Doit-on laisser la mafia s’emparer de notre patrimoine gastronomique ?

Les trois quart des produits contrefaits sont écoulés sur Internet. Un fléau qui touche aussi les produits alimentaires de notre terroir.

Produits authentiques et patrimoine gastronomique : un savoir-faire et une renommée en péril
Qui dit pratique dit savoir-faire : l'artisanat de nos terroirs, qui permet d'alimenter la machine gastronomique et les cuisines de meilleures toques, bénéficie donc d'une renommée et d'une aura internationales.

Or, force est de constater que c'est dans l'imitation du prestige et/ou de l'exclusivité que la contrefaçon trouve son origine, toutes catégories de marchandises confondues. Autrefois cantonnée aux produits manufacturés, elle fait aujourd'hui de nouvelles victimes. On trouve ainsi, revendus sous le sceau de grandes marques, de plus en plus de biens de consommation supposés made in France : foie gras du Périgord, truffe noire de la même région, sel de Guérande, vin et spiritueux labellisés...
Si la contrefaçon alimentaire reste encore marginale en France (d'autant qu'elle n'est visible que lors des saisies douanières), la facilité à se procurer rapidement et à moindre coût des biens sur Internet, mode privilégié de vente des produits contrefaits, risque de grandement faciliter son développement. Résultat : un transfert de savoir-faire, des territoires et une identité culturelle et gastronomique fragilisés. Sans oublier, outre les pertes pour les marques, le risque sanitaire pour le consommateur.

Contrefaçon alimentaire : des circuits mafieux parfaitement structurés
Noël approche. Le menu est prêt, la liste de courses arrêtée. Question : êtes-vous prêts à servir à vos invités un foie gras prétendument labellisé mais contenant des hormones impropres à la consommation ? Des truffes noires dont on vous assure l'authenticité mais dont vous constaterez vite qu'elle n'ont aucune saveur ? Du champagne soi-disant haut de gamme, mais auquel des substances interdites en France ont été adjointes ?

Vous ne le savez (peut-être) pas, mais il existe une probabilité que vos mets fins viennent d'Asie, première région de production des produits falsifiés (70 % des saisies douanières proviennent de Chine, devant le continent africain et l'Union européenne). Pour parvenir dans votre assiette, les contrefaçons asiatiques sont acheminées en Europe avec la complicité d'un importateur occidental pour être ensuite dirigées vers le marché cible par des mafias d'Europe de l'Est, d'Ukraine notamment.
 
Le consommateur, dernier maillon et premier complice des risques encourus
Bien sûr, le consommateur a toujours le choix. Entre acheter ce qu'il veut, comme il le veut. Ou questionner lors de l'acte d'achat sa confiance aveugle envers les produits. Car s'il n'en a pas conscience, il est pourtant le premier à pouvoir lutter contre cette mafia. Il a peu de pouvoir pour contrer les stratégies de contournement et de pénétration des marchés mises en place par les contrefacteurs. Il peut, en revanche, via une vigilance accrue, les empêcher de gagner une visibilité et une place dans notre paysage alimentaire.

Les internautes savent aujourd'hui qu'il est dangereux d'acheter des médicaments sur Internet. Qu'un sac de luxe au prix attractif est certainement un produit frauduleux. Pour préserver sa sécurité et la dimension sociale et festive de son repas gastronomique, les cyberacheteurs doivent également réaliser que si même la pâté de son chien est sujette à la contrefaçon, il a tous les risques de voir atterrir dans son assiette un produit authentique... pas si authentique que ça.