Faire du numérique le catalyseur du nouveau « rêve français »

Pourquoi ne pas donner aux jeunes générations les moyens de faire de la France un leader européen et international dans le domaine du numérique, en les libérant des contraintes réglementaires, sociales et fiscales inadaptées qui freinent la croissance des entreprises digitales françaises ?

Les jeunes actifs des générations X et Y (20 / 45 ans) seront les grandes victimes de la crise et de la dette colossale qui leur ont été léguées par les impécunieux baby boomers. Ils vont devoir travailler plus et payer plus d’impôts pour rembourser.
Le numérique est l’un des rares secteurs ou les générations X et Y dominent le jeu et ont une chance de réussir. C’est un secteur ou s’appliquent de nouvelles valeurs très éloignées des 35 heures et du code de travail : liberté, autonomie, responsabilisation, travail en réseau, collaboration plutôt que compétition, hiérarchie horizontale, créativité, souplesse, adaptabilité, empirisme, pragmatisme, passion, esprit d’entreprise, ouverture internationale...

C’est l’éco-système, stupide !
La réussite de la Silicon Valley est avant tout le produit d’un environnement favorable à l’innovation, au développement des entreprises et à la diffusion de la culture numérique (éducation, formation…). Un écosystème de liberté, de souplesse, de fiscalité non confiscatoire qui permet de rémunérer l’investissement et le risque, de relations étroites entre les entreprises et les universités… Les infrastructures, plutôt mauvaises, n’y sont pas pour grand-chose.
La France est un pays de créateurs, d’innovateurs et d’entrepreneurs. Le foisonnement du secteur numérique le prouve. Malheureusement, si les entrepreneurs internet français bénéficient d’une excellente réputation dans le monde, leur succès est pour le moment resté essentiellement confiné au marché national, la faute à un environnement qui freine leur croissance. La France n’est que 20ème mondial en matière de contribution du numérique au PIB.

Un environnement inadapté aux entreprises numériques
La lourdeur et la complexité du système social, fiscal et réglementaire français, issu de l’économie industrielle, des luttes sociales et idées marxistes du 19ème siècle et du 20ème siècle, sont totalement inadaptés au monde des réseaux et aux entreprises numériques du 21ème siècle. Les niveaux d’imposition sont très défavorables à l’autofinancement et à la prise de risque des investisseurs. Si notre « modèle » social et fiscal a réussi à détruire des pans entiers de notre industrie centenaire, imaginez ce qu’il peut produire sur de jeunes et fragiles entreprises de l’internet…

Un secteur stratégique pour la croissance
En freinant la croissance de son secteur numérique, la France se prive d’une formidable source de croissance et d’emploi. Le secteur numérique a créé 700.000 emplois et un quart de la croissance française depuis 15 ans (étude Mc Kinsey). Les entreprises traditionnelles qui intègrent le numérique bénéficient d’une amélioration de leur compétitivité et de leurs résultats. Bref, le numérique est une clé essentielle, voire LA clé principale, de la nouvelle croissance que la France recherche désespérément pour sortir de la crise.
Sans ces freins considérables à sa croissance, il est probable que le secteur numérique français aurait pu créer deux fois plus d’emplois et de richesse, à l’image de ce qui s’est passé dans d’autres pays (Etats Unis, bien sûr, mais aussi Royaume Uni, Suède, Finlande, Irlande, Israël, Estonie…).
Dans une campagne dont le seul horizon semble être l’industrie, veillons à ne pas louper le coche de l’avenir, en portant toute notre attention dans le rétroviseur et tous nos efforts pour tenter vainement de ressusciter le passé.

