L’Internet mobile et les netbooks : enjeux de la convergence pour les opérateurs

Le développement à succès des mini-pc ne doit pas faire oublier les enjeux associés autour de l'explosion du multimédia mobile avec les impacts pour les opérateurs télécoms en termes de business models, d'organisation, de nouveaux partenariats et d'impacts réseau.

initialement introduits il y a près d'un an par le fabricant taïwanais Asus, le succès des netbooks semble désormais planétaire : l'ensemble des constructeurs de PC proposent une offre concurrente à celle d'Asus  :  Toshiba, HP, Dell, MSI, Samsung, LG, Medion, etc. Cette  "folie" devrait représenter près de 400.000 unités vendues pour l'année 2009, soit 10% des ventes totales du marché des PC portables.               
Les netbooks, de part leurs caractéristiques intrinsèques incitant à la mobilité, semblent constituer le terminal tant attendu de la part des opérateurs pour  généraliser l'usage de l'Internet Mobile.

Si les produits font l'unanimité, leur mode de commercialisation connait des disparités chez les opérateurs, ces derniers se retrouvent en effet confrontés à des problématiques de business modèles évoluant autour du subventionnement ou non des netbooks : Bouygues Télécom et SFR ont ainsi pris le parti de subventionner plus ou moins fortement leurs netbooks,  alors qu'Orange a opté pour une ODR (Offre de Réduction).

D'une manière plus générale cette démocratisation de l'Internet mobile, pour avoir lieu, devra nécessairement passer par un certain nombre d'incontournables. Parmi ceux-ci notons la constitution d'un écosystème équilibré entre les opérateurs, les constructeurs et  les distributeurs ; la définition d'offres segmentées permettant d'adresser un grand nombre d'utilisateurs ; et également une réelle éducation afin de prouver au grand public l'existence de ce nouveau moyen d'Internet mobile enfin facile et accessible.

De nombreux enjeux vont alors se présenter aux opérateurs télécoms avec le développement du marché des netbooks. Notamment l'accès data illimité semble être une cible pertinente à terme mais son calendrier d'arrivée constitue un arbitrage majeur.  Une arrivée prématurée peut détruire la valeur globale du marché de la data mobile et saturer des réseaux qui ne pourront pas aborder de tels pics de trafic avant les déploiements de la technologie LTE. A l'inverse, une arrivée trop tardive peut freiner le développement du marché alors que l'accès fixe est devenu illimité depuis longtemps.

Le passage à l'Internet mobile via les netbooks soulève aussi des problématiques et des défis pour les opérateurs télécoms. Deux exemples illustrent ces enjeux.
Le premier enjeu concerne le coeur de métier des opérateurs. Les technologies d'accès sans fil multiples devront pouvoir être gérés, priorisés selon les kits de connection des netbooks afin de maitriser les coûts et capacités de réseau. La maîtrise des usages gourmands de bande passante devra changer de dimension en allant au-delà des limitations juridiques à l'usage du streaming, téléchargement peer to peer, sachant que les limitations techniques ont souvent été régulièrement contournées dans une logique d'escalade graduée "obus-cuirasse". 

La généralisation des netbooks va-t-elle déplacer les pics de trafic urbains de débuts de soirée vers les saturations saisonnières sur les stations touristiques ? Peut-elle ouvrir la voie à des usages de type voix sur IP mobile (par exemple à partir de l'instant messaging mobile au début).

Le second enjeu est plus liés aux spécificités du monde informatique / internet. La distribution de PC implique de maitriser le service client, une logisitique retour et un service après-vente significativement différents des terminaux mobiles sur des terminaux (netbooks) et des services (accès internet, anti-spam, anti-virus, voire applications horizontales ou verticales  pour les professionnels). Les opérateurs s'y sont-ils vraiment préparer ?

Si les netbooks sont l'instrument de la démocratisation de l'Internet mobile, les défis à relever dans les prochaines années sont loin d'être négligeables pour les opérateurs télécoms

Henri Tcheng et Jean-Michel Huet, BearingPoint