit qu'il va faire un réseau social sur les voyageurs de l'espace avec un business model d'apport de leads aux voyagistes spatiaux, je me dis :

1/ Ça va exister, et d'ailleurs je rêve de voyager dans l'espace un jour. Si j'en avais les moyens, je serais sur la liste d'attente de Virgin Galactic. C'est donc génial.

2/ Ok, ok, ok. Mais n'est-ce pas un peu trop tôt ? Ne risque-t-on pas de brûler un paquet de millions d'euros avant que cela ne décolle ?
 
Ne pas oublier de regarder les valorisations des acheteurs potentiels de la société Internet

Si un entrepreneur de l'immobilier disait qu'il va construire un appartement de 2000 mètres carrés avec 25 chambres, on se dit que l'appartement va avoir du mal à trouver preneur, même avec un bon prix au mètre carré, car l'appartement est trop gros pour la majorité des acheteurs naturels du marché.

Le principe est quelquefois le même pour une société Internet, la taille et donc la valorisation avant la sortie doivent correspondre à un marché d'acheteurs industriels car l'histoire montre que la bourse ne peut être l'unique option de sortie à terme. L'histoire montre aussi que les acheteurs industriels de startups sont prêts à payer un prix de l'ordre 1% à 4% de leur propre valeur. Ainsi, si les acheteurs naturels d'une startup sont uniquement des groupes medias français comme TF1 (valo à 5Mds) ou M6 (valo à 3,5Mds), le prix de sortie optimum de la startup sera de l'ordre de 35 à 200 millions d'euros mais pas plus, et quand un Google achète un Youtube pour $1,5 Mds, ce n'est que finalement une opération qui ne représente que 0,3% de la capitalisation de l'acheteur. Google, qui a un colossal tube digestif, a avalé une miette.
 
Et la bourse ?

Nous vivons une période unique où le Nasdaq est presque fermé aux startups américaines suite à des régulations du type Sarbanes-Oxley quand en France Alternext et Eurolist C accueillent  à bras ouverts nos belles startups et offrent de la liquidité aux investisseurs avec de belles valorisations. Que dire de plus ?
 
Alors, trop valorisées nos startups françaises ?

Au regard de la qualité du management des sociétés, je ne le crois pas. Nous avons en France des très bons managers Internet, des top-guns, beaucoup plus que dans le logiciel alors que, pourtant, l'industrie de l'Internet est plus jeune que l'industrie du logiciel.

Aussi, la majorité des startups financées ont rencontré leurs marchés, elles font de beaux chiffres d'affaires et montrent de très belles croissances.

Je suis aussi plutôt serein lorsque je regarde les valorisations des acheteurs industriels de nos startups par rapport aux valorisations de ces mêmes startups, on reste dans le ratio 1% à 4%, on peut s'attendre à de nombreuses acquisitions (surtout lorsque le management des acheteurs industriel se renouvellera et sera plus proche de la génération Internet) et, au même moment, la bourse est ouverte.

Bon, je connais aussi quelques startups dont les valorisations me paraissent un peu excessives (et non,  je ne dirai pas de noms), mais je me trompe sûrement. En revanche, je ne me trompe pas en disant qu'Aelios Finance va bientôt fêter sa dixième opération de l'année et que le temps est incroyablement beau en ce printemps 2007. Ça boom !