La convergence santé et télécom : la m-santé

La m-santé est un des domaines où la convergence entre les secteurs donne le plus de résultats concrets. Des applications se développent tant en Europe que dans les pays émergents

 

La mobilité est en train de devenir une question essentielle dans le domaine de la santé. Longtemps les questions relatives à l'usage de la téléphonie mobile ont concerné plutôt un usage autour du « bien être » (wellness) plutôt que de la santé stricto sensu. Il s'agit alors essentiellement des déclinaisons sur mobile des sites web, par exemple, d'information santé (doctissimo, healthways, wellsource, ...) permettant un accès à de l'information mutl-support (texte, video, podcast). Dans le même esprit, les services de coaching et conseil (myfoodphone, myprivatecoaching, ...) avec des accès à des réseaux de spécialistes, à des logiciels d'évaluations, d'assessment ou de suivi et enfin de  sauvegarde de données personnelles sur sa santé (healthvault, « g+ogle ») se sont aussi développés.

A ces usages  « grand public » viennent s'ajouter de plus en plus des usages de « m-santé » (« m » pour mobile) de plus en plus proche du quotidien des acteurs de la santé. Cette convergence, pour reprendre le terme consacré, entre les métiers de la santé et des TICs s'explique par trois phénomènes très récents. Deux d'entre eux sont d'ordre technologique. D'une part le développement de haut débits sur les téléphones mobiles grâce à la 3G aujourdh'ui au LTE demain qui permet des échanges de données volumineux, rapides et multimodaux permettant de recevoir des images tout en parlant ; d'autre part la puissance des smartphones qui permettent grâce à leur large écran et au développement de la technologie tactile une nouvelle manière d'appréhender le téléphone mobile. Grâce aux réseaux et à l'écran tactile, se sont donc des données détaillées, des photos, des videos, des applications métiers et médicales qui peuvent être utilisées souvent en lien direct avec le système d'information de l'hôpital.

Dans un métier où le personnel de santé est très souvent en situation de mobilité au sens physique du terme, y compris au sein même de l'hôpital, ces apports sont fondamentaux. Le 3ème phénomène est en termes d'usages. En effet sur les différentes étapes de la chaine de valeur de la santé, les usages de m-santé se développent. La particularité réside dans le fait que ces usages ne sont pas forcément corrélés aux deux premiers phénomènes et parfois les anticipe. J'en veux pour preuve le fait que certains de ces usages ont d'abord connu un succès en Afrique où les débits sont moins élevés, avant de se développer en Europe.

Quelques usages et applications clés sont aujourd'hui à signaler. Dans le domaine de la prévention, les alertes par téléphone mobile sont de plus en plus nombreuses. Vodafone à mis en place en Espagne un système d'alerte allergies gérés depuis des hopitaux pour leur patients tandis que de nombreux opérateurs africains proposent des services par sms de sensibilisation contre le sida. Dans le registre du diagnostic, le développement du télé-diagnostic - y compris par mobile - permet de limiter les temps de transports médecins - patients. 

Un programme de ce type dans la dermatologie est ainsi disponible en Egypte, tandis que ces applications s'inscrivent typiquement dans les services d'urgence et leur relation avec les hopitaux pour gagner du temps quand une intervention à l'hôpital s'avère nécessaire. Dans le champ du traitement,  les outils de mobilité servent tant à suivre la traçabilité des médicaments qu'au suvi des traitements (cell life en Afrique du Sud pour les traitements ARV ou le monitoring cardiaque en Europe).

En ce qui concerne le suivi, la mobilité a aussi de l'intérêt pour tout ce qui concerne, par exemple, la surveillance à distance des patients, éléments structurels de l'hospitalisation à domicile par exemple. Enfin, la formation du corps professionnel de la santé peut aussi être assuré par des smartphones comme cela se voit de plus en plus en Europe.

Prenons un exemple. Afin d'améliorer la qualité et la densité des infrastructures générales liées au secteur de la santé, la GSM Association Development Fund, a proposé un service phones for health en 2007 avec différents acteurs (opérateurs, équipementiers télécoms) pour aider à renforcer le maillage médical au Rwanda ou en Tanzanie. Phones for Health permet aux travailleurs dans le domaine de la santé d'utiliser un téléphone mobile standard équipé d'une application facilement téléchargeable sur le terminal utilisé.
 
Ce système permet de renseigner des informations relatives à la santé de patients par du personnel de santé sur le mobile ou le PDA et de les transférer par la suite via une connexion GPRS  à la base de données centrale. Si le réseau GPRS n'est pas disponible, le transfert peut aussi bien se faire via les canaux de transmissions SMS. Le système dispose également d'une alerte SMS et d'outils de communications et de coordinations à destination des équipes sur le terrain. Ces derniers peuvent également, via cette application, passer une commande de médicaments et télécharger un support d'aide pour le choix du traitement.

La m-santé est donc un enjeu clé des prochaines années, les usages, les débits télécoms et les écrans tactiles ne cessant de s'améliorer. Etape à ne pas rater.

Henri Tcheng, Associé télécom, média et utilities BearingPoint ; Jean-Michel Huet, Directeur Emerging Markets de BearingPoint