Tout mettre sur le "DO" d'Hadopi

Récemment HADOPI a fait parler d’elle pour son volet répressif en envoyant ses premiers mails d'avertissement. Mais la nouvelle autorité s’honorerait en jouant une autre partition, plus positive cette fois en mettant tout sur son "DO", qui signifie Diffusion des Oeuvres.

La machine HADOPI s'est mise en marche il y a quelques jours, et déjà des internautes reçoivent un premier mail d'avertissement. Leur envoi fait figure d'événement tant HADOPI est au coeur de la polémique depuis plusieurs mois : décriée par les uns, qui la juge liberticide, inapplicable ou inutile, applaudie par d'autres qui la jugent nécessaire pour préserver la création notamment. Créateurs, producteurs, diffuseurs, distributeurs, nous soutenons pour la plupart ce nouvel outil indispensable pour lutter contre le piratage des oeuvres, qu'elles soient cinématographiques, musicales ou autres. Mais nous ne devons pas oublier que les internautes ne sont pas nos ennemis, mais bien notre public pour les uns et nos clients pour les autres. Si nous soutenons HADOPI, ce ne doit pas être uniquement pour son volet répressif, mais avant tout pour le DO au centre de l'acronyme qui signifie Diffusion des Œuvres.

Sans même prendre en compte la question du prix, pirater une oeuvre est souvent plus simple et moins contraignant que de la visionner ou l'écouter légalement ! Ainsi HADOPI va certainement entrainer une baisse significative des téléchargements en Peer-to-Peer, mais dans le même temps, le visionnage en streaming va à coup sûr augmenter de façon exponentielle, puisque rien n'est prévu contre ce mode de piratage très facile d'accès. Dans ce contexte où les intérêts des uns et des autres divergent et où la technologie n'est pas forcément au service de la loi, tous les ayants droits doivent comprendre que les mesures répressives resteront vaines et sans effet réel sur l'économie de notre secteur si elles ne sont pas accompagnées et même précédées d'une offre légale abondante, diversifiée, abordable et facilement accessible !

C'est donc bien le « DO » de la HADOPI, qui doit devenir sa première mission. Malgré les intérêts divergeant, la nouvelle autorité doit se donner les moyens de fédérer tous les acteurs pour aboutir à des initiatives concrètes. Plusieurs pistes nous paraissent importantes à explorer pour rendre les offres légales plus attractives et y (r)amener les internautes : limitation des exclusivités pour facilité l'accès aux oeuvres ; tarifs abordables pour tous les profils d'utilisateurs et le développement des offres d'abonnement ; évolution des DRM, souvent trop contraignantes, pour limiter l'attractivité des fichiers pirates ; sortie simultanée des films en salle et en VOD (tout l'industrie du cinéma sait que le pic de piratage d'un film a lieu lors de sa sortie en salle), etc.  

Il ne s'agit bien entendu que de pistes à explorer, mais après avoir fait parler d'elle pour son volet répressif, HADOPI s'honorerait en jouant une autre partition, plus positive cette fois !