Un pacte numérique et générationnel
Face à la crise dramatique que nous vivons, il est temps de sortir des fausses solutions timorées et éculées que nous essayons en vain depuis 30 ans, simples rustines sur un système inchangé. Nous entrons dans un nouveau monde. Il faut penser « Out of the Box » et s’ouvrir des champs d’expérimentation pour essayer de nouvelles solutions, de nouveaux modèles économiques et sociaux, sans préjugés.
L’Allemagne est la terre de l’industrie, l’Angleterre celle de la finance. Pourquoi ne pas donner aux jeunes générations la liberté et les moyens de faire de la France un leader européen et international dans le domaine du numérique ?
Nos jeunes en ont le talent et la capacité. Alors qu’on leur demande beaucoup d’efforts et de sacrifices pour rembourser les dettes, la moindre des choses serait qu’on ne leur impose pas de surcroit des carcans entravant leurs efforts.
La France pourrait passer "un pacte de génération numérique" avec ses jeunes "digital natives" : en contrepartie de l’héritage de crise et de dette qu’elle leur lègue, la société leur offrirait un espace privilégié de liberté, afin de leur donner une chance de s’épanouir et de réussir, et l’opportunité de créer leur propre modèle social et de contribuer au succès économique collectif.
  • Le secteur numérique bénéficierait d’un droit dérogatoire du droit commun. Le droit à l’expérimentation serait reconnu par la Constitution. Dans un monde complexe qui évolue de plus en plus rapidement, il faut cesser de gérer la France de manière uniforme et administrative.

  • Les employés et employeurs du secteur numérique adopteraient leur propre code du travail, à l’issue d’« assises du numérique » en mode 2.0 et d’un vote électronique. Le temps de travail serait fixé librement au niveau individuel par le contrat de travail (dans le numérique, le rapport de force est en faveur des employés, et le CDI est la norme).

  • Pour les auto-entrepreneurs qui travaillent dans le secteur numérique, le plafond de chiffres d’annuaires annuel serait doublé, de 32 à 64.000 euros, afin d’apporter de la souplesse, et favoriser la création d’entreprises et la diffusion de la culture numérique dans les entreprises traditionnelles.

  • La création de filières universitaires et de formations professionnelles pour les métiers du numérique serait activement encouragée afin de contribuer à résoudre les problèmes de recrutement du secteur.

  • L’impôt sur les sociétés des entreprises numériques serait réduit à 0 % pendant 10 ans, à condition qu’il soit réinvesti, afin d’encourager leur développement et leur R&D.

  • L’investissement en capital risque serait encouragé par le maintien des déductions d’impôts sur l’IR et l’IS et l’appui du grand emprunt. Le statut de Jeunes Entreprises Innovantes serait préservé ainsi que le dispositif CIR (Crédit Impôt Recherche).
Ces mesures donneraient un extraordinaire coup de booster à un secteur qui ne demande qu’à embaucher, se développer, réussir à l’international... Favoriser le secteur numérique, c’est aussi le meilleur moyen de contribuer à la diffusion de la culture numérique dans l’ensemble de la société et dans les entreprises traditionnelles, qui sont en retard dans ce domaine, pour leur donner plus de compétitivité.

Laissons notre jeunesse créer son « rêve français »
Se donner les moyens de faire de la France le leader européen du numérique, voilà une ambition de nature à donner du corps aux promesses de nouveau « rêve français » des candidats à l’élection présidentielle.

Libérer le travail, l’esprit d’entreprise et le potentiel de succès des jeunes générations digitales, voilà de quoi concrétiser un vrai « pacte pour la jeunesse », autrement plus motivant et utile que les indignes mesures d’assistanat qui leurs sont promises par certains candidats.

L’enjeu est d’offrir enfin à la jeunesse un espoir de réussite, de lui confier une mission valorisante et utile pour l’ensemble de la société, en créant un sanctuaire fonctionnant selon des règles adaptées au monde moderne et correspondant à ses propres valeurs. Le numérique pourra ainsi jouer un rôle utile de laboratoire pour inventer un nouveau modèle économique et social pour la France du 21ème siècle.

Laissons faire le secteur numérique, laissons faire nos jeunes. Donnons-leur notre confiance et la chance de pouvoir agir librement, selon leurs valeurs et leurs règles. Accordons leur cette chance, ce droit élémentaire, de sauver leur avenir, et de préserver le nôtre par la même occasion.