E-book et contenu texte: quel business model?

Le journal du net l’annonçait dans son édition du 19 mai 2009 : "Le site de partage de textes Scribd ouvre une partie payante". 10 jours plus tard, le 1er Juin 2009, le New York Times révèle : "Google veut se lancer sur le marché du livre électronique ".

Après le succès du Kindle d'Amazon, les grandes manoeuvres commencent dans le monde du texte ... mais ces évolutions sonnent surtout comme une remise en cause du tout gratuit qui a longtemps prévalu dans ce secteur.

Scribd s'est lancé en pleine bulle web 2.0 avec de forts soutiens financiers sur un concept de "Youtube du document". A la même époque, les plus grands journaux américains comme le Wall Street Journal de Rupert Murdoch faisaient de l'accès gratuit le centre de leur stratégie. Stratégie du tout gratuit à laquelle se sont ralliés de nombreux éditeurs français de magazines.

Après l'annonce du passage au payant d'une partie des contenus de Scribd, Rupert Murdoch propriétaire de NewsCorp annonce vouloir faire payer l'accès à ses journaux en ligne... Le business model du tout gratuit sur un marché publicitaire américain pourtant plus mûr que le marché français n'amène donc pas ces sociétés à un seuil satisfaisant de rentabilité. Cette réalité va permettre au secteur de murir mais sonne comme un sévère désaveu à l'aune des discours encore récents sur le "gratuit".

Scribd, Calameo, Docstoc ... des sociétés internet basées sur le même concept existaient déjà en 1999 là encore sur un modèle gratuit. Le premier krach internet avait alors eu raison d'une partie d'entre elles, obligeant les autres à passer en payant. La bulle du web 2.0 a amené aux mêmes excès et la correction actuelle est en train d'amener aux mêmes conclusions. Pêché de jeunesse, naïveté, manque de connaissance du secteur ? Quoiqu'il en soit, ces start up "de la nouvelle vague" n'ont pas su tirer les enseignements des erreurs de leurs prédécesseurs...

Il reste que cette évolution est salutaire. Espérons que les mentalités des entrepreneurs et investisseurs sur internet finiront par évoluer et que nous n'assisterons pas dans 3 ans à une vague du web 4.0 amenant sur le marché de nouveaux concepts sur-financés et sans business model. Vague qui inlassablement se finira par une nouvelle crise. Internet sera mûr le jour où ces cycles seront cassés.

En attendant, tous ces évolutions tardives sont autant d'opportunités pour qu'enfin explosent sur internet de gros acteurs vendant du contenu texte : e-books, journaux en ligne, documents à télécharger... Ces "Itunes" du contenu permettront également une évolution dans la mentalité des internautes qui comprendront qu'en dehors de Wikipedia (fondation financée par ses utilisateurs et à but non lucratif), le contenu texte comme la musique peut et doit être financé par un accès payant pour que les éditeurs de ces services puissent survivre et fournir un produit de qualité